Trois séjours cet été, qui affichent complet

Ils ont entre six et quinze ans et sont répartis en quatre groupes d’âge. Ils viennent d’un village isolé de l’Isère, d’une commune de l’Orne ou de l’Ain, d’un petit coin du Puy-de-Dôme, de Savoie ou de la Mayenne. Ils ont quitté la montagne ou la campagne pour goûter aux plaisirs de l’océan au domaine de Beg Porz, dans le sud Finistère. Au total 88 enfants de familles agricoles des MSA Ain-Rhône, Alpes du Nord, Auvergne et Mayenne-Orne-Sarthe sont accueillis pour la première des trois colonies de vacances organisées ici cet été. Les deux séjours suivants, toujours avec des enfants originaires des Alpes du Nord mais aussi d’Île-de-France, de Franche-Comté, du Limousin ou encore du Maine-et-Loire, affichent déjà complet.

C’est une réelle opportunité pour certains jeunes du milieu agricole quand leurs parents, souvent happés par une très forte activité pendant les mois d’été, ne peuvent dégager beaucoup de temps pour envisager des vacances familiales. Le gros coup de pouce donné par la MSA lève quant à lui le frein financier – car ces séjours sont coûteux.

L’apprentissage de la vie en groupe

Propriété de la MSA, le domaine de Beg Porz existe depuis 1963. « Au départ, il appartenait à la MSA de l’Isère qui avait créé le centre pour lutter contre une pathologie qui sévissait notamment dans les Alpes et qu’on attribuait au manque d’iode, explique Jean-Marc Jourdain, directeur du domaine (voir également son interview). Dans le cadre de sa mission sanitaire et sociale, la caisse avait acquis le centre pour que les enfants viennent se recharger en iode près de l’océan. » Le centre finistérien est l’un des deux villages de l’AVMA – avec celui de Sweet Home à Cabourg (Calvados) – qui accueillent des colos.

Arrivés la veille, logés dans des chambres de quatre à cinq lits entièrement rénovées entre 2019 et 2021, les enfants semblent n’avoir aucun mal à se faire rapidement de nouveaux amis. Les conversations vont déjà bon train : pendant un temps d’activités manuelles, trois filles racontent leur quotidien et leurs passions – les percussions pour l’une venue d’un village de l’Isère, le violon pour une autre, la vie sur l’exploitation agricole pour une troisième originaire de l’Orne. Autour d’ateliers variés, d’un repas partagé en extérieur, d’un grand jeu en forêt ou d’une après-midi à la plage, les affinités s’expriment, la complicité s’installe, alliées à l’apprentissage de la vie en groupe…

« Ils deviennent copains avec l’eau »

« Les activités nautiques sont calées par l’équipe de direction mais le programme global du séjour n’est pas défini à l’avance, précise Nolwenn, directrice de la colo. Les enfants font des propositions. Nous partons de leurs envies, car l’expression de leurs choix participe à l’acquisition de leur part d’autonomie. » Littoral oblige, « grâce à la découverte des sports nautiques et du milieu marin, ils deviennent copains avec l’eau », ajoute Méliné, animatrice. Dès la première baignade, en compagnie d’une équipe d’animation bien rodée pour veiller à la sécurité de tous, l’affaire semble en partie gagnée. Restera aux moussaillons à se familiariser avec le dériveur, le catamaran, la planche à voile ou le kayak dans les jours à venir.

Un équipement de tourisme social entièrement rénové

L’arrivée des jeunes coïncide avec l’inauguration officielle des bâtiments collectifs rénovés entre 2019 et 2021 dans lesquels ils sont reçus (changements des ouvrants, installation de douches dans les chambres collectives, intégration d’un ascenseur pour rendre l’ensemble du domaine accessible aux personnes à mobilité réduite, isolation thermique extérieure).

