Il titube. Pourtant quelques pas auraient suffi pour venir à bout d’un circuit long d’à peine deux mètres, délimité par quatre plots de couleur. Le défi n’est pas extraordinaire. Seulement, dès l’instant où les lunettes de simulation d’alcoolémie sont chaussées, ce n’est plus vraiment la même limonade !
Pendant l’épreuve, les camarades forment un demi-cercle autour du parcours. Ils observent, hilares, la saynète qui se joue sous leurs yeux. Celui qui porte les lunettes manifeste toujours les mêmes signes : trouble de l’équilibre, mains en avant pour se protéger des éventuels obstacles et marche au ralenti. Bienvenue dans l’atelier addiction alcool !
Il est tenu par Déborah Cellier, animatrice de l’association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa). Co-animatrice avec le Dr Pascale Morel-Vulliez, médecin-conseil à la MSA Ardèche Drôme Loire, elle présente le régime de sécurité sociale agricole sous l’angle de la prévention santé. Deux thèmes sont abordés : l’alcool et le tabac. Des sujets qui parlent aux jeunes.
« L’expérience permet de voir les difficultés à se positionner dans l’espace sous l’emprise de l’alcool », explique Déborah Cellier. L’atelier intervient après un exposé sur les méthodes de calcul du taux d’alcoolémie et le rappel des doses légales.
Même volonté d’information côté tabac. Le Dr Pascale Morel-Vulliez le dit : « L’atelier consiste à sensibiliser les fumeurs à l’arrêt du tabac et à leur présenter les aides potentielles. » Les élèves peuvent évaluer leur dépendance à l’aide d’un appareil qui mesure le taux de monoxyde de carbone. L’accueil bienveillant, fait d’écoute, favorise l’échange et la confidence : « Au bout de combien de temps nos poumons sont-ils noirs ? » ; « À partir de quand est-on dépendant ? »
Le médecin, qui perçoit l’inquiétude, répond aussitôt en délivrant de l’information sur les méfaits de la nicotine sur la santé. Il explique la notion de dépendance et rappelle les offres d’accompagnement mises en place par la MSA pour aider ceux qui veulent arrêter. « Vous avez trois types de dépendance. La première est physique. Quand vous arrêtez, vous ressentez de l’irritabilité, le besoin irrépressible de fumer, un mal-être. La deuxième dépendance est psychique. Nous fumons quand nous sommes stressés, pour compenser. Nous avons le sentiment d’avoir du plaisir. Cette dépendance sert à gérer les situations difficiles. La troisième dépendance est comportementale. Fumer devient un réflexe. Nous ne fumons alors que dans certaines circonstances. Par exemple, après le repas, au moment du café ou de la pause, entre les cours. Chaque dépendance dépend de la personne, de ce qu’on trouve dans le tabac et de la quantité fumée. »
Atelier emploi MSA
« La MSA, c’est la sécurité sociale du monde agricole. Vous venez d’avoir des conseils en matière de prévention santé. Ici, nous allons vous parler des valeurs de l’entreprise MSA et vous présenter tout le panel de nos métiers. » Véronique Haon, responsable communication de la MSA Ardèche Drôme Loire, accueille une dizaine de terminales ST2S, une formation qui prépare aux métiers paramédicaux et sociaux. « Nous recrutons 1 800 collaborateurs sur la France. Nous sommes 35 entreprises. Sur le territoire, poursuit-elle, la MSA Ardèche Drôme Loire emploie 430 salariés. »
Claude Chazal, chargée de communication, qui anime avec elle l’atelier, aide les élèves à s’installer face à l’ordinateur et à se préparer à naviguer sur le site jerejoinslamsa.fr. La première question du test en ligne propose au joueur de choisir entre quatre états d’esprit le matin au travail : « Vous avez le sentiment de contribuer au développement de votre entreprise. Vous fourmillez déjà d’idées. Vous imaginez les échanges intéressants que vous allez avoir avec vos collègues. Vous pensez aux dossiers que vous allez débloquer aujourd’hui. »
Après la lecture des réponses, pas de consensus. Certains optent pour la dernière proposition quand d’autres veulent jouer un rôle clé dans l’entreprise. Les intervenantes rappellent : « Il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse. Il y a juste ce que nous sommes quand nous recherchons un emploi. » Nouvelle question : « Quelles sont vos attentes vis-à-vis de votre hiérarchie ? » La réponse est unanime : « De l’autonomie » Tout l’inverse de la dernière question sur le bonheur au travail où les opinions s’affrontent : « Un bon salaire », rétorquent certains. Une affirmation contestée. Une voix relève : « Le sentiment d’utilité, c’est important. Imagine, tu travailles et tu n’es même pas reconnue. » Pendant ce temps, un autre candidat n’en démord pas. « Les bons collègues, répète-t-il, c’est important. »
Un quiz
Voulez-vous buzzer avec la MSA ? Les candidats ont dû répondre aux nombreuses questions sur les droits sociaux spécialement préparées pour eux par Stéphanie Meheust et Richard Dallennes de la CCMSA. Puissante interaction entre joueurs et animateurs. Dur dur de résister au plaisir de buzzer… Du sourire… l’atelier est un moment de partage convivial.
