Un plan consolidé
Construit autour de trois axes, le plan 2011-2014 a permis de mieux cerner la réalité du suicide et vu la mise en place d’un dispositif d’écoute ainsi que la création des cellules pluridisciplinaires de prévention (CPP) dans les MSA. Pour le nouveau programme 2016-2020, les outils développés doivent être renforcés, notamment le rôle des sentinelles dans la détection des situations difficiles, Agri’Écoute et les CPP. Une plus forte articulation est également prévue entre les solutions d’accompagnement des services d’action sanitaire et sociale et de santé-sécurité au travail des MSA.
Pluridisciplinarité
La mission des cellules pluridisciplinaires de prévention (CPP), installées à partir de 2012 dans les caisses de MSA, est de repérer et d’écouter les professionnels agricoles en difficulté, avec l’aide des sentinelles, leur proposer un accompagnement social ou médical, les orienter et assurer un suivi de leur situation. Elles regroupent plusieurs compétences : principalement des médecins du travail, des médecins-conseils, des conseillers en prévention, des travailleurs sociaux, voire des psychologues. Les signalements ont été en constante augmentation. Plusieurs MSA travaillent avec un réseau de psychologues en local qui peut parfois intervenir à domicile.
Cibler l’entourage
La prévention engagée par la MSA concerne aussi tout l’entourage des exploitants ou salariés agricoles. Qu’il s’agisse des proches ou des personnes qui interviennent ou passent dans les exploitations (techniciens des chambres d’agriculture, vétérinaires, banquiers, assureurs, coopératives…) susceptibles de détecter des signaux d’alerte. Une sensibilisation générale qui passe également par les personnels MSA en contact avec le public. Indispensable pour mieux prévenir le mal-être et le risque suicidaire, et agir avant qu’il ne soit trop tard.
Les solutions
Les services de MSA, en partenariat avec les acteurs locaux, proposent de nombreuses actions de sensibilisation sur les territoires. Conférences sur le bonheur, théâtre forum, films de témoignages, ateliers Et si on parlait travail, groupes de parole, séjours répit… Les idées ne manquent pas pour toucher un maximum de personnes. Un travail global en lien avec des professionnels et établissements de santé, les agences régionales de santé (ARS) ainsi que des associations ou des organisations professionnelles.
Agri’Écoute renforcé
Créé en octobre 2014 par la MSA, ce service d’écoute téléphonique est accessible 24h/24 et 7j/7. Il permet à tout adhérent MSA de dialoguer anonymement avec des psychologues cliniciens. Entre octobre 2014 et février 2018, Agri’Écoute a traité plus de 4 000 appels.
Un service professionnel
En mars 2018, la MSA renforce le dispositif via des psychologues cliniciens formés à la gestion de la crise suicidaire. L’appelant peut contacter jusqu’à quatre fois le même psychologue. Celui-ci peut lui proposer de faire le lien avec la cellule pluridisciplinaire de prévention du suicide de la caisse de MSA correspondante, l’anonymat serait alors levé pour engager l’accompagnement, ou un réseau de 880 praticiens répartis dans tout la France, avec la possibilité de rendez-vous dans les trois à cinq jours.
Un meilleur suivi statistique et qualitatif est également assuré, grâce auquel un premier bilan a été réalisé :
- Agri’Ecoute a reçu 400 appels par mois en moyenne entre juin et septembre 2018. 43 % de ces appelants ont entre 51 et 60 ans, et 56 % sont des hommes.
- 81 % sont des agriculteurs ou affiliés, 13 % sont des proches.
- En tout, 3 708 appels ont été reçus en 8 mois, dont 9 % ont rappelé le psychologue 2 à 3 fois maximum et 6 % ont été orientés vers les cellules de prévention de 13 MSA.
Des causes multiples
La première raison évoquée par les appelants concerne des difficultés personnelles (58 %), comme la vie sentimentale, la solitude et la situation de proche aidant. Les problèmes professionnels sont surtout liés à des difficultés financières, à une surcharge de travail et aux préoccupations en lien avec la conciliation entre la vie privée et professionnelle. Les situations les plus difficiles cumulent ces deux types de facteurs.
38 % des appelants n’ont pas de trouble spécifique mais expriment un sentiment de mal-être, de fragilité, ou de détresse face aux évènements et aux décisions à prendre. Ils sont cependant 35 % à présenter des troubles anxiodépressifs ; 9 % ont manifesté des idées suicidaires.