« Dans tout changement, on passe d’une zone de confort à ce qu’on appelle une zone de peur. Il faut donc être à l’écoute de cette peur et entendre ce qu’il y a derrière. Elle peut témoigner d’un conflit intrapersonnel, comme le sentiment de ne plus avoir les compétences nécessaires face à la transformation du métier, de perdre son savoir-faire, d’être moins performant que la machine ou de ne plus être utile malgré un engagement de longue durée dans l’entreprise, voire de perdre son emploi.
Le robot, en modifiant le travail, peut en interroger le sens même. Je prends l’exemple de la traite, qui est habituellement l’occasion pour l’éleveur de surveiller le troupeau. Le contact de l’animal est primordial et cela donne du sens au métier. Avec la machine, tout un tas de données à traiter arrivent sur un fichier Excel et l’agriculteur peut se sentir davantage gestionnaire ou analyste.
Une réflexion personnelle et collective
« Au sein du collectif de travail, lorsque le robot est choisi et voulu, s’il n’est pas accepté par tous ou réservé qu’à certains, cela peut créer des conflits interpersonnels. En maraichage, l’utilisation de planteuse en position couchée permet par exemple un meilleur confort de travail, mais peut entraîner des sortes de moqueries liées au préjugé qu’un vrai travailleur doit peiner.
C’est pourquoi il est vraiment important d’avoir une réflexion personnelle et collective sur l’impact lié à l’intégration des nouvelles technologies au sein de l’activité. Comme dans toute démarche d’ergonomie, il faut bien analyser la demande, les motivations de l’achat, le bénéfice attendu et la place donnée à ce nouveau collègue. Et il ne faut pas oublier que, si les jeunes ont plus d’appétences informatiques que les anciens, il faut tout de même avoir une compétence métier pour pouvoir utiliser le robot. »