Autre temps fort de l’espace de la MSA, le quiz sur les droits sociaux conçu et proposé par Stéphanie Meheust et Richard Dallennes de la CCMSA. Un vrai Questions pour un champion, doté de buzzers sonores rouge, vert et jaune qui ne passent pas inaperçus. Les étudiants, divisés en trois groupes de candidats, prennent un malin plaisir à les tester avant même le début du jeu.
« Nous sommes ensemble pour sept minutes. Nous vous proposons un quiz sur la protection sociale à travers différents thèmes. Écoutez jusqu’à la fin les propositions, demande Richard Dallennes, imperturbable et un brin amusé par les yeux fripons des jeunes qui lorgnent avec envie les machines à bruits. Quand vous pensez avoir la bonne réponse, vous buzzez. Il y a quatre thèmes : la santé, la famille, la retraite et des questions plus générales. Êtes-vous prêts ? Que choisissez-vous ? » Le groupe opte pour la retraite.
« N’appuyez pas trop tôt. Attendez bien les questions et les réponses proposées », conseille Stéphanie Meheust. Une recommandation que certains s’empressent illico d’enfreindre, installant une ambiance bon enfant et ludique. Le jeu se déroule sous le signe du rire et de la pédagogie. Les questions défilent au son des buzzers. Elles sollicitent autant les connaissances que les réflexes des élèves et donnent lieu à chaque fois aux éclairages des intervenants.
Alors cette journée avec la Sécu, satisfaisante ? Pas de doute pour Véronique Haon : « C’est une belle journée. Les jeunes sont intéressés et motivés. Nous allons à l’essentiel. Nous essayons de transmettre les bons messages pour valoriser notre institution et nos métiers. »
Faire mieux connaître la sécurité sociale
Dès 9 h, 1 500 visiteurs, dont 1 000 lycéens et enseignants, participent à la trentaine d’animations. Des ateliers prévention, des conférences, des expositions et des jeux préparés par l ’EN3S et les différents organismes de protection sociale, parmi lesquels figurent la MSA Ardèche Drôme Loire et la CCMSA. Dans une ambiance festive, le public explore les différents rouages de la sécurité sociale lors des nombreux rendez-vous qui rythment la journée.
À 9 h 30, le grand show de l’EN3S, mené par deux animateurs, démarre dans l’amphithéâtre Étienne Mimard. Un impressionnant dispositif est déployé par le Game of Sécu, un jeu collectif de 45 minutes réunissant près de 300 personnes. Il s’inspire de la série Game of the Thrones, un clin d’œil qui recueille la faveur des étudiants. Cinq maisons, chacune dotée d’une couleur, s’affrontent à travers un quiz pour accéder au trône du royaume de Séculanding. En lice, les maisons financement, retraite, risques professionnels, maladie et famille. Dans la salle, le public, divisé selon les cinq maisons, dispose d’un papier de couleur pour indiquer sa réponse aux représentants de l’équipe sur scène. Et là il ne s’agit pas seulement de mobiliser ses connaissances, il faut de bons réflexes, du sang-froid et de la rapidité pour répondre en 59 secondes. Quant aux cartons de couleur brandis dans la salle, tels des drapeaux, ils sont doublés à chaque fois par de joyeuses clameurs.
Incapables de contenir leur enthousiasme, certains se lèvent, le poing de la victoire tendu vers le ciel pour soutenir leur candidat. « Mon royaume pour la Sécu », auraient-ils pu hurler… Ils se contentent du message final délivré par les animateurs, « La Sécu est composée de cinq branches : la famille, la retraite, les risques professionnels, la maladie et le recouvrement. Nous cotisons individuellement pour se protéger collectivement. La Sécu, ce sont des droits et des obligations. Son budget est de 450 milliards euros, ce qui représente 20 % de la richesse nationale. »