Haute-Garonne : Toulouse a la banane !
Lancelot André s’est lancé un pari audacieux : produire des plants de bananiers et autres fruits exotiques à Carbonne, à 40 km au sud de Toulouse. « Je me suis rendu compte qu’il y avait des variétés qui pouvaient résister à des températures un peu fraîches », note l’agriculteur.
Dans sa pépinière Pépins perdus, il plante depuis quatre ans des variétés originaires d’Asie ou d’Amérique du Sud : avocats, kiwis, goyaves…
« Les hivers sont moins froids, explique‑t‑il. Les gros gels, qui impactent les cultures sensibles, se font plus rares. »

Cela lui a permis de faire pousser, sur environ deux hectares, pas moins de 2 000 variétés de plantes en production bio, dont 200 dans des serres non chauffées. Son secret ? De la passion et une bonne dose de curiosité. « Je passe mon temps à me documenter et à tester », confie-t-il.
Gard : la grenade est bien lancée

Au départ, il s’agissait d’un essai pour se diversifier. En 2010, confrontés à la baisse de la consommation de vin, Christine et Thomas Saleilles, vignerons à Bagnols-sur-Cèze, au nord d’Avignon, installent des variétés de grenadiers sur un hectare. Quinze ans plus tard, leur exploitation accueille 20 000 arbres sur 23 hectares.
« Leur avantage, c’est leur résistance aux excès de chaleur, indique Thomas Saleilles. Ce sont des arbres qui poussent notamment au Maroc et peuvent supporter des températures de 45 °C ». Près de 80 % de leur production est transformée en jus de grenade. La filière se développe : selon le syndicat France grenade, le pays compte plus de 200 producteurs, majoritairement en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Hauts-de-France : ah, le petit vin ch’ti…
Du vin produit dans les Hauts-de-France, impossible ? Un projet collectif d’agriculteurs, lancé en 2019, soutenu par le négoce agricole Ternoveo (groupe Advitam), prouve le contraire ! Ces néo-vignerons, Les 130 Ch’tis vignerons, ont planté près de 83 hectares de vignes dans l’Aisne, le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme.


La région est en effet devenue propice à la viticulture en raison de l’augmentation moyenne des températures : de + 2 °C à + 2,3 °C depuis 1955 selon Météo France et l’évolution de la réglementation européenne permettant la plantation de vignes dans de nouvelles zones géographiques françaises. Née en 2023, la marque Les 130 rassemble déjà 52 producteurs.
Les raisins sont pressés et vinifiés à Dompierre-Becquincourt, dans la Somme, dans une ancienne sucrerie transformée en chai. En travaillant le cépage Chardonnay, ces aventuriers du vin proposent des blancs tranquilles et, depuis cette année, leur première cuvée pétillante : le Ch’Typik Bulles de Chardonnay. En 2024-2025, 239 000 bouteilles ont été commercialisées.
Provence-Alpes-Côte d’azur : la pistache en embuscade
À La Bastidonne, dans le Vaucluse, Jean-Louis Joseph a planté cinq hectares de pistachiers en 2020.
En 2026, il pourra procéder à sa première récolte.

Une longue attente, mais l’arbre a des atouts : il supporte les périodes de sécheresse, les hautes températures ainsi que le froid hivernal. Comme lui, plus d’une centaine d’exploitants se sont établis en Provence depuis 2017.
« On fonctionne encore de manière empirique, on ne sait pas encore quels seront précisément les rendements », note le producteur d’huile d’olive et de truffe, également vice-président du syndicat France pistache, qui tente de structurer la filière, de la pépinière à la transformation. La majorité des 15 000 tonnes de pistaches importées chaque année en France provient d’Iran, de Turquie ou de Californie. En 2024, on estime la production de pistaches françaises à 800 kilos.
Creuse : le safran de plus en plus tardif

Sans engrais, sans désherbant, sans insecticide et même… sans arrosage !
Voilà comment Véronique Lazérat cultive ses fleurs de safran depuis 2005 à Fontanières, dans la Creuse.
La culture de cette fleur originaire du Moyen-Orient ne nécessite pas d’intrants mais beaucoup d’huile de coude. « Elle n’est pas mécanisable, explique la safranière. On plante et récolte selon des méthodes ancestrales. »
La difficulté est de ramasser les fleurs au fur et à mesure car elles ne vivent que 24 à 48 heures, dès que la température nocturne descend en dessous de 14 degrés. Ce seuil est désormais atteint de plus en plus tard. Il y a dix ans, les premières fleurs apparaissaient en septembre. Désormais, c’est vers mi-octobre. « Au lieu de planter en juin ou en juillet, comme je le faisais les premières années, je réalise mes travaux de plantation fin août, début septembre », précise la productrice.