Pendant toute la journée du 11 janvier, les élèves de deux classes de terminales et deux de premières Bac pro conduite et gestion de l’entreprise agricole et agroéquipement ont tourné sur sept atelier ludiques et pédagogiques proposés sur la thématique de la prévention aux risques phytosanitaires. Les adolescent ont testé leur connaissance et leur rapidité à l’occasion d’un quiz en ligne et d’un escape game digital. L’opération a été lancée par l’association Contrat de solutions et ses partenaires, dont la Mutualité sociale agricole, intervenant en sa qualité de sécurité sociale des agriculteurs, sur le volet de la protection sociale des agriculteurs.  

Clotilde Bois-Marchand (à gauche sur la photo), chargée de projet déploiement à l’association Contrats et solutions et Maria Feghali, chargée de mission sur le risque chimique à la caisse centrale de la Mutualité sociale agricole, ont animé un escape game autour de la lecture des étiquettes des produits, de l’organisation d’un local ou encore des recommandations à suivre en termes d’hygiène.

Apprendre à se protéger

Plusieurs rendez-vous ont sensibilisé à la question de la protection aussi bien au niveau de l’utilisation et la manipulation des produits que des équipement de protection individuelle. L’événement est articulé à la préparation au certificat produits phytopharmaceutiques (Certiphyto) que le lycée professionnel agricole de Blain-Derval propose à ses élèves dans le cadre de leur formation.

Succès des journées de prévention en milieu scolaire oblige, l’association Contrat de solutions va renouveler l’opération à compter de l’automne prochain. « On en ressort hyper contents. Des lycées nous ont contactés pour bénéficier de ce genre de journées, s’enthousiasme Clotilde Bois-Marchand, cheffe de projet déploiement qui coordonne les manifestations en région. La direction générale de l’enseignement et de la recherche nous a invités à venir présenter l’escape game que j’ai proposé avec Maria Feghali au lycée de Derval lors de leur séminaire annuel. L’événement rassemble tous les référents en santé et sécurité au travail de la direction régionale de l’alimentation de l’agriculture et de la forêt. Il est prévu en mai prochain à Toulouse. »

« Nous sommes quatre conseillers
répartis en Loire-Atlantique »

Elisabeth Deshayes, conseillère en prévention à la MSA Loire Atlantique-Vendée.

« Les établissements d’enseignement agricole restent une cible prioritaire de la prévention en santé et sécurité au travail car nous avons conscience que plus nous faisons de la prévention auprès des jeunes, plus nous aurons préparé de futurs acteurs. Cependant depuis quelques années nous ne menons plus d’actions en face-à-face sauf dans le cadre de cette journée où nous intervenons sous le format d’ateliers. Nous le faisons sur le risque chimique, sur la sécurité routière ou sur le risque machine. Nous mettons plutôt l’accent sur la formation des professeurs. Ma collègue, référente sur le sujet, développe des actions à destination des enseignants pour les former à la prévention des risques afin qu’ils jouent ensuite un re de relais auprès des élèves et des lycées agricoles. L’important pour moi, c’est que les utilisateurs soient conscients des risques. Bien connaître les produits, les étiqueter, savoir les utiliser, les stocker : c’est le grand message de prévention avant même de passer au volet équipement de protection professionnelle. Cette étape-là est primordiale. Le quiz en ligne de Kahoot !, une plate-forme d’apprentissage par le jeu, fonctionne très bien auprès des jeunes. Ils sont sur téléphone portable. Ils se plaisent à se challenger. Il n’y a pas que les réponses aux questions qui comptent. Il faut être plus rapide que son voisin. Dans nos interventions, nous cherchons toujours à nous adapter à notre public : trouver des thèmes, des manières de les aborder pour que le message passe ou reste. La dimension ludique et pédagogique est efficace. »

Entre septembre 2022 et la fin du mois de janvier 2023, six journées ont mobilisé milieu scolaire et acteurs du monde agricole autour des bonnes pratiques à adopter face aux risques phytosanitaires. Bilan de la campagne : plus de 500 jeunes et 140 professionnels ont été sensibilisés. La MSA, partenaire de cette association créée en 2019, apporte son expertise en matière de prévention en santé et sécurité au travail.

Travailler ensemble sur les solutions permettant de réduire l’utilisation des phytos

L’ambition de Contrat de solutions, à en croire la cheffe de projet est de « travailler collectivement sur les solutions permettant de réduire les utilisations et les impacts des phytosanitaires. Cela va plus largement que la thématique de la prévention. Il y a un travail de rédaction de fiches coécrites avec des représentants d’instituts techniques de la recherche autour des solutions en génétique, de biocontrôle, d’agroéquipements. » Celles-ci sont mises à disposition sur le site de l’association : contratsolutions.fr.

« Mieux vaut partir sur des concepts simples
pour permettre à l’agriculteur ou l’élève de réfléchir »

Gérard Bernadac,
médecin conseiller technique nationale, chargé du risque chimique à la MSA.

« Mieux vaut partir sur des concepts simples pour permettre à l’agriculteur ou l’élève de réfléchir. L’idée est de faire passer des messages plutôt que des consignes. Il faut apprendre aux agriculteurs et aux jeunes à réfléchir sur la manière dont ils doivent gérer le risque. Cet objectif a été atteint. Les adolescents avaient une connaissance de base que certains travailleurs agricoles non formés ou formés sur le tas n’ont pas. Ils ont eu des cours et ont une perception parcellaire mais largement suffisante pour démarrer un processus de gestion de la prévention. Ils sont en recherche d’informations factuelles. Peut-être est-ce parce que ce sont des enfants d’agriculteurs. En tout cas, ils ont participé activement. Ils étaient ouverts. Avec Élisabeth, nous avons travaillé le quiz en ligne. Le but de ce jeu était qu’il réponde à la question sur la problématique, mais en plus qu’on puisse se saisir au bond de questions plus larges sur cette thématique (environnement, confrontation avec le riverain…). Notre message est de dire que les pesticides sont à l’image des autres produits chimiques. Ils présentent un certain danger. Mais le risque, lié aux circonstances d’application, est maîtrisable pour peu qu’on ait un environnement parfaitement adapté à la situation et quelques réflexes en lien avec son comportement et son hygiène associés. S’ils ont simplement retenu qu’il faudrait s’entourer d’une bonne technicité d’application pour se protéger, c’est déjà une bonne chose. »

© Photos : DR.