En découvrant le thème de l’événement organisé le 29 mars dans ses locaux par la MSA Gironde, Marine, 19 ans, et Alanah, 17 ans, se sont dit que c’était leur chance. La présentation du nouveau schéma départemental de la jeunesse est l’occasion pour les deux copines, élèves en terminale au lycée Jean-Renou de la Réole, commune située à une heure de route de Bordeaux, d’en apprendre un peu plus sur les aides destinées aux jeunes pour financer leur projet. Car les deux jeunes filles ont un but commun et de l’enthousiasme à revendre.

En plus de la révision du Bac depuis la rentrée, dès qu’elles ont un moment de libre, elles retroussent leurs manches pour organiser un tremplin rock. Un festival qui a pour nom « Le printemps de la musique ». Il se déroule chaque année en mai à La Réole. Au programme : reggae, funk, rock, techno, pop, électro mais surtout beaucoup d’énergie dépensée par les jeunes organisatrices pour leur permettre de dénicher les bons plans destinés à faire vivre un festival ouvert à tous et dont l’entrée est gratuite. Leur ambition : pérenniser l’événement qui fête cette année son quatrième anniversaire. Le gagnant remporte une journée d’enregistrement en studio.

Pour être certaines de ne rien rater des différentes interventions, les deux Réolaises sont assises au premier rang de la plus grande salle de la MSA Gironde qui peut contenir jusqu’à 200 personnes. La journée organisée dans le cadre de la charte jeunesse réunit les acteurs « jeunesse » départementaux et locaux.

Au micro et dans la salle, responsables de structures, élus, animateurs et jeunes se succèdent. « L’objectif est de leur présenter, pour qu’ils se l’approprient, le plan d’actions du nouveau schéma départemental jeunesse 2016-2021 », souligne Alain Duc, président de la MSA Gironde, l’hôte du jour.

La MSA assure en effet depuis le 1er janvier la présidence de la charte jeunesse de la Gironde pour deux ans. Cette instance de coopération et de coordination compte cinq institutions signataires : la direction de la cohésion sociale, le département, la CAF, l’Éducation nationale et la MSA. Elle vise à définir et à mettre en oeuvre une politique publique concertée à l’échelle du département en faveur des 11-25 ans.

« Ce schéma structure notre politique jeunesse partagée, explique à l’assemblée Claude Chaussée, directrice adjointe de la MSA Gironde. Il définit nos axes d’intervention, nos orientations. Il se décline en un plan d’actions sur lequel nous allons travailler lors de cette rencontre départementale. Nous le souhaitons complètement articulé avec vos actions sur les territoires et en lien avec les problématiques que vous rencontrez sur le terrain. »

Schéma départemental de la jeunesse
La Gironde aux petits soins pour ses jeunes
Imaginez une colocation étudiante. Adaptez le principe au secteur de l’action jeunesse. Le résultat donne la charte jeunesse, un modèle de coopération interinstitutionnelle au service des 11/25 ans, qui regroupe l’ensemble des acteurs « jeunesse » de la Gironde.
© Alexandre Roger / Le Bimsa

Des initiatives locales ancrées sur leurs territoires

L’occasion pour tous de découvrir des initiatives locales ancrées sur leurs territoires, comme Remue-méninges. Les membres de l’association mettent leur énergie au service de l’éducation populaire et de la lutte contre l’échec scolaire sur le territoire béglais depuis trente ans. « À la base de sa création, un constat simple : tous les enfants ne sont pas égaux devant les devoirs à la maison, se souvient Valérie Barraud, directrice de l’association. L’exercice donné un jour par un professeur, consistant à associer noms de pays et drapeaux, semblait anodin. Il se révélait pourtant impossible à réaliser techniquement par certains élèves du fait de l’absence de dictionnaire à la maison. » 

Schéma départemental de la jeunesse
La Gironde aux petits soins pour ses jeunes
Imaginez une colocation étudiante. Adaptez le principe au secteur de l’action jeunesse. Le résultat donne la charte jeunesse, un modèle de coopération interinstitutionnelle au service des 11/25 ans, qui regroupe l’ensemble des acteurs « jeunesse » de la Gironde.

Aujourd’hui, c’est moins le dictionnaire que l’ordinateur ou l’abonnement à Internet qui manquent. Consciente que la fracture numérique est une réalité pour de nombreuses familles qui peinent non seulement à aider leurs enfants à faire les devoirs grâce à l’outil web mais aussi à saisir en ligne leurs dossiers de bourse, l’association s’est adaptée au fil du temps à ces nouvelles réalités en mettant en place des actions visant à accompagner les familles au numérique.

