En 2016, ils s’étaient dit rendez-vous dans quatre ans. Même jour, même heure, même forêt. Raté ! La crise sanitaire en a décidé autrement et a bouleversé l’agenda des milliers de visiteurs professionnels ou amateurs éclairés qui arpentent traditionnellement les allées de Forexpo, un événement quadriennal consacré à la filière bois, de la graine à la grume.

23 361 visiteurs

Forexpo 2021

Le plus grand salon forestier du Sud de l’Europe – qui devait initialement ouvrir ses portes en juin 2020 – a été reporté une première fois en juin 2021 puis repoussé à la rentrée. Le 22 septembre, les organisateurs ont poussé un « ouf » de soulagement qui a résonné dans toute la forêt landaise lorsque le premier des 23 361 visiteurs a scanné son passe sanitaire à l’entrée, le sésame pour profiter des innovations et démonstrations des 379 exposants venus de 23 pays. Les conditions d’accueil en extérieur ont permis de respecter les prescriptions sanitaires, même si les conférences sous tente ont dû être annulées.

440 000 emplois en France

Cette 26e édition était placée sous le thème de la formation et des métiers du bois, qui représentent 440 000 emplois en France, dont 4 000 à pourvoir rien qu’en Nouvelle-Aquitaine. Comme un démenti aux difficultés de recrutement et au manque d’attrait de la filière pour la jeune génération, dans les allées du salon, les élèves de maisons familiales rurales (MFR), de lycées forestiers et d’écoles d’ingénieurs étaient très présents. À l’image d’Émilien, 16 ans, en bac pro forêt à la MFR de Javols à Peyre-en-Aubrac, en Lozère, qui hésite encore entre les métiers de bûcheron, de paysagiste ou d’élagueur. Quand nous le croisons, il tente de déplacer un tronc aux manettes d’un simulateur d’abatteuse. Une belle machine de plusieurs dizaines de milliers d’euros destinée à l’apprentissage du pilotage de ces géants des forêts.

« Grâce à la technologie d’immersion, on copie-colle le plus possible le comportement de l’outil en situation réelle pour que le cerveau soit trompé et finisse par ne plus faire la différence », explique Logan Godefroy, responsable commercial France de Tenstar simulation, une société spécialisée dans la conception de ce type d’équipement.

Alexandre, Paul et Valentin, 24, 22 et 23 ans, sont surpris par la facilité d’utilisation du simulateur qu’ils pilotent pour la première fois. Élèves à l’école des sciences & technologies du bois et des matériaux biosourcés (ESB) à Nantes, ils se destinent à des carrières d’ingénieurs avec une spécialisation commercialisation des produits forestiers. « C’est encore mieux que Farming Simulator. C’est impressionnant de réalisme », s’enthousiasme le plus jeune, adepte du jeu vidéo agricole.

Non loin de là, Anaïs, 24 ans, ancienne militaire de carrière devenue gestionnaire forestière après une reconversion, s’essaie à un concours de découpe à la tronçonneuse. Quand on lui demande s’il est aisé pour une femme de s’imposer dans ce milieu encore essentiellement masculin, elle n’hésite pas une seconde. « Très facile. Je dirais même que mes confrères sont contents d’en croiser. »

Hommes, femmes, jeunes ou plus anciens, ils ont un point commun, ils sont tous venus voir les “grosses machines”, la vraie valeur ajoutée du salon. Ces mastodontes capables de battre en duel des arbres de plusieurs dizaines de mètres de haut font tourner les têtes de ces amoureux des bois. Comme celle de Jean-Claude, bûcheron dans l’Est de la France depuis vingt-cinq ans, venu profiter des plages de Mimizan et de Forexpo. Sa chouchoute est une abatteuse équipée de huit roues qui limitent le tassement des sols.

Soigner la forêt

L’édition du salon restera marquée également par la présence d’un drone géant de 250 kg destiné à réparer la forêt : un outil volant XXL, dénommé le « R Cosmo », développé par la société girondine Argefo qui, en alternative vertueuse et économique à l’hélicoptère, est capable de couvrir 150 000 hectares de terrain boisés et de localiser pour les circonscrire les zones infestées par des nuisibles, comme les nématodes [petits vers ronds]. Un véritable défi pour les forestiers dans les années à venir aux prises avec le réchauffement climatique.

Une filière qui est aussi attendue au tournant sur de nombreux sujets sociétaux vitaux pour la planète comme la capture du CO2 et la croissance verte. Elle a pour cela quelques beaux arguments à faire valoir. Pour un kilo de matière produite, le bois consomme quatre fois moins d’énergie que le béton et 60 fois moins que l’acier.

La prochaine édition de Forexpo se déroulera en 2025. Le 24 septembre au soir, ils se sont dit rendez-vous dans quatre ans, même jour, même heure, mais peut-être dans une autre forêt de Nouvelle-Aquitaine. 

Trophée Sécurité : le palmarès 2021

  • 1er prix : La Landaise Bordeaux Industrie (canne à planter).
  • 1re citation : Vallorbe Swiss (affûteuse automatique).
  • 2e citation : Idig (boîtier de contrôle en cabine).
  • Encouragements : Solidur (pantalon de sécurité).

Philippe Tastet, ouvrier de plantation, et Loïc Cotten, directeur du développement d’Alliance Forêt Bois, présentent leur canne à planter nouvelle génération.
Photos : © Alexandre Roger/le Bimsa