« Les facteurs externes exigent d’en faire plus »
Sujet scientifique, technique, politique, économique, de société, la transition agroécologique vise à utiliser la nature comme facteur de production en maintenant ses capacités de renouvellement. « C’est un changement de modèle, affirme Marion Guillou, membre du Haut conseil pour le climat. Comme pour tout changement de modèle, il est difficile de ne pas le présenter comme une remise en cause du précédent. Je pense que tous ceux qui, à juste titre, pratiquaient celui d’avant se sont sentis un peu agressés. Ce qui a changé aujourd’hui, c’est que les facteurs externes exigent d’en faire plus – changement climatique, appauvrissement des sols… »
Pour souligner cette urgence de penser des systèmes de cultures et d’élevage plus résilients, elle a rappelé que peu d’exploitations agricoles en France n’ont pas été victimes ces dernières années, à tour de rôle – selon le type d’exploitation, la région – du changement climatique, de la variabilité imprévisible des aléas.
De multiples retentissements
Une transformation lourde et de long terme se dessine, avec une approche d’ensemble qui a aussi des retentissements sur l’enseignement, la manière de conseiller… Une transformation compliquée car il n’y a pas de réponse unique : « Il y aura plusieurs types d’agroécologie, en fonction du territoire, des cultures… Par contre, il faut que le cahier des charges soit reconnaissable par le consommateur pour donner de la valeur. Le bio est une des voies qui permet d’utiliser les ressources et fonctions de la nature, mais il ne faut jamais être exclusif. Même en bio, il y en a qui font plus d’agroécologie que les autres. »
« Notre premier support d’activité, c’est notre terre »
Guillaume Lefort est agriculteur dans le sud de l’Île-de-France en polyculture – céréales, orge brassicole, betterave sucrière, plantes aromatiques. « Je viens de faire ma onzième récolte. En plus, je suis capteur de carbone, producteur d’énergie et émetteur d’ondes positives. Pour moi, la ferme est porteuse de solutions plus que de problèmes. Notre premier support d’activité, c’est notre terre. On ne la changera jamais, il est donc important de la protéger. Son environnement, c’est la population autour. »
Il rappelle que, dans l’agriculture, il a fallu prendre un virage important pour nourrir à la sortie de la guerre. Aujourd’hui, le changement est motivé par de nouvelles attentes sociétales. « Une grande partie de la population veut être plus que consommateur mais acteur. Mais les cycles agricoles sont très longs. Et c’est souvent difficile à faire comprendre au monde politique et aux consommateurs. »
Il indique que l’agriculture a connu beaucoup d’évolutions dans les dernières décennies, qu’elle est plus riche et diverse. « Il est nécessaire de communiquer pour faire connaître son métier. C’est un peu le travail que nous faisons chez #agridemain : accompagner et inciter un maximum d’acteurs agricoles (sur l’amont et l’aval) à prendre la parole et expliquer les spécificités, la richesse de l’agriculture et des territoires, de montrer qu’il n’y a pas un modèle agricole mais une diversité. »
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