Des caisses de poussins avoisinant les 25 kg dans les bras, des enjambements dans un espace de 1 000 mètres carrés*, le bruit et les vibrations du tracteur, les poussières du paillage… Le métier d’aviculteur comporte beaucoup d’inconvénients – souvent sous-estimés – sans compter le stress, la pression économique et les épidémies.
Analyser le travail réel
Souvent à seule visée sanitaire, les études menées en filière avicole portent peu sur la réalité du travail quotidien. On trouve peu de chiffres spécifiques à la sous-catégorie volailles (elle est intégrée à la catégorie plus large des « élevages spécialisés petits animaux »). « Il y a une méconnaissance de cette activité et de ses conditions. Nous voulions mieux comprendre les risques », explique Nicolas Jagut, qui a piloté l’étude avec Lucie Moreau, tous deux conseillers en prévention des risques professionnels (PRP) à la MSA Portes de Bretagne. Démarrée en 2014 avec un ergonome, chaque phase de travail a été analysée dans huit élevages du territoire (standard et label). Trois temps d’échanges avec les éleveurs ont également eu lieu.
Florian Dassé, conseiller technique national en prévention à la MSA, a accompagné le projet : « Même si nous n’avons pas de données spécifiques pour le secteur de la volaille, on constate tout de même des indices de fréquence et de gravité des maladies professionnelles plus forts par rapport aux autres filières. C’est pour cela qu’il était important d’avoir cette approche ergonomique. » En effet, les premières conséquences concernent les troubles musculo-squelettiques (TMS), devant les affections respiratoires et les vibrations.
Tout le cycle d’élevage et le travail quotidien ont été décortiqués en situation avec les éleveurs participants. Sept grandes phases ont été établies : le paillage, la mise en place du matériel, l’arrivage des poussins, le travail au quotidien (suivi et surveillance du lot), la pesée (essentielle et contraignante), l’enlèvement ou le ramassage (étape collective vécue comme pénible), l’enlèvement du fumier et la désinfection. « Il y a de nombreux paramètres très précis pour élever des volailles, remarque Lucie Moreau. Cela demande beaucoup de connaissances, c’est un métier de finesse, de dentelle ! » Sept fiches répertorient les différents aléas d’un métier aux multiples variables et les propositions de solutions et/ou de stratégies pour les limiter.
Les professionnels ont pu s’exprimer sur les pratiques et les freins à la prévention qu’ils rencontrent au quotidien. Après la réussite des temps d’échanges entre éleveurs, la MSA Portes de Bretagne souhaite développer des journées de dialogue entre éleveurs de la filière avicole, et permettre ainsi de renforcer les réflexions sur la santé comme facteur de performance de l’élevage.
*Surface minimum d’un élevage standard.
Photo : © Franck Beloncle/CCMSA Images
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