La poussière virevoltante, les appels au micro de la speakerine, le bal des machines en démonstrations… Tous les sens sont en éveil au Salon aux champs. Dans le flot continu des visiteurs, des petits groupes de jeunes curieux aux chapeaux colorés se distinguent. Et pour cause. Cette année, les organisateurs ont décalé la tenue du salon, habituellement organisé à la fin du mois d’août, pour l’ouvrir aux étudiants.
Pari réussi : environ 2 000 lycéens de 35 établissements agricoles différents, répartis sur 11 départements, sont venus découvrir le monde des coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma) et les animations du week-end.

Les 8 000 visiteurs ont pu profiter des 125 exposants et des nombreux débats organisés sous les chapiteaux de « l’université ». Dans ces 30 hectares de terrain de jeu, les démonstrations et ateliers techniques se succèdent : désherbage électrique, semis sous couvert, trieurs, binage au GPS, épandage… Des innovations qui facilitent le quotidien des agriculteurs. Mais ce travail, on le sait, ne va pas sans risques.

Les dangers du cardan

C’est pour cela que deux conseillers en prévention ont animé le stand de la MSA d’Armorique. Il est toujours important de rappeler les bons gestes à adopter pour éviter les accidents, surtout avec les machines agricoles. Devant la tente, une étrange maquette attire les plus curieux. Il s’agit de la reproduction d’un arbre à cardans de tracteur. Situé à l’arrière du véhicule, il permet la transmission du mouvement et de la puissance qui active le mécanisme de la machine attelée. Le modèle a été réalisé par les élèves d’un lycée agricole bourguignon. Protégé sous une cloche, il aide les préventeurs à rendre compte d’un danger bien réel : en effet, lancé à 540 tours/min, il peut facilement happer un tissu et provoquer un enroulement de 1,40 mètre en une seconde. Démonstration :

« C’est comme cela que deux exploitants que nous avons rencontrés pendant le salon se sont retrouvés complètement déshabillés dans leur champ, raconte Daniel Departout. Leurs tenues ont été happées et, par chance, se sont déchirées. Ce n’est pas la première fois qu’on entend cette histoire. On recense peu d’accidents, mais ce sont des cas graves, des morts ou des amputations. Sur les joints du cardan, les bols de protection sont très souvent abîmés ou cassés, ce qui crée des points d’accroche. Mais les réparer ou les remplacer coûte cher. C’est pour cela que des protections de cardans ont été développées par Protecma, une entreprise saumuroise. Souples, elles permettent de remettre en conformité le bol et d’accéder facilement au graisseur. »

Une appli pour prévenir les électrocutions

Autre danger bien connu des agriculteurs : les lignes électriques aériennes. Dans les parcelles agricoles longées ou traversées par ces milliers de volts, les engins agricoles qui prennent de plus en plus de hauteur frôlent souvent les câbles installés à quelques mètres du sol. Avec 28 morts sous les lignes électriques en France entre 2005 et 2015, le frôlement de trop peut être fatal.

Pour prévenir les accidents, une toute nouvelle application* est en développement par Enedis, en partenariat avec les MSA bretonnes, la fédération des Cuma et la Direccte, présentée en avant-première sur le salon. Conçue par GeoVil Systems, Vigilignes aide à la détection des lignes aériennes du réseau Enedis Bretagne. Grâce à une alerte sonore, vibratoire et lumineuse, elle avertit automatiquement l’utilisateur lorsqu’il s’approche d’une zone à risque.

« Il suffit de l’installer sur son smartphone, explique le conseiller. Elle géolocalise le chauffeur et se synchronise avec la carte du réseau. Il y a deux paramètres à régler : la distance de la zone d’alerte et de la zone de danger, respectivement 150 et 50 mètres. Nous avons travaillé avec les Cuma sur le projet : des chauffeurs ont testé l’application en 2017, ce qui a permis de la faire évoluer et d’ajouter notamment une limitation de vitesse, car une alerte sonnait lorsqu’ils roulaient sur la route. Aujourd’hui, elle ne se déclenche qu’en dessous de 25 km par heure, ce qui correspond à une vitesse de travail au champ. Ils en sont très satisfaits car on se rend vite compte qu’ils ont tous un jour ou l’autre touché, ou été touchés par un arc électrique. On voit souvent des impacts sur les goulottes des ensileuses, c’est impressionnant. »

Quoi de mieux quand innovation rime avec prévention et collaboration. L’animation en réalité virtuelle, intitulée « Débourrer une désileuse en toute sécurité », appréciée des jeunes visiteurs du salon, n’en est qu’une autre preuve. Un week-end bien rempli et plein de pédagogie, avec l’espoir de faire mouche dans les esprits des nouvelles générations du monde agricole.

*Pour la télécharger, rendez-vous depuis votre téléphone sur www.geovil.io/vigilignes et cliquez sur le lien. Pour obtenir des identifiants de connexion, il faut remplir le formulaire de contact.

Les Cuma de l’Ouest

La fédération régionale des Cuma (coopératives d’utilisation de matériel agricole) de l’Ouest compte sept fédérations sur 14 départements. Couvrant les trois régions Normandie, Bretagne et Pays de la Loire, c’est la plus grande de France avec près de 2 525 Cuma (dont 360 entre les Côtes-d’Armor et l’Ille-et-Vilaine) et 53 500 adhérents.

En savoir plus : www.ouest.cuma.fr

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Photos : © Marie Molinario/Le Bimsa.