Elle a lieu en présence d’administrateurs de la MSA Alpes du Nord (la caisse tient à Beg Porz un conseil d’administration décentralisé et un séminaire d’intégration de ses nouveaux élus qui découvrent ainsi les atouts de cet équipement de tourisme social), de représentants de l’AVMA et de collectivités locales.

C’est la troisième étape de travaux qui ont débuté en 2007-2009 (installation d’une piscine, construction de gîtes, d’une salle de réunion, aménagement de logements pour le personnel saisonnier) et se sont poursuivis entre 2016 et 2018 dans la partie hôtelière. « Environ 8,5 millions d’euros ont été investis au total, précise Jean-Paul Carron, président de ce village AVMA. Peu de structures du tourisme social sont capables de porter des travaux de rénovation de cette ampleur. Cet atout est une force et peut se révéler un véritable levier de développement. »

« Un droit aux vacances pour tous »

Jean-Paul Carron, président du village vacances AVMA de Beg PorzPour preuve, le regain des colonies, dont l’existence a été un temps menacée en raison d’une baisse de fréquentation, grâce à une volonté politique conjointe de l’AVMA et de la MSA associée à quelques aménagements (nouvelles activités nautiques, évolution des contacts avec les parents). « Il s’agit là d’une véritable action sociale adaptée aux ressources de chaque famille et donc un axe majeur de la politique de la MSA en faveur d’un droit aux vacances pour tous », poursuit le président. Pourtant, dans notre pays, aujourd’hui encore environ trois millions d’enfants ne partent pas. « Au-delà de la découverte, ces séjours sont avant tout éducatifs. On y apprend le respect, le vivre ensemble, des valeurs primordiales à l’heure où l’on parle tant de citoyenneté. »

D’autres pistes pour partir en colo

En réaction aux effets de la crise sanitaire sur les jeunes (bouleversement et adaptation des enseignements, cessation d‘activités extra-scolaires), des dispositifs sont prévus pour favoriser leur départ : 

Les « colos apprenantes », labellisées par l’État. Elles associent renforcement des apprentissages pour bien préparer la rentrée scolaire et activités de loisirs autour de la culture, du sport et du développement durable. Les séjours sont réservés en priorité aux jeunes les plus exposés aux impacts de la pandémie (habitant en milieu rural ou en quartier prioritaire de la politique de la ville, issus de familles isolées, monoparentales ou en situation socio-économique difficile, en situation de handicap…). Une aide de l’État pouvant correspondre à 80 % du coût du séjour est proposée aux collectivités partenaires (et jusqu’à 100 % en cas de séjour organisé directement par des associations). Le dispositif est également ouvert à toutes les familles qui peuvent bénéficier de coups de pouce (bons vacances, aides d’une collectivité, chèques-vacances). 
Plus d’infos : http://coloniesapprenantes.gouv.fr  

L’association Jeunesse au plein air (JPA) et l’Agence nationale pour les chèques vacances (ANCV) ont mis en place une solution pour permettre aux ados, particulièrement touchés par la crise sanitaire, de partir (colos, séjours sportifs, linguistiques, artistiques et culturels, camps de jeunes, chantiers de jeunes…). L’aide, une fois l’éligibilité validée, s’élève à 35 % du coût du séjour s’il y a déjà une participation de la MSA ou à 40 % du coût s’il n’y en a pas. Conditions requises : avoir entre 13 et 17 ans, un quotient familial inférieur à 901 €, résider en zone rurale ou en quartier prioritaire de la politique de la ville.
En savoir plus : https://jpa.asso.fr/colos-ados/  

L’association Colo solidaire collecte auprès d’organisateurs de séjours partenaires des places en colonie à tarif solidaire, qu’elle propose sur son site Internet. Les aides accordées par la MSA peuvent contribuer au financement du séjour. Pour les familles ne bénéficiant d’aucune aide, l’association peut en accorder une de 200 € via son fonds de solidarité «1001 Fous-Rires».
Plus d’infos sur www.colosolidaire.fr