Comment s’est déroulée votre rentrée ?
Les rentrées institutionnelles de l’Institut Agro Rennes-Angers ont eu lieu le lundi 1er septembre pour le campus d’Angers et le mardi 2 septembre pour celui de Rennes. Elles se sont bien déroulées. Nous retrouvons des jeunes très motivés et nous avons globalement réussi à finaliser notre recrutement. Angers propose deux cursus d’ingénieurs tournés vers l’horticulture et le paysage.
À Rennes, nous formons des ingénieurs en agronomie et en alimentation. Nous couvrons un large éventail de spécialisations, plus de 70 avec les autres écoles de L’institut Agro, allant de la production agricole à l’alimentation, en passant par le cadre de vie.
Ces formations préparent-elles au métier d’agriculteur ?
Certains diplômés s’installent en agriculture : ce n’est pas très fréquent, mais cela arrive. Cela peut être dans le cadre d’une reprise d’exploitation familiale, par des étudiants ayant suivi un cursus académique de haut niveau tout en gardant l’idée de reprendre la ferme familiale. Mais l’installation peut se faire aussi ex nihilo, motivée par l’attrait de la terre, l’appétence pour le vivant et l’envie d’expérimenter de nouvelles pratiques.
Il y a quelques années, une diplômée du cursus agronome s’est ainsi installée en Centre-Bretagne, dans le sud des Côtes-d’Armor. Elle se définit comme « ingénieure paysanne ». Elle pratique un système laitier 100 % herbagé, relevant de l’agriculture de conservation des sols, ce qui suppose un niveau de maîtrise technique très élevé.
Ancien directeur des études, maître de conférences puis professeur, vous avez changé de fonction pour diriger l’institut : c’est un nouveau cap ?
Mon parcours traduit une véritable passion pour la formation. J’ai éprouvé énormément de plaisir à enseigner pendant trente ans. Aujourd’hui, et pour ce mandat de cinq ans, je change de posture : mon rôle est de définir la stratégie de l’établissement et de la mettre en œuvre. Mon objectif est de rendre l’école attractive, de mieux la faire connaître pour attirer des étudiants et de la faire évoluer.

Les formations d’ingénieurs s’adaptent-elles aux mutations du monde agricole ?
Nous innovons en permanence. Depuis quatre ans, nous transformons les formations d’ingénieurs selon une approche par compétences, en phase avec les attentes des filières. Nous développons également des partenariats : l’an dernier, nous avons créé un double diplôme avec l’École nationale de la statistique et de l’analyse de l’information (Ensai) ainsi qu’un double diplôme avec Sciences Po Rennes.
Cette préparation ingénieur-école de sciences politiques, en six ans, recrute dès le bac : les deux premières années, les étudiants alternent chaque jour entre les cours à Sciences Po et ceux de l’institut Agro. Ils acquièrent ainsi une culture croisée entre sciences politiques, sciences humaines, sociales et ingénierie.
Pour nous, il s’agit de développer l’offre de formations et de dessiner des possibles en termes de projection d’études pour les apprenants. Nous espérons renforcer le vivier d’étudiants prêts à rejoindre notre établissement et l’enseignement agricole d’une manière plus générale. Cette question de l’attractivité est un sujet de très grande importance pour le début de mon mandat.
Une grande école
L’institut Agro Rennes-Angers forme près de 2 000 étudiants par an, essentiellement des ingénieurs, aux côtés des établissements de Montpellier et de Dijon. Cette grande école XXL représente le plus grand centre français d’enseignement supérieur et de recherche dédié à l’agriculture, à l’alimentation et à l’environnement. Elle propose des formations initiales et continues. Elle est membre du réseau universitaire européen en sciences du vivant Euroleague for Life Sciences (ELLS). Romain Jeantet a rejoint le directoire en sa qualité de directeur.
Vous vous inscrivez donc dans la loi d’orientation qui vise à assurer le renouvellement des générations ?
Exactement. La direction générale de l’enseignement et de la recherche et le ministère de l’Agriculture ont inscrit des objectifs de croissance des effectifs dans la loi. Entre 2017 et 2030, nous devons augmenter de 30 % nos effectifs d’élèves ingénieurs. Nous avons déjà parcouru les deux tiers du chemin.
Nous préparons également le déploiement du bachelor agro, dans le cadre de la première vague d’accréditation de bachelors dits 60 European Credits Transfer System (année complémentaire après un BTS, par exemple). Sur les 16 bachelors prévus à l’ouverture en 2026, cinq seront portés par l’institut Agro dont deux par celui de Rennes- Angers : l’un avec le lycée Théodore-Monod (Le Rheu) et Nantes-Terre-Atlantique, centré sur l’installation en agriculture, l’autre avec le lycée du Fresne à Angers, consacré au végétal spécialisé.
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La loi prévoit le dispositif « expert associé » : de quoi s’agit-il ?
Il vise à faciliter et accélérer la transmission des nouvelles pratiques et connaissances liées aux transitions agricoles. L’objectif n’est pas que l’expert enseigne directement aux élèves, mais qu’il forme les enseignants de l’enseignement technique agricole, en leur apportant connaissances et méthodes pédagogiques adaptées.
L’expertise sera le plus souvent proposée à distance (visio conférences, webinaires), mais aussi parfois sur place. Notre école est en cours de conventionnement et a déjà identifié des experts parmi ses enseignants-chercheurs, dans des domaines tels que l’agroécologie, l’adaptation des cultures et élevages, la gestion des ressources en eau ou l’innovation technologique et numérique.
L’ancrage territorial est-il central ?
Plus que jamais. La formation en horticulture a fêté ses 150 ans en 2023 et celle en agronomie fêtera ses deux cents ans dans cinq ans. Ces spécialités se sont construites en réponse aux besoins des filières du territoire et, même si elles rayonnent au niveau national et international, restent étroitement liées aux acteurs locaux.
À Rennes, nous avons par exemple une spécialisation unique en halieutique (écologie marine, gestion de la pêche, transformation des produits d’origine marine), en lien avec la façade atlantique. À Angers, l’horticulture et le paysage évoluent dans un bassin historique de pépinières et d’entreprises spécialisées, en lien étroit avec l’école.
Rentrées scolaires 2025-2026 : nouveautés
› Le Bachelor Agro (niveau Bac +3) : ce nouveau diplôme crée un pont entre le BTSA et les écoles d’ingénieurs agronomes. Le lancement est prévu pour la rentrée 2026 mais les préparatifs sont déployés dès cette année. Déjà six parcours sont finalisés : alimentation et agroalimentaire durables, élevage et transitions, entreprendre, accompagner et manager en agriculture, génie agronomique et transitions…
› Nouvelle mission : l’enseignement agricole s’engage pour renouveler les générations et développer des connaissances et compétences en matière de transitions climatique et environnementale.
› Experts associés : ce dispositif vise à accélérer la transmission aux apprenants et personnels éducatifs des connaissances et compétences nouvelles relatives aux transitions climatique et environnementale dans les domaines des techniques agronomiques, zootechniques ainsi qu’en matières entrepreneuriale et numérique.