« 2,39 c’est, en moyenne, le nombre d’enfants souhaité par les jeunes familles qui en réalité n’en comptent que 1,84. Les deux chiffres ne sont pas en adéquation, a-t-elle lancé en ouverture. Nous devons permettre aux jeunes familles de concilier vie familiale et professionnelle. Ce qui implique un logement, un emploi, des transports… », ainsi que des modes de garde adaptés, dont il a été beaucoup question lors de la table ronde et des ateliers qui l’ont suivie.
Des initiatives originales pour la garde d’enfants
Magalie Rascle, directrice du développement sanitaire et social à la CCMSA, a précisé le concours que peut apporter la MSA pour faire émerger des réponses : « Acteur de terrain, elle joue un rôle de facilitateur, propose de la mise en relation entre ses professionnels experts et les collectivités, les acteurs locaux, les autres régimes de protection sociale, le milieu associatif… Ces partenaires travaillent ensemble à des diagnostics de territoire de façon à coconstruire des solutions.
« On évoque souvent les micro-crèches, structures très adaptées aux zones rurales, mais il y a également des maisons d’assistantes maternelles ou encore des structures innovantes à horaires atypiques, qui collent aux productions agricoles ou à la saisonnalité ». C’est par exemple le cas sur certains territoires où des initiatives pour la garde des enfants se sont montées dans la filière viticole, le milieu hippique ou l’ostréiculture.
Un travail commun avec le Pays de Grasse
Pour illustrer le travail commun réalisé sur le terrain, Jean-Louis Atoch, administrateur à la MSA Provence Azur et co-président du comité d’action sanitaire et sociale, et Marie-France Delmas, directrice générale adjointe, ont présenté diverses initiatives, dont la charte avec les familles signée il y a un an avec la communauté d’agglomération du Pays de Grasse, ses communes membres et la CAF des Alpes-Maritimes (voir notre article).
« Cette charte, c’est d’abord une stratégie territoriale. Des travailleurs sociaux, des techniciens ont apporté leur connaissance, les administrateurs ont choisi le territoire. Nous avons croisé nos données, notre offre de services, les besoins et fait un bilan. Aujourd’hui, nous en sommes aux actions très concrètes : le développement de Grandir en milieu rural [un nouveau programme conçu par la MSA pour accompagner les jeunes de 0 à 25 ans], l’accueil des familles, des projets collectifs pour réduire la fracture numérique ou encore pour lutter contre les addictions. Nous allons aussi lancer des séjours destinés à des familles ayant des enfants handicapés pour leur permettre d’avoir du répit. »
Plus d’une cinquantaine de chartes territoriales avec les familles ont déjà vu le jour en France. Pas de recette miracle mais du sur-mesure, parce que les attentes peuvent très différentes d’un territoire à l’autre.
Mobilité et logement des jeunes
Autre solution cousue main, et encore en cours d’expérimentation, présentée par Christian Brayer, directeur du lycée agricole Provence verte à Saint-Maximin (Var) dans la perspective de favoriser l’insertion des jeunes. Dans son établissement, le nombre d’apprentis est passé de 40 à 110 en un an. Ceux-ci doivent trouver des maîtres d’apprentissage. « En milieu rural, nous devons faire face aux problématiques de mobilité et de logement, a-t-il souligné. Nous avons proposé de mettre en place deux caravanes pour des jeunes majeurs chez les maîtres d’apprentissage. » Une solution de logement qui pourrait évoluer vers des tiny houses [micro-maisons mobiles] lors d’une prochaine étape.
La mobilité des jeunes est justement le thème de l’un des deux ateliers auxquels étaient conviés les participants, l’autre portant sur l’accompagnement des familles monoparentales et les modes de garde.
Des propositions ont émergé, des solutions locales présentées, des pistes d’amélioration pour mieux travailler ensemble évoquées. Elles viennent nourrir la réflexion qui conduira à la rédaction, début 2021, du manifeste pour la ruralité de la MSA.