La MSA participe à de nombreux événements agricoles de la rentrée. Pourquoi est-il important d’être présent à ces salons ?
Jean-François Fruttero : C’est un rituel annuel. Les organisations professionnelles agricoles (OPA), telles que la MSA, se retrouvent sur des foires et salons emblématiques comme ceux de Châlons, des Terres de Jim, du Space, du Sommet de l’élevage, d’Innov-Agri ou encore des Pyrénéennes. Ces événements, qu’ils soient de grande envergure ou plus locaux, permettent de prendre le pouls du monde agricole et de préparer l’avenir.
Bien plus que de simples fêtes populaires, ils incarnent la communion entre le monde paysan et leurs territoires, tout en mettant en avant savoir-faire, traditions et innovations. Dans le respect de l’héritage du passé, ils offrent aussi une belle vitrine des nouvelles technologies, qui jouent un rôle essentiel dans la modernisation de l’agriculture.
La MSA y trouve l’opportunité de rencontrer ses partenaires et d’accompagner la diversité des acteurs agricoles, notamment face aux préoccupations croissantes liées à l’avenir. Aujourd’hui, cette question est cruciale, et la MSA, avec son double rôle de protection sociale et d’organisation professionnelle agricole, est là pour soutenir ce secteur en transition.
Quels sont les principaux sujets de préoccupation exprimés par le monde agricole ?
J-F.F. : Plusieurs préoccupations majeures se dégagent, notamment dans les filières céréalières, avec de mauvaises récoltes qui menacent l’avenir de certaines exploitations, ou dans l’élevage, affecté par des problèmes sanitaires graves comme la maladie hémorragique épizootique1, la fièvre catarrhale ovine2 ou la grippe aviaire. Plus globalement, l’instabilité climatique met en péril la résilience du secteur en provoquant des épisodes de sècheresse et, paradoxalement, en même temps des surplus de précipitations.
Ces crises ont des impacts économiques et psychologiques importants. La MSA est présente pour accompagner les actifs agricoles en proposant des aides financières et en offrant un soutien moral. Cependant, au-delà des difficultés conjoncturelles, il y a une véritable crise structurelle qui nécessite une ambition renouvelée pour l’agriculture française.
Comment la MSA accompagne-t-elle concrètement les exploitants ?
J-F.F. : La MSA met en place divers outils pour accompagner les exploitations en situation de crise. Nous proposons des prises en charge de cotisations, des échéanciers de paiement, des aides financières et un répit administratif.
Toutefois, l’enveloppe de 30 millions d’euros destinée aux situations difficiles est insuffisante. Nous avons donc demandé son augmentation pour répondre aux besoins réels sur le terrain. Nous restons mobilisés pour soutenir les entreprises agricoles et leurs salariés dans cette période difficile.
Le changement climatique et l’arrivée de nouvelles technologies posent de nouveaux défis. Comment la MSA se prépare-t-elle à soutenir les agriculteurs face à ces enjeux ?
J-F.F. : En tant qu’OPA, la MSA a la responsabilité de proposer des mesures d’accompagnement face aux transitions en cours. Nous devons répondre aux impacts du changement climatique ainsi qu’à l’évolution technologique, en nous appuyant notamment sur l’expertise de nos conseillers en prévention des risques professionnels et de nos spécialistes en santé au travail. La prévention, l’analyse des situations et l’adaptation des solutions demeurent au cœur de nos priorités.
Ces salons sont aussi l’occasion pour les jeunes et moins jeunes de découvrir le métier d’agriculteur. Comment la MSA s’implique-t-elle dans le renouvellement des générations ?
J-F.F. : Le renouvellement des générations est crucial pour la souveraineté alimentaire française. Nous ne pouvons pas nous permettre de descendre en- dessous des 400 000 exploitants agricoles [421 270 au 31 décembre 2023, ndlr] sous peine de voir notre pays en difficulté.
L’agriculture est un métier passionnant, mais il doit être rendu plus attractif, notamment en formant et en accompagnant les jeunes, et en leur expliquant au passage le rôle de la MSA qui va les protéger à chaque étape de leur vie et de leur carrière. Ces salons permettent de promouvoir nos métiers et de rappeler également l’importance de l’agriculture dans l’aménagement du territoire et la préservation des paysages.
Annie Genevard, la nouvelle ministre de l’Agriculture, vient d’être nommée. Quelles sont vos attentes vis-à-vis du travail législatif à venir ?
J-F.F. : Nous avons beaucoup d’attentes concernant la mise en place de la nouvelle règle de calcul de la retraite des chefs d’exploitation basée sur les 25 meilleures années et la loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations. Ces sujets sont essentiels pour assurer un avenir durable à l’agriculture française.
Le nouveau gouvernement doit avancer rapidement sur ces dossiers car le temps presse. Le fait que le Premier ministre ait déjà été ministre de l’Agriculture est un atout, car il connaît bien les enjeux. Nous espérons pouvoir collaborer efficacement avec lui et avec la ministre de l’Agriculture sur tous ces dossiers clés.
(1) Maladie virale détectée pour la première fois en France en 2023. Sa propagation est une conséquence directe du changement climatique, qui permet aux moucherons vecteurs de la maladie de survivre dans nos régions.
(2) La fièvre catarrhale ovine (FCO), ou maladie de la langue bleue, est une maladie animale qui n’affecte pas l’homme et dont plusieurs variants circulent sur le territoire national, contaminant les ruminants domestiques (ovins, bovins, caprins) et sauvages.