Vous vous êtes installé sur une activité de reproduction de plants transmise par votre mère, le 1er janvier 2020. Quel parcours avant cela ?
Après un BEPA [brevet d’études professionnelles agricoles] agroéquipements et un bac pro CGEA [conduite et gestion de l’exploitation agricole], j’ai notamment travaillé cinq ans dans les Antilles françaises. J’étais responsable d’équipe chez Boyer SA, qui produit du melon, entre autres. Je suis rentré en France métropolitaine il y a six ans pour exercer divers emplois en dehors du milieu agricole. Après cette expérience, l’installation se présentait comme une évidence : être son propre patron, vivre à l’air libre, profiter de la campagne. C’est entendu : se mettre à son compte, c’est cumuler de 50 à 60 heures de boulot par semaine. Le prix de l’indépendance. J’ai appris ce métier spécifique sur le terrain, au fur et à mesure. Je ne connaissais pas tout de la gestion des plannings de plantation notamment, mais j’ai eu la chance de pouvoir compter sur mes parents aujourd’hui jeunes retraités. Je suis à la tête d’une exploitation de quelque 2 000 mètres carrés, principalement en plants de melon sous serres.
On dit parfois que l’installation ressemble à un parcours du combattant. Même impression ?
Personnellement, les papiers à remplir, ça me donne des boutons. C’est un peu lourd en effet. On vous envoie des documents numérisés mais on vous demande de les retourner signés : il faut donc les imprimer. Toutes ces abréviations, ce vocabulaire administratif… Et ces horaires de bureau qui ne coïncident pas avec ceux de l’activité agricole. Heureusement, j’ai mon père ! J’ai par ailleurs été accompagné de façon très réactive par Alain Cordoba, conseiller en protection sociale de la MSA Midi-Pyrénées Nord : il n’est pas toujours joignable de suite par téléphone mais il s’arrange pour vous rappeler ou vous adresser un mail de réponse rapidement. Pour renseigner correctement les imprimés, je me suis déplacé par deux fois en agence. Avec mon activité particulière, on a vite fait de ne pas cocher la bonne case et les conséquences peuvent être source de tracas. J’ai également dû rencontrer quatre ou cinq conseillers juridiques pour y voir clair sur le choix du statut. Les sons de cloche étaient dissonants. Ajoutez à cela les entretiens avec le centre de gestion et on peut en effet affirmer que c’est un peu un parcours du combattant.
Vous avez débuté votre activité en début d’année, juste avant le début de la crise sanitaire. Pas trop dur ?
C’est vrai, au début du confinement, mes serres étaient pleines. Mes clients commençaient à me faire part de leurs doutes sur leur capacité à vendre. Je craignais de ne pas pouvoir écouler ma production. C’était stressant. Finalement, les agriculteurs se sont adaptés. Aujourd’hui, je vis de mon activité qui commence début février et qui s’achève fin juillet. Le reste du
temps, je travaille en intérim.
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