Face aux abruptes falaises de calcaire surplombées par le château de Quéribus, ancienne forteresse cathare, le vignoble de Maury, 800 habitants, se développe dans de rudes conditions, balayé par la tramontane et baigné par le soleil. Si la sécheresse de ces dernières années fait des ravages, Louise et Léo, 29 ans, ne se laissent pas décourager.
Après un diplôme d’ingénieur agronome à Toulouse, un temps de salariat et une année de transition, le jeune couple finit par reprendre le domaine de Robert Pouderoux en 2023. Retour aux sources pour Louise, originaire de ce village des Pyrénées-Orientales.
La santé au travail est un vecteur important pour attirer les nouvelles générations

Repenser la façon de travailler
C’est lors du stage de 21 heures, prévu dans le cadre du parcours d’installation de la dotation jeunes agriculteurs, qu’ils découvrent l’accompagnement en prévention des risques professionnels de la MSA. « J’ai tout de suite été intéressé, car nous nous sommes très vite rendu compte qu’il y avait d’importants besoins sur ces bâtiments qui n’avaient pas évolué depuis 30 ans », explique Léo.
C’est Emmanuel Pubil, conseiller en prévention, qui les suit avec l’aide de Jacques Escouteloup, ergonome. « Leur demande était simple : les aider à repenser leur façon de travailler pour éviter l’épuisement. Notre défi, les accompagner pour améliorer leurs conditions de travail dans un environnement très contraint autour de la cave. » Espace restreint, pente, différents dénivelés, cave encombrée… « On voit déjà les conséquences depuis deux ans. On sait qu’on ne tiendra pas toute notre carrière comme cela », assure le jeune vigneron.
En manque de trésorerie, le but est, dans un premier temps, de chercher à optimiser le travail dans la configuration actuelle. « Avant d’investir, nous voulions reprendre les bases, savoir vers quoi nous orienter, dans quel ordre et se projeter sur le long terme tout en pensant aux évolutions possibles. Nous avions des idées, certaines étaient bonnes, d’autres non. »
L’étude ergonomique commence. Jacques et Emmanuel reviennent faire une journée d’observation lors des vendanges de l’an dernier et mettent quelques plans en place. Ils s’attaquent d’abord à la cave, première source des accidents du travail.
L’aménagement des cuves est notamment repensé avec le couple pour une meilleure circulation. Avec l’arrivée des nouvelles vendanges vient le test grandeur nature. « C’est notre première saison avec cette nouvelle organisation, et je me demande comment je faisais avant !, s’exclame Louise. C’est plus confortable, il y a moins de manutention, moins d’obstacles, les déplacements sont plus fluides. »

Contrat de prévention
Prochain défi, et pas des moindres : l’espace extérieur. « Tout est exigu, précise le couple. À cause du manque de place, nous sommes constamment en train de manipuler les machines. À la longue, c’est ce qui nous use le plus. »
D’ici la fin de l’année, ils vont signer un contrat de prévention avec la MSA Grand Sud et pouvoir commencer un plus gros chantier : couler une dalle extérieure pour faciliter l’attelage et le dételage des tracteurs. « Avoir ce point de vue extérieur c’est important, ça a alimenté notre réflexion, ça permet de voir des choses qu’on ne voyait pas, ajoute Louise. Et recevoir des conseils sans jugement, avec bienveillance, ça fait du bien. »
Si le contexte actuel est difficile, le couple ne baisse pas les bras. « Les vendanges se sont bien passées, les raisins sont de bonne qualité mais nous avons perdu au moins 40 % en quantité. Heureusement, il nous reste des vins de l’année dernière. » Après trois ans de sécheresse, l’ensemble du département affiche en effet de 20 à 50 % de pertes.
Malgré un peu de pluie bienfaitrice, la vigne est très sinistrée. Mais pour ces jeunes vignerons passionnés, « au-delà des problèmes de sécheresse, la santé au travail est un vecteur important pour attirer les nouvelles générations et s’installer de manière pérenne. » À bon entendeur.