Vous avez attribué votre coup de cœur au projet « De l’immigré marocain au citoyen français », par ailleurs 3e prix des 13-17 ans. Qu’est-ce qui vous a plu ?
Les treize projets étaient tous intéressants, mais celui-ci est sorti du lot pour nous. Tout d’abord par le fait qu’il s’agit d’un groupe mixte de cinq jeunes pleinement impliqués : ils ont réalisé des interviews, un film témoignage de deux heures, une exposition, le tout accompagné par des animateurs. Ça colle parfaitement à notre politique jeunesse.
C’est de plus un thème porteur qui veut lutter contre les préjugés auprès des habitants. Cette démarche de jeunes du centre social de Bergerac a permis une dimension intergénérationnelle et intercommunale. En partenariat avec l’association culturelle L’atelier, ce projet les a amenés à sortir de leur quartier et rencontrer cette génération d’immigrés venue en France pour travailler. Enfin, sur l’aspect financier, c’est un projet que nous avons trouvé raisonnable avec un budget de 3 500 euros, financé avec l’aide de la CAF et la MSA Dordogne, Lot et Garonne.
Les centres sociaux sont partenaires de l’APJ depuis 2019. Pourquoi est-ce important pour vous ?
Il est crucial pour nous d’embrasser l’ensemble des territoires. Nous intervenons pour environ 70 % en urbain, en particulier dans les quartiers politique de la ville. Mais l’ensemble des territoires, c’est aussi la ruralité. C’est pour cette raison que notre partenariat de longue date avec la MSA est important à nos yeux. Il se concrétise notamment par la présence à notre conseil d’administration national d’Isabelle Ouédraogo, administratrice CCMSA. Et c’est comme cela que l’APJ est apparu comme un moyen de mettre en avant nos valeurs, de travailler sur cette complémentarité et d’identifier les lieux où ça bouge.
Il y a un vrai dynamisme, c’est joyeux et encourageant de voir que des jeunes s’impliquent de cette manière. Ça rejoint également une démarche jeunesse que nous avons initiée depuis trois ans. Elle nous a permis de développer tout un ensemble d’initiatives qui portent les valeurs de la pédagogie d’engagement, d’accompagner des groupes de jeunes pour faciliter leur expression, leurs initiatives. Notre réseau national jeunes organise d’ailleurs chaque année quatre jours d’échanges ; cette année la thématique qu’ils ont choisie est la question des religions. L’an dernier c’était l’écologie.
Faire bouger les mentalités, animer les territoires et la solidarité, en urbain comme en rural.
La particularité de l’urbain est qu’il y a une concentration ; nous avons par exemple 14 structures de proximité à Lille (centres sociaux et maisons de quartier), ce qu’on ne retrouve pas en milieu rural. Certains de nos centres ruraux ont ainsi un rayonnement intercommunal. C’est une autre manière d’intervenir, mais le but reste le même : développer des projets portés par des habitants et accompagnés par nos professionnels, depuis la petite enfance jusqu’aux adultes, et plus encore. C’est notre cœur de métier, inscrit dans notre charte fédérale. Ces dernières années, il y a d’ailleurs un fort développement des questions numériques, sujet d’importance dans les territoires ruraux.