« Avant, en tant que femme, notre travail ne comptait pas. Aujourd’hui, on peut avoir un statut, un salaire, on a le congé maternité… Après cette soirée, je me rends compte de l’évolution de la place des femmes dans la société. » Pour Lucie Gougeon, élève en 1re bac pro conduite et gestion de l’exploitation agricole (CGEA), la soirée organisée par la MSA de Maine-et-Loire sur le campus de Pouillé est une vraie réussite.

Le thème de la soirée « Femmes en agriculture : quelle place aujourd’hui ? Quel engagement demain ? », était parfait pour accueillir des étudiantes venues parler de leur vision et leurs ressentis sur le sujet. En mode débat, elles ont pu échanger avec Anne Gautier, présidente de la caisse et vice-présidente de la caisse centrale, qui a participé à l’élaboration du livre blanc de la MSA. Celle-ci a partagé son expérience d’agricultrice, aux côtés de leurs enseignantes, Sarah Marc et Chloé Jollivet. Dans un secteur composé en majorité d’hommes, amener ce type d’échanges au sein des classes de lycée est un choix pédagogique intéressant.

Impliquer les élèves dans la réflexion

« La prévention des inégalités commence dès les études, l’envie de s’engager aussi », note Aldo Foschia, directeur du campus de Pouillé. Et en premier lieu par une différence d’effectifs. « À titre d’exemple, sur 40 élèves inscrits en première bac pro agriculture, 8 sont des filles cette année, ce qui est déjà une proportion importante », souligne Chloé Jollivet, responsable de la formation initiale, filière scolaire, enseignante et responsable du CDI.

En plus des référentiels fournis par le gouvernement, elle a décidé d’aller plus loin. Elle propose à ses élèves des programmes en lien avec le sujet des femmes en agriculture. Cette année, elle travaille sur l’évolution de leur place depuis 1945. Les élèves feront également des petites vidéos portraits sur des femmes du milieu agricole, en collaboration avec l’Anjou agricole, journal agricole local. « Le métier d’agriculteur est encore perçu comme un métier masculin, explique-t-elle. Et puis, sans tomber dans les clichés, les conditions de travail restent quand même difficiles. »

Un engagement à construire

Pourtant, cela ne semble pas être un problème pour Lucie Gougeon, Marie Rino, Lucie Darthenucq Berteaux, Flavie Mongazon et Lilou Dupuis, les six élèves présentes lors de ce temps d’échange. Elles ont de la suite dans les idées pour se faire une place dans ce monde d’hommes et pour se faire entendre. « C’est vrai qu’on n’a pas forcément la même force que les garçons, mais on fait différemment. On trouve des solutions, des techniques. Alors que les hommes forcent et se font mal au dos, nous on gère autrement », s’amuse Lucie Gougeon.

Pour cette jeune fille qui n’a pas eu l’exemple « classique » d’une mère qui gère l’administratif pendant que son père est sur la ferme, atteindre l’égalité en agriculture est une évidence qu’il faut travailler. « Mon père et mon oncle s’occupent de l’exploitation et ma mère travaille dans un tout autre domaine ! » Par la suite, elle souhaite bien s’engager de plus belle et, boostée par les échanges de cette soirée, elle réfléchit déjà à ses prochaines actions. Elle pense, par exemple, s’engager dans des syndicats. « On va changer les choses et continuer à avancer. » De quoi susciter des vocations !

Succès de la soirée ciné-débat

Près de 220 personnes ont assisté à la soirée ciné-débat, organisée par la MSA, accompagnée d’une exposition sur les femmes du monde agricole. La projection du documentaire d’Édouard Bergeon Femmes de la terre a touché le public qui a réagi aux traits d’humour qui ne manquent pas.

Une table-ronde en présence de Christiane Lambert, ancienne présidente de la FNSEA, a clôturé la soirée. Elle a également réuni un couple de vignerons et Valérie Gohier, déléguée du collège des salariés, présidente du comité local de Segré. Partenaires, délégués MSA, grand public, élèves, mobilisés, enseignantes, journalistes, mais aussi salariés MSA mobilisés, tous ont pu échanger sur le thème « Femmes en agriculture : quelle place aujourd’hui ? Quel engagement demain ? ».