« Sentez-vous libre de parler ou non de ce que vous ressentez », amorce Magali, animatrice socioculturelle pour l’association Delta 7*, en lançant la première séance du parcours Cap Bien-être. Vendredi 28 novembre, dix retraités ont participé à ce dispositif qui a pour but d’accompagner les plus de 60 ans dans la gestion du stress et des émotions.

Le parcours se compose de quatre séances collectives, et se termine par un entretien individuel facultatif avec l’animateur ou l’animatrice. Il n’a fallu que quelques minutes à Magali pour instaurer une ambiance conviviale et bienveillante. Le tour de table peut commencer. Pour Vincent, la soixantaine, les derniers mois ont été durs. Après le choc d’avoir perdu trois proches, il a développé des problèmes de santé et se réveille toutes les nuits à 3 heures du matin.

La présentation de chacun met en lumière les problématiques rencontrées par les participants : troubles du sommeil, stress quotidien, pathologies ou deuils… Un constat qui illustre les fragilités émotionnelles auxquelles sont confrontés de nombreux seniors. Des préoccupations qui ne sont pas anodines. Car selon l’Organisation mondiale de la santé, l’isolement social augmente les risques pour la santé, notamment mentale. Il contribue au développement de troubles comme l’anxiété, la dépression ou même la démence. Dans leur nouveau Baromètre, dévoilé le 30 septembre, les Petits Frères des Pauvres tirent également la sonnette d’alarme. L’isolement extrême des aînés progresse fortement, et touche aujourd’hui 750 000 personnes âgées en situation de mort sociale. Un chiffre qui pourrait dépasser le million d’ici 2030 si aucune action n’est engagée. 

Prévenir la perte d’autonomie

Ce premier atelier s’inscrit dans une politique de prévention face à la perte d’autonomie. «Pendant les sessions, on apprend ce qu’est vraiment le stress, comment on y réagit, et surtout comment mobiliser nos ressources personnelles à travers différents outils comme la méditation, la respiration, le massage pour y faire face… », explique Magali. Autant de techniques pour prévenir la perte d’autonomie et redonner la capacité d’adopter un comportement positif face aux épreuves du quotidien.

Pour détendre l’atmosphère, elle propose un premier exercice surprenant tiré du Qi gong, la gymnastique traditionnelle chinoise, qu’elle pratique et dont elle s’inspire régulièrement. Le principe ? Se laisser aller comme sur un ressort. « On déverrouille les genoux, on bouge doucement tout le corps… et on crie ! » Un cri sauvage, d’une seule voix, retentit dans la pièce avant d’exploser en rires. « Vous voyez, tout de suite, on se sent mieux ! », constate l’animatrice.

Le pari est réussi : l’exercice, simple mais efficace favorise le lâcher-prise et permet de briser la glace entre les participants. La séance se poursuit avec un travail plus introspectif sur le thème de la qualité de vie. À travers différents exercices, les participants vont lister les domaines – qui correspondent à quatre «piliers » de la qualité de vie – qui leur semblent importants : financier, santé, vie affective et sociale ou encore activités artistiques, personnelles, etc. puis analyser s’ils sont bien répartis dans leur quotidien. L’objectif est d’identifier ses piliers personnels et de comprendre comment les réinvestir pour mieux équilibrer sa vie. « Si je mise tout sur un seul pilier qui vacille, je m’écroule », résume Magali.

Répondre aux besoins les plus profonds

Il s’agit d’identifier des ressources pour apprendre à remonter dans les moments difficiles. « Les participants n’ont souvent pas conscience qu’ils ont plein de solutions qu’ils peuvent activer. Ils vont s’occuper en faisant de nombreuses activités, en rencontrant des gens, mais ça ne répond pas forcément à leurs besoins les plus profonds », constate Magali.

Brigitte, 63 ans, prend conscience par exemple qu’elle a mis de côté ses loisirs, alors qu’ils sont pour elle essentiels. « On a du mal à déterminer ce dont on a besoin », admet-elle. Proche aidante de sa mère, dévouée pour sa famille, elle se ressource grâce à ses voyages et ses animaux. « Je passe du temps à aider les autres, mais qui me le rend ? », glisse-t-elle. Ces ateliers sont un moyen pour elle de trouver des outils pour gérer ses émotions et être moins impulsive. « J’aimerais savoir comment mieux réagir face à certaines situations. »

Des questionnements liés à son rôle d’aidante qui touchent de nombreux Français. Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publiée en 2024, plus d’un tiers des aidants déclarent un impact sur leur santé mentale, notamment fatigue morale, solitude ou anxiété. La perte d’autonomie n’isole pas seulement la personne accompagnée, elle fragilise aussi l’aidant.

Des ateliers pour bien vieillir

Le rapport d’activité 2024 de l’action sociale interrégime vient d’être publié. Il illustre la dynamique collective engagée par les régimes de retraite pour prévenir la perte d’autonomie et accompagner les retraités dans leur parcours.

En 2024, cette coopération a permis de déployer :

  •  10 358 actions de prévention
  • 170 242 retraités mobilisés
  •  8 300 ateliers organisés réunissant près de 91 712 participants.

Le rapport d’activité 2024 de l’action sociale interrégime est à retrouver sur le site Bien Vieillir.

Christiane, une autre participante de 75 ans, décrit quant à elle cette matinée comme une véritable bouffée d’oxygène. Elle apprécie la liberté de parole et la bienveillance du groupe. « Je me sens remplie, dans une forme de plénitude », conclut-elle en fin de séance. Les trois autres séances seront consacrées à la gestion du stress et à la façon de mettre en place des ressources individuelles pour y faire face, ainsi qu’à l’importance de la vie sociale sur la santé.

* Fondée le 1er mars 1973, l’association Delta 7 a pour objet d’imaginer et de mettre en œuvre toutes les innovations concrètes pour apporter des solutions aux problèmes médico-sociaux, sociaux ou sanitaires,

Le programme Icope pour préserver sa santé

Parce que l’âge, c’est dans la tête… mais pas que. Préserver sa santé et rester en forme plus longtemps : tel est l’objectif du programme Icope (pour integrated care for older people, c’est-à-dire « soins intégrés pour les personnes âgées »), soutenu par la MSA aux côtés de l’Assurance retraite.

Conçu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce dispositif s’adresse à toutes les personnes de 60 ans et plus désireuses de maintenir leurs capacités physiques, psychologiques et intellectuelles. Il repose sur une auto‑évaluation simple et gratuite des six fonctions essentielles du bien vieillir : mémoire, nutrition, vision, audition, bien‑être psychologique et mobilité. L’idée est de détecter précocement les fragilités pour favoriser l’autonomie et permettre à chacun de continuer à faire ce qui compte pour lui. En cas de besoin, le test peut déboucher sur une consultation auprès d’un professionnel de santé choisi par l’utilisateur.

Dans certains départements, des équipes formées au programme proposent même un accompagnement personnalisé. À défaut, il est recommandé de renouveler l’évaluation tous les six mois.

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