Déterminée et engagée
Elle se dépeint comme « têtue et déterminée, épanouie et libre ». « Tu n’y arriveras jamais », lui disait un camarade d’école. « Tu verras, mon coco ! », lui répondait-elle. « Combative » donc, mais avec des gants de velours ! Une double qualité qui la caractérise autant dans son activité professionnelle que dans l’exercice de son mandat d’élue de la MSA Loire-Atlantique – Vendée.
Julie Lemettais, 32 ans, est technicienne inséminatrice de vaches et de chèvres. Une activité qui se féminise. « Au début, c’était cocasse, confie-t-elle. J’entendais des remarques du style : « Ta place est dans les bureaux, tu ne peux pas faire autre chose ? » » Elle a rapidement trouvé le remède : « Le monde agricole a beaucoup changé : il suffit de se faire une place en montrant sa détermination. Les femmes apportent quelque chose de plus doux, ce qui bénéficie à tout le monde ».
Depuis petite, Julie nourrit une passion pour le vivant. Alors qu’elle n’est pas issue du milieu paysan, elle s’oriente vers des études agricoles. Ce qui la mène vers une première approche de la reproduction dans les haras suivie d’une autre, décisive, auprès des bovins et des caprins. « On travaille au grand air, on jouit d’une certaine autonomie, on est au contact des éleveurs et des animaux. » Si ce n’est pas le bonheur, ça y ressemble. Car assurément, c’est ce qu’on appelle un métier-passion.
Rencontre avec une ministre
Sait-elle refuser quelque chose ? « À mes éleveurs, rien. J’arrive toujours à m’arranger pour que tout le monde soit content. » Alors c’est vrai, quelques astreintes : le week-end et les jours fériés, parfois au détriment des repas de famille. « Je n’ai renoncé à rien, j’ai fait avec », dit-elle en guise de punchline. Pour le coup, elle fait avec et ne renonce pas à ses passe-temps : le CrossFit et la cuisine (« Tout ce qui est à base de beurre et de petits oignons rissolés »). Elle ne renonce pas plus à endosser la mission de référente harcèlement dans son entreprise, ni à accepter de se présenter aux dernières élections de la MSA. Et devient direct administratrice au premier mandat.
« Je pensais que je ne serais pas énormément mobilisée mais finalement je me suis dit autant y aller à fond… En s’accrochant un peu, avec le soutien des équipes administratives et des autres élus, on s’en sort. En presque cinq ans, j’ai découvert le régime agricole, mis en œuvre pas mal d’actions, je suis montée sur scène lors de l’assemblée générale de la MSA Loire-Atlantique – Vendée et j’ai aussi discuté avec Aurore Bergé [ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations] au Salon de l’agriculture… » Elle fait également partie de la commission sociale. Toujours dans la douceur. « Quand les exploitants me parlent cotisations, je leur explique avec pédagogie tout ce à quoi elles servent. »
Il est maintenant prévu qu’elle rempile. « Ce serait dommage de s’arrêter là ! » Son combat : celui de la place de la femme en agriculture. Le congé menstruel, le congé maternité… « Il faut toujours des pionnières pour ouvrir les portes et casser les codes. J’ai souvent été de celles-là. J’ai su m’imposer parce que j’aime ce que je fais. » De quel meilleur étendard la MSA pouvait-elle rêver ?
On se dit presque tout
À quoi pensez-vous le matin au réveil ?
À l’imprévu. Il y a toujours un truc cocasse avec les éleveurs, les animaux, les collègues.
D’où venez-vous ?
Pas de l’agriculture, en tout cas. Si j’y suis venue, c’est par pure envie et non par obligation.
Que défendez-vous ?
Le bien-être du vivant, dont l’animal. J’ai été déléguée-enquêtrice à la société protectrice des animaux, ça m’a fait mal au cœur.