Aux côtés de Richard Tremblay, conseiller en prévention à la MSA Alpes Vaucluse, animateur de la conférence, Josiane Leray et Marion Reynier, de l’association Semailles, Michel Motte et Nicolas Aillaud de la coopérative Alpes Sud. Deux structures qui ont décidé de s’emparer de la question des risques pyschosociaux (RPS), à la suite d’une alerte donnée par le médecin du travail pour la première, et en raison de questionnements de salariés pour la seconde.
« L’association Semailles à Avignon, qui existe depuis 22 ans et fonctionne avec quinze permanents au quotidien, porte un chantier d’insertion, présente Josiane Leray. Celui-ci accueille une quarantaine de salariés en insertion, très éloignés de l’emploi. Sur des contrats de 4 à 24 mois, nous travaillons avec eux l’ensemble des freins sociaux et professionnels, par la reprise d’une activité agricole et un accompagnement quotidien. »
Deborah Diaz, médecin du travail à la MSA Alpes Vaucluse, enregistre à l’association un turnover fréquent sur un poste d’encadrant technique, des symptômes physiques ou psychiques lors des visites médicales périodiques des salariés et un certain nombre de visites à la demande. C’est pourquoi elle rencontre les dirigeants de la structure, confrontée récemment à une restructuration importante. Elle leur parle de l’intérêt de réaliser un diagnostic sur les difficultés actuelles pour progresser vers la mise en place de solutions. La proposition, débattue en conseil d’administration, est acceptée et l’association choisit d’être accompagnée par un cabinet, notamment pour bénéficier d’un regard extérieur et de la neutralité.
Après la rencontre, par la consultante, de chaque pôle d’activité, un diagnostic est établi et partagé. Des priorités d’action sont définies et des groupes de travail se constituent – pour une réflexion sur l’optimisation des temps collectifs (les réunions sont assez nombreuses), l’analyse de certains postes, les espaces de discussion, ou encore l’organisation. La dynamique participative lancée en mars 2019 se poursuit aujourd’hui.
Du côté de la coopérative Alpes Sud, spécialisée dans les métiers du grain et intervenant sur les départements des Alpes de Haute-Provence et des Hautes-Alpes, ce sont des entretiens individuels avec des salariés qui ont conduit à enclencher la réflexion, mise en œuvre avec la création d’un comité de pilotage, représentatif de l’ensemble des activités de l’entreprise. Là aussi accompagnée par un consultant qui rencontre la quasi-totalité du personnel, élabore un diagnostic. Présenté au comité de pilotage, il donne lieu à la définition de pistes de travail. Premiers effets de la démarche : prise en compte des RPS dans la démarche de prévention, remise à jour du document unique d’évaluation des risques notamment sur ce volet, mise en place d’une nouvelle organisation, révision des fiches de postes de travail.
« I3R Paca », réseau régional de consultants
Les consultants qui aident à mettre en musique ces démarches de prévention des RPS sont spécialisés dans la conduite de diagnostics en lien avec l’activité réelle de travail et détenteurs de compétences en relations sociales et dans le management des organisations. Ils sont référencés par le réseau I3R Paca, créé en 2009 par la Direccte, la Carsat, la MSA et l’Aract.
« Pour suivre la démarche et ses impacts, précise l’une des consultantes, Vicky Audibert, outre des indicateurs organisationnels (sur le personnel, l’absentéisme, la mobilité) des indicateurs plus qualitatifs sont indispensables. Quand on traite des RPS, l’évolution de la perception de la situation au travail (telle que le sentiment de pouvoir faire remonter les difficultés, l’accessibilité du manager, les retours on non de la part de la direction à la suite d’un signalement de difficultés, la satisfaction des actions mise en place…) est une absolue nécessité. »
L’analyse nécessaire d’un contexte dégradé
Aborder la question des risques psychosociaux (RPS) en entreprise n’est pas simple. La problématique émerge dans un contexte dégradé, la structure est éventuellement confrontée à un turnover important, à une démobilisation des salariés, à une concentration de responsabilités sur une même personne…
Les décideurs nous contactent en nous livrant divers indicateurs et des problématiques pas forcément structurées.
À partir de ces symptômes, le service santé-sécurité au travail analyse la demande pour en rechercher les causes. Nous intervenons donc en amont, ceci afin d’ouvrir des perspectives.
L’entreprise peut ensuite prendre contact avec un consultant pour passer à l’action. La Direccte Paca, la Carsat, la MSA et l’Aract référencent au plan régional des consultants susceptibles d’accompagner les entreprises (via le réseau I3R Paca qu’elles ont créé en 2009).