Les MSA s’emparent du sujet de l’amélioration des conditions de travail dans tous les territoires. Mais tous les exploitants n’ont pas encore le réflexe de la solliciter avant d’engager un projet d’investissement. Et il est difficile de tout anticiper. Après les travaux, des surprises peuvent survenir, comme l’accès à une cuve mal placé qui entraîne un risque de chute…, une perte de temps et d’argent non négligeable.
Prendre en compte le travail
Entre 2013 et 2014, Matthieu Danguin, responsable de la prévention des risques professionnels à la MSA Ain-Rhône, intègre avec trois autres collègues conseillers en prévention, la nouvelle formation aménagement/conception des chais de vinification, et se rend compte qu’il y a quelque chose à faire.
« Les entreprises agricoles sont accompagnées dans leur projet sur des questions techniques par des architectes, des maîtres d’œuvre, des artisans… mais la question du travail n’est pas souvent prise en compte. Le sens de notre mission est là : les aider à se projeter dans leurs installations futures et donc y associer les utilisateurs au quotidien, au cas par cas. »
Médecin du travail, conseillère en prévention et chef d’entreprise autour d’un projet lors d’une formation-action retour d’expériences.
Mais comment faire pour pouvoir introduire le plus en amont possible ces questions, avant même de réaliser les plans ? Pour renforcer les compétences de son équipe, et le faire savoir, Matthieu Danguin lance en 2015 un projet de formation-action, en trois fois deux jours, pour un secteur prioritaire sur le territoire : les jardins et espaces verts. Depuis, les sept conseillers en prévention et deux médecins du travail se rencontrent tous les six mois pour échanger sur les situations que chacun accompagne.
« C’est intéressant car nous avons des métiers complémentaires, explique le responsable. Au quotidien, dans toute la diversité de nos interventions en entreprise (visites médicales, conseils, formations collectives, etc.), nous avons des opportunités pour détecter des besoins, parler et mettre en œuvre cet accompagnement. C’est important pour nous d’être présents sur le territoire, dans les entreprises. Cela peut aussi passer par nos partenaires et bien sûr via les demandes de financement. »
Une démarche collaborative
Ces retours d’expérience permettent de comprendre ce qui marche, ce qui ne marche pas, et ainsi de faire évoluer l’offre, appelée Réussir son projet d’investissement, en incluant également la méthodologie des ergonomes. L’appui se fait à chaque étape et de manière collaborative, souvent avec un ergonome, de l’évaluation des besoins à la prise en main des installations, en passant par le diagnostic et la simulation de l’activité quotidienne. Tout un travail sur les outils de communication a également été fait, pour le grand public comme pour les élus MSA. Ces derniers sont notamment invités à visiter des exploitations pour constater les résultats concrets, écouter le témoignage des adhérents.
« Ce projet nous a fédérés, s’enthousiasme Matthieu Danguin. C’est quelque chose de nouveau, pour lequel on s’est formés tous ensemble, avec les mêmes besoins. Se retrouver régulièrement pour partager nos difficultés et se donner des conseils a entraîné une forte émulation. C’est complémentaire avec nos autres actions et ça diversifie notre activité. On apprend énormément, on intervient d’une autre manière, ça donne un nouveau sens à notre métier. On y croit et on voit le bénéfice chez nos adhérents. On commence même à avoir des sollicitations de chefs d’entreprise qui ont entendu parler de nous. »
Conception et aménagement d’un atelier de maintenance mécanique dans une Cuma, entre 2015 et 2018, construction d’un bâtiment pour le lavage des légumes et la chambre froide d’une ferme maraîchère en 2016 ou encore conception d’un nouveau chai de vinification… Trente-cinq projets ont bénéficié ou bénéficient aujourd’hui de l’appui des préventeurs de l’équipe. Désormais, ils concernent toutes les filières, pour des entreprises de un à plusieurs centaines de salariés, et des investissements allant de 50 000 à plusieurs millions d’euros. Prochaine étape : établir une nouvelle démarche d’évaluation.