« On a été très choqué. C’est incroyable », déclare Thierry Carreyre, 51 ans (en photo), président de l’association de défense des forêts contre les incendies (DFCI) de Landiras, sylviculteur et viticulteur. Jamais, il n’aurait imaginé vivre en 2022 un incendie de cette ampleur qui a brûlé plus de 30 000 hectares. Lui-même a perdu une trentaine d’hectares à quelques mètres de son vignoble château Clare.
« C’est une propriété familiale. Je suis sylviculteur par passion assène-t-il d’une voix vibrante. J’habite au ras de la forêt. Je ne peux pas vivre sans aller y faire un tour. Quand on s’y promène, on se croirait sur une île. » L’enjeu aujourd’hui pour ce forestier dans l’âme, c’est d’éviter de revivre la catastrophe de l’été dernier.
Le feu carbonisait tout
« Le feu brûlait n’importe quoi. D’habitude il ne brûle que le grillé et il se calme dans le vert. Là il n’y avait pas d’humidité dans l’air. Il carbonisait tout ce qu’il trouvait sur son chemin. À ce moment précis, il disposait de toutes les conditions pour lui. » Si comme tous les membres de la DFCI, il comprend et accepte le principe de base appliqué par des pompiers lors de ces incendies, à savoir la priorité donnée aux vies d’abord, aux habitations ensuite et en dernier à l’environnement, il souhaiterait sensibiliser davantage le grand public à un peu plus de vigilance.
Origine criminelle des incendies
L’origine est bien humaine, l’acte d’un pyromane qui court toujours.« Un incendie, c’est un départ de feu que l’on n’arrive pas à maîtriser. Quand il devient grand, on ne peut que subir la nature. » L’objectif de la DFCI et de ses quinze bénévoles dans les prochains jours est de renforcer le travail d’entretien mais aussi celui de la surveillance des lieux en collaboration avec les pompiers de Cabanac.
« Beaucoup reste à faire pour amener les gens à prendre conscience de la fragilité de la forêt. Il y a une loi qui oblige ceux qui vivent dans la forêt à entretenir 50 mètres autour de leur habitation, ça s’appelle l’obligation légale de débroussaillement. Elle n’est pas appliquée. » Cette volonté de responsabilisation est l’un des chevaux de bataille de la DFCI car si « peu de maisons ont brûlé », le réchauffement climatique n’est pour lui pas responsable des dégâts.