Au Salon international de l’agriculture, tout est spectacle, un déluge de vie concentré en seul un endroit qui vous submerge et saisit d’émotion. Comme le public qui déboule chaque année (cf. notre papier), du 26 février au 7 mars, à Porte de Versailles à Paris pour assister à cet événement, on est à la fête. On vient participer à la fête du monde agricole, les sens en état d’alerte.
L’émotion commence à l’entrée, bondée de monde. Impossible de ne pas être impressionnée par cet afflux bien visible à quelques minutes de l’ouverture officielle de Salon, à 9 heures. L’année dernière les visiteurs étaient plus de 500 000. On arrive en nombre et en famille. On vient de toutes les régions de France et du monde entier. Il ne faut pas oublier le mot « international » dans le nom du Salon. Le SIA est forcément un voyage.
L’inauguration du Salon par le président Emmanuel Macron
A l’intérieur, quelques minutes après l’ouverture du SIA 2023 pour une durée de huit jours, c’est l’effervescence suscitée par le passage du président de la République. Tout le monde se bouscule près de l’endroit où il est annoncé pour l’apercevoir ne serait-ce que quelques secondes. Pas besoin d’être expert pour deviner où le chef de l’Etat se trouve : il suffit de suivre la forêt de microphones et d’appareils photos long comme un bras concentrés en un même lieu pour comprendre que c’est là que ça va se passer.
Et on ne se trompe pas : car c’est de là qu’il surgit vers 9 h 30 pour se diriger vers le box de la vache salers Ovalie, l’égérie du Salon de l’agriculture 2023, venue de Saint-Alyre-ès-Montagne (Puy-de-Dôme). De loin, on le voit la saluer. Il discute avec des producteurs, dont peut-être celui de la vache. Il fait des grimaces et sourit. Dommage qu’on soit si loin. On aimerait entendre ce qu’il dit. Tant pis on attendra le journal télévisé du soir pour l’apprendre. Le SIA est aussi une toile de cinéma qui permet de donner libre cours à son imaginaire et de voir des personnalités publiques qu’on a l’habitude de ne voir qu’à la télévision.
Des rencontres fascinantes
Puis commence le voyage : la rencontre avec des animaux. Pour cette édition, il y en a 4 000 : des moutons, des cochons, des chevaux, des lapins et des vaches bien sûr. Chaque bête est un périple en terre inconnue. Lorsque une vache rugit, ça retentit comme un cadeau qu’elle vous fait. La Perouse, une vache de race salers de 4 ans, nous accorde cette faveur. Elle lâche un doux mugissement qui nous met en émoi. La vache est sélectionnée pour le concours général. Elle appartient à l’élevage Roussel d’Anveville. On croise les doigts pour qu’elle emporte la compétition. Tout près d’elle, se tiennent des congénère qui « ne pipent mot », yeux baissés, l’esprit ailleurs sans doute. Bien calées dans la paille, elles semblent perdues dans leurs pensées.
Des rencontres dépaysantes
Certains animaux ont tout simplement décidé de tourner le dos au public. Timidité ou snobisme, allez savoir. Qu’importe, la posture nous laisse baba. Dans les allées des sept pavillons du salon, tout captive même ces moments. Ainsi cette brebis et ses agneaux qui ne daignent pas nous accorder un seul regard. Ce n’est pas grave. Ils sont mignons. Et le tempérament plaît.
D’autres ne jouent pas les effarouchés. Ils s’offrent au regard, limite, cabotins. Quand on vient au salon, on vient pour ce relationnel. Un face-à-face dépaysant.