Après 35 ans, comment voyez-vous votre engagement ?
Tout a commencé quand je suis entré au bureau de gestion de l’école de ma fille. Parallèlement, j’ai créé en 1982, avec sept autres producteurs, un magasin de produits fermiers, Idaferme, à Villefontaine. Nous étions le deuxième en France à l’époque. Au fur et à mesure, j’ai rencontré du monde, ça m’a ouvert des portes… et je voulais agir, faire bouger les choses. Je me suis investi à la MSA mais aussi au Crédit agricole, à Mutualia, au conseil de prud’hommes, chez Présence verte, pour Bulle d’air… Ça a été tout un en cheminement. Je fais aussi partie du Sillon Dauphinois, un réseau de sentinelles créé il y a plus de 10 ans par la MSA avec la chambre d’agriculture et le département pour aider les agriculteurs en situation de fragilité.
Quand je retrace ce parcours, je me demande encore comment j’ai a pu faire tout ça ! J’ai eu la chance que ma femme arrête son métier pour m’aider sur l’exploitation. Quand j’étais en réunion, à la MSA ou ailleurs, elle était là pour faire fonctionner la boutique.
Vous vous êtes beaucoup investi sur l’accompagnement des aidants.
Avant la création de Bulle d’air, nous réunissions les aidants pour qu’ils puissent se rencontrer, s’exprimer, partager leurs difficultés. Mais on n’avait pas la solution pour leur trouver des remplacements. Avec Bulle d’air, on a fait un grand pas. La réflexion a démarré en 2010, après le constat terrible que les aidants partaient souvent avant les aidés, ne se soignant plus, ne prenant plus de temps pour eux. Le concept imaginé par la MSA Alpes du Nord et expérimenté en Savoie, est ensuite monté à la caisse centrale pour pouvoir le développer dans d’autres départements.
Ce service est accessible financièrement, pour des remplacements allant de 3 heures à plusieurs jours, 24h/24, et ouvert à tous. Depuis, les personnes qui reviennent nous voir nous disent qu’ils revivent. Un ou deux jours par semaine, ils peuvent prendre du temps pour eux, sachant leur proche entre de bonnes mains.
Comment poursuivez-vous cette action ?
En novembre 2018, nous avons organisé un théâtre-forum avec la compagnie Entrée de jeu à Beaurepaire, secteur dépourvu de relayeurs Bulle d’air. On a travaillé avec la mairie, les services de la MSA, deux maisons de retraite, le département, et réussi à réunir près de 180 personnes, aidants, aidés ou proches.
L’Agence régionale de santé s’est également intéressée à la question et a voté une subvention pour l’aide aux aidants. Nous avons alors pu créer des ateliers proposant une visite médicale gratuite. Nous continuons avec la création d’un café des aidants, pour entretenir les relations et la mise en place d’actions. On s’est aperçus que Bulle d’air pouvait aussi répondre au besoin de familles qui s’occupent d’un enfant handicapé.
Comment concevez-vous le rôle d’élu ?
Nous sommes là aussi pour animer le monde rural, d’autant plus qu’il est déserté aujourd’hui. Les habitants ont l’impression d’être abandonnés. Même chez moi, à Saint-Quentin-Fallavier, qui compte tout de même 6 500 habitants, La Poste n’ouvre plus que le matin en semaine. Dans les petits villages, tout ferme…
Sur mon territoire, nous associons les mairies et les communautés de communes à nos réunions, pour leur montrer tout ce qu’on essaie de faire. On réfléchit ensemble, comme à cette idée d’un service public itinérant par exemple.
Il faut montrer que la MSA n’est pas seulement une caisse qui prend des cotisations ou verse des allocations. Elle est là aussi pour s’occuper de tous les habitants du territoire. Et pour cela, les délégués ont un rôle important. On est sur le terrain, on comprend ce qui se passe dans le monde agricole et on peut être des relais, notamment pour les agriculteurs en difficulté.