Les plus de 50 ans constituent 39 % de la population française, mais représentent 54 % des dépenses totales de consommation. Le marché de la silver économie, appelée aussi « or gris », qui devrait plus que doubler d’ici à 2060, se chiffre à vingt milliards d’euros en comptant les exportations.
Et pourtant, il s’agirait de l’estimation la plus basse, selon Jérôme Arnaud, président de la Silver valley, l’accélérateur d’innovation dans la filière situé à Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne. Mais derrière ce chiffre se cache un hiatus : comment améliorer l’accessibilité financière des seniors aux biens et services innovants qui leur sont destinés ?
C’était l’un des objectifs assignés de la journée des élus de la fédération nationale de l’offre de services de la MSA (Fnos MSA, qui regroupe les MSA et MSA Services), le 23 mars, au sein des locaux de la Silver valley, un rendez-vous émaillé de conférences, de rencontres avec des start-up et d’ateliers de réflexion.
Vieillir oui, mais à domicile
Autre difficulté: les capacités financières. Les retraites du monde agricole ne sont pas réputées pour être élevées. C’est même un euphémisme. Sans entrer dans le détail, il est symptomatique de constater l’écart entre les retraites moyennes des urbains et celles des ruraux.
« Pour la tranche des 60 à 74 ans, 1 770 euros pour les premiers, contre 1 429 euros pour les seconds ; pour les 75 et plus, 1 498 euros, contre 1 287 euros », avance Benjamin Zimmer pour 2016.
Dans le cadre de l’atelier sur l’accessibilité financière coanimé par Emmanuelle Timgaud, fondatrice de Scribéa qui propose des conseils personnalisés et une assistance administrative sur mesure aux aidants et aux aidés, et par Benjamin Zimmer, quelques solutions sont avancées : des crédits à la consommation avec des intérêts et des assurances identiques à ceux des actifs, des viagers solidaires permettant de transformer et de valoriser une partie du patrimoine en pouvoir d’achat, des services pour anticiper certains risques comme ceux de la succession, une optimisation des dépenses courantes, des avantages fiscaux sous forme de crédits d’impôt qui permettent d’équiper son domicile pour limiter les risques d’accident de la vie domestique, la connaissance des aides pour faire face aux aléas de la vie.
Quel lien avec l’offre de services de la MSA ? Avant de répondre, petit rappel pour préciser qu’il s’agit de services proposés par des associations de services créées par la MSA dans le prolongement de sa mission de service public et regroupées au sein de MSA Services.
Développer des services accessibles
Parmi les problématiques identifiées par les participants lors de l’atelier dédié à l’accessibilité financière : le pouvoir d’achat. Et ses corollaires, tels que les financements de la complémentaire santé, du reste à charge pour une aide-ménagère ou de l’adaptation des bâtis au vieillissement.
En parallèle, d’autres problèmes sous-jacents sont soulevés, comme la méconnaissance, la complexité et la pérennité des dispositifs d’aide censés améliorer l’accès aux services ou conforter la protection sociale de base et/ou complémentaire, les freins culturels – les habitudes de thésaurisation dans le monde agricole – ou la question de l’équilibre alimentaire quand on perçoit de faibles revenus.
Plusieurs approches qui convergent vers un même désir : développer des services accessibles. La MSA y contribue déjà par le développement de son offre de services. À elle maintenant d’inventer les services de demain, au plus près des besoins et des ressources financières des seniors, pour conserver sa place d’opérateur de proximité sur les territoires ruraux. Une ruée vers «l’or gris» qui mérite bien qu’on investisse un peu de matière… grise.
Photos : © Svend Andersen/Silver valley.