Benoît Despujos, animateur jeunesse sur le canton de Saint-Ciers-sur-Gironde, est, lui, venu faire l’éloge de la lenteur et du Solex Riders, le camp itinérant qu’il a mis sur pied, ou plutôt sur roues. « Le solex est au départ pour eux un objet roulant non identifié qui roule à vingt kilomètres/heure en vitesse de croisière. Ce deux-roues qui prend son temps permettra encore cette année à douze gamins de 14 à 17 ans de faire 150 à 200 bornes de Saint-Ciers au Bassin d’Arcachon. Les habitants de la commune, classée zone rurale sensible, souffrent de problèmes de mobilité. Les jeunes en particulier. Nous sommes situés à seulement cinq kilomètres de la Charente-Maritime mais à 75 kilomètres de Bordeaux, loin du coeur administratif de la Gironde. Pour faire des études, il y a un bus le matin et un autre le soir. Concernant l’emploi, les perspectives se limitent à la culture de la vigne ou de l’asperge, au maraîchage, ou encore à postuler à la centrale nucléaire du Blayais. En plus de leur permettre de passer le permis cyclomoteur (AM), l’expérience apprend aux jeunes d’apprendre le vivre-ensemble, l’autonomie et la mixité entre allocataires MSA et CAF, jeunes en études, en apprentissage ou au lycée et sans emploi. »

Appel à projets jeunes

Le principal outil de l’intervention publique créé dans le cadre du schéma départemental est un appel à projets jeunes, dont l’objectif prioritaire est de développer leur implication dans les projets pour favoriser leur engagement dans la vie publique, le développement de leur autonomie, la prise de responsabilités, l’acquisition de compétences variées, ainsi que leur construction en tant que citoyen. Les acteurs du champ de l’animation socioculturelle, dont la finalité est de former des citoyens responsables et critiques, éclairés par l’accès à la culture et à l’éducation, sont ceux qui utilisent le plus les appels à projets. Il ne s’agit pas d’un fond commun abondé par les différents partenaires mais d’un appel à projets conjoints, qui résulte de l’harmonisation des dispositifs respectifs des institutions.

C’est justement le genre d’informations que sont venues chercher Marine et Alanah. Elles sont allées jusqu’au bout de leur démarche en s’impliquant dans les ateliers organisés l’après-midi. Aux côtés des professionnels de tout le département, elles ont bûché sur des thèmes comme la citoyenneté et l’engagement des jeunes mais également sur leurs pratiques du numérique. Les deux jeune filles ont des choses à dire dans un débat qui tourne principalement autour des dangers du web : « On ne comprend pas pourquoi à l’école, on nous présente Internet uniquement sous l’aspect prévention et harcèlement, en oubliant ses énormes potentialités. La mise en garde est nécessaire mais nous aurions voulu apprendre aussi à créer un petit site Internet pour présenter notre festival ou savoir comment utiliser les réseaux sociaux pour établir un plan de communication. » Elles ont décidément de la suite dans les idées…

« On est en plein dans l’objectif de la journée, constate Camille Cieplik, responsable du département action sanitaire et sociale à la MSA Gironde. En plus de créer un réseau, une culture commune, d’apprendre à se connaître, de savoir comment on mutualise au mieux les forces des jeunes et des acteurs jeunesse de tout le territoire, la journée permet à des personnes — qui ne se seraient pas forcément côtoyées — de faire connaissance et d’apprendre les unes des autres. »

« Pas besoin de niveau de langue, ni de qualification particulière, juste l’envie de s’engager et un peu de temps », explique Gwénaël Lamarque, le directeur de la Maison de l’Europe de la Gironde.
Leur rêve européen

La matinée a aussi permis de découvrir le travail de la Maison de l’Europe qui aide les jeunes des 28 pays de l’union qui le souhaitent à construire leur rêve européen par le biais du service volontaire européen et du service civique pour les Français. Il s’agit dans les deux cas d’un engagement volontaire pour l’intérêt général, ouvert à tous les jeunes. « Pas besoin de niveau de langue, ni de qualification particulière, juste l’envie de s’engager et un peu de temps », explique Gwénaël Lamarque, le directeur de la Maison de l’Europe de la Gironde. « Nous défendons l’idée que le sentiment européen ne se forge qu’à partir d’actions concrètes et quotidiennes, qui donnent un visage aux grandes politiques publiques européennes aussi bien en ville que dans les territoires ruraux.»
« Pas besoin de niveau de langue, ni de qualification particulière, juste l’envie de s’engager et un peu de temps », explique Gwénaël Lamarque, le directeur de la Maison de l’Europe de la Gironde (à droite).

Leur rêve européen

La matinée a aussi permis de découvrir le travail de la Maison de l’Europe qui aide les jeunes des 28 pays de l’union qui le souhaitent à construire leur rêve européen par le biais du service volontaire européen et du service civique pour les Français. Il s’agit dans les deux cas d’un engagement volontaire pour l’intérêt général, ouvert à tous les jeunes. « Pas besoin de niveau de langue, ni de qualification particulière, juste l’envie de s’engager et un peu de temps », explique Gwénaël Lamarque, le directeur de la Maison de l’Europe de la Gironde. « Nous défendons l’idée que le sentiment européen ne se forge qu’à partir d’actions concrètes et quotidiennes, qui donnent un visage aux grandes politiques publiques européennes aussi bien en ville que dans les territoires ruraux.»