En 2012, alors que le ministère des Affaires sociales et de la Santé lance son pacte territorial de santé, la MSA, l’Unaf et le laboratoire éducations et pratiques de santé (Leps) réfléchissent à une solution pour faire face aux carences de l’offre de soins dans certains territoires. L’expérimentation de l’éducation à la santé familiale commence alors dans plusieurs régions confrontées à ce problème et le docteur de la MSA Lorraine, Jean-Louis Deutscher, la propose à l’agence régionale de santé (ARS) Lorraine (aujourd’hui Grand Est).

Le projet plaît et tout s’enchaîne. 24 professionnels de santé sont familiarisés à la stratégie pédagogique, pour qu’ils puissent ensuite animer des ateliers auprès de la population. Ce sont les experts du Leps de Bobigny qui, pendant trois jours, ont formé intensivement médecins, pharmaciens ou encore infirmiers lorrains.

« Booster la notion d’autosoin »

Depuis, trois ateliers ont été animés en 2015, un en 2016 et trois sont prévus pour 2017. Les assistants sociaux de la MSA Lorraine forment des groupes homogènes d’une dizaine de bénéficiaires. Chaque session propose un tronc commun autour des soins basiques d’une dizaine d’heures et des ateliers d’environ deux heures qui permettent de dispenser des conseils plus spécifiques, liés à la puériculture, la gérontologie ou encore la nutrition.

« Le but de ces ateliers est de booster la notion d’autosoin pour les petites maladies courantes, comme les rhinites, les gastros, les rhumes, afin que le recours au médecin ne soit pas systématique, explique Jean-Louis Deutscher. Ils permettent également d’apprendre à sécuriser la période d’attente entre le signalement d’un accident plus grave et l’arrivée des secours, en enseignant les techniques de massage cardiaque et de mise en position latérale de sécurité. » L’autre objectif de l’éducation à la santé familiale est de diminuer les consultations inutiles qui surchargent les médecins généralistes, les appels téléphoniques aux services du 15 et la pression sur les services d’urgence parfois encombrés par des visites superflues.

« Les premiers retours sont très positifs. Les connaissances acquises sont validées et certains participants ont déjà pu mettre en œuvre des petites choses, comme la mise en place de la pharmacie familiale avec tout le nécessaire ou soigner des brûlures d’estomac. Ces petits actes sont très valorisants, notamment chez les jeunes qui transmettent ce savoir auprès de leurs proches », s’enthousiasme le médecin de la MSA.

Une sensibilisation au risque nucléaire

Pour l’année 2017, l’ARS Grand Est s’est engagée à financer près de 85 % de l’action. Pour le reste, la MSA Lorraine espère nouer des partenariats, notamment avec la caisse d’assurance maladie des industries électriques et gazières : « Nous avons rencontré les conseillers en prévention de la Camieg. Ils ont tout de suite été intéressés par une session organisée autour de la centrale nucléaire de Cattenom, en Moselle, avec une sensibilisation au risque nucléaire », détaille Jean-Louis Deutscher. Cette initiative pouvant être une alternative crédible pour la santé en milieu rural, l’extension des ateliers en partenariat avec d’autres ARS est à l’ordre du jour dans le cadre de la stratégie MSA.

Jérémy Lemière