La MSA Île-de-France a dévoilé mercredi 24 mai son dispositif « MSA Solibon », un bon d’achat alimentaire destiné aux ressortissants du régime agricole en difficulté. Le rendez-vous s’est déroulé à l’intérieur de la boutique de l’exploitation du lycée agricole de Bougainville, à Brie-Comte-Robert. D’un montant de 50 euros, il est utilisable chez les agriculteurs partenaires qui proposent de la vente en direct dans leur ferme. Les bénéficiaires, affiliés à la MSA, ont en commun de vivre en Seine-et-Marne, un territoire à dominante rurale.

La manifestation a réuni les travailleurs sociaux qui mettent en œuvre le chèque Solibon dans le département depuis quelques mois déjà, les partenaires qui participent au projet – la chambre d’agriculture et son réseau Bienvenue à la ferme et des producteurs  –  et d’autres, invités à découvrir ce dispositif de solidarité, comme l’ association pour la recherche et l’information en fruits et légumes (Aprifel).


Intervention de Laurent Pilette,
directeur général de la MSA Île-de-France

« On voit bien l’importance de cette aide alimentaire à une période de la vie où l’on peut cumuler un tas de fait de vie malheureux :perte d’un enfant, maladie… entre difficultés à percevoir des prestations sociales. Lorsque les familles viennent avec leurs bons vers les producteurs, il y a un lien social qu’on cultive. Ce qui n’a pas de prix pour moi prix, c’est le lien social, le lien entre nous. C’est notre capacité à pouvoir nous parler, nous respecter, dialoguer dans un monde où chacun se replie où devient simplement consommateur. »

Faire connaître Solibon

Michèle L. et son époux [Nom et prénom ont été changés, ndlr], bénéficiaires de ce chèque, ont été conviés à l’événement. « Nous en avons bénéficié parce que nous étions dans le besoin », confie Michèle L. qui ne travaille pas. Son mari, ouvrier maraîcher, est en arrêt maladie. Tous deux viennent témoigner de l’importance d’un tel coup de pouce pour les familles en grande précarité alimentaire. Seule Michèle L. s’exprime, son mari s’avoue timide. « L’aide financière est appréciable à un moment où les problèmes s’accumulent. C’est bien que le bon soit étendu à d’autres départements et qu’il soit mieux connu. »

Message bien reçu a répondu Laurent Pilette, directeur général de la MSA Île-de-France, qui a remercié le couple pour sa présence et salué l’engagement de l’équipe du service d’action sanitaire et social. « La MSA a expérimenté le bon au plan local, sur la base d’un engagement d’une dizaine de producteurs du réseau Bienvenue à la ferme, a-t-il rappelé. Cela s’inscrit dans un partenariat plus large avec la chambre d’agriculture. Aujourd’hui l’enjeu va être d’essaimer sur les autres départements. »

Les qualités du dispositif permettent de lancer cette nouvelle étape visant à le généraliser. En plus de remplir sa mission première de soutien aux familles en difficulté en zone rurale, MSA Solibon aide dans le même temps les producteurs qui ont besoin de vendre leur production et de faire connaître leur activité. Entre ces deux publics s’organise un lien fondé sur la solidarité, une valeur essentielle pour le régime agricole. « Pour moi, plaide le directeur général, ce qui n’a pas de prix, c’est le lien social, ce qui nous lie, notre capacité à pouvoir nous parler. »

Accéder à des produits venant de la ferme locale

Ceux qui bénéficient des bons accèdent à des produits frais et de saison chez les producteurs du réseau Bienvenue à la ferme qui exercent une activité de vente en direct. Ils sont une dizaine en  Seine-et-Marne à ouvrir les portes de leur magasin aux détenteurs de bons. Une cinquantaine de personnes en a déjà bénéficié. Les jeunes, les familles, les retraités… tout le monde y a droit à condition d’être affilié à la MSA et de présenter une situation qui le justifie. L’aide est accordée après l’évaluation d’un travailleur social.

«  Lorsqu’une urgence alimentaire est constatée, explique Sonia Lamrabet, responsable départementale de l’action sanitaire et sociale, le travailleur social délivre un bon et oriente la personne vers les boutiques partenaires situées tout près de son domicile. » Le montant du bon peut varier selon les besoins et la composition de la famille.

Bienvenue à la ferme

« Cette opération est importante pour recréer du lien et donner du sens à nos productions et en même temps permettre d’échanger » , s’enthousiasme Pascale Dufour, élue à la chambre d’agriculture, à la tête depuis une dizaine d’années du réseau de vente directe et d’accueil Bienvenue à la ferme d’Île-de-France. « Chaque producteur connaît ses productions et a cœur de les valoriser. Il y a un manque de culture générale. Certains consommateurs sont ennuyés d’acheter certains morceaux de viande ou des légumes disgracieux. Ce contact permet de dissiper ces a priori et d’amener les personnes à se dire : Je peux cuisiner simplement et avoir du plaisir et manger sainement. » Cette éleveuse productrice de viande, installée à La Chapelle-la-Reine, est aussi administratrice à la MSA depuis 2020.

L’initiative a également séduit Bénédicte Fournier, productrice de légumes à Voisenon, membre du réseau Bienvenue à la ferme. Elle s’avoue sensible aux situations de détresse dans le milieu agricole. « Il y aura de plus en plus de personnes pauvres parce que le niveau de retraite est relativement bas et encore plus dans le milieu agricole, déplore-t-elle. Automatiquement, on se retrouve avec des gens qui n’ont pas assez de revenus pour pouvoir vivre correctement. »

Les bons délivrés par les travailleurs sociaux de la MSA ont l’avantage d’être immédiat. « Ce petit plus s’obtient rapidement. Quand les ressortissants en ont besoin, ils rencontrent l’assistance sociale et le jour-même elle leur donne un bon d’achat qu’ils peuvent utiliser tout de suite. Ce n’est pas comme déposer un dossier de demande d’aide qui n’aboutit au mieux qu’un ou deux mois après. MSA Solibon est beaucoup plus efficace qu’une aide versée on ne sait pas quand. »

Photos : © Fatima Souab/Le Bimsa