Comment et pourquoi est né FranceAgriTwittos ?

Lorsque j’ai ouvert mon compte Twitter en 2012, il n’y avait pas beaucoup d’agriculteurs sur la plateforme. Nous nous répondions les uns les autres. Nous avons donc formé un groupe de discussion privé. Au début, c’était vraiment pour discuter entre nous. Mais nous nous sommes rendu compte qu’il y avait une grande demande, beaucoup de gens venaient nous poser des questions sur les pratiques agricoles, la pollution… On s’est dit qu’il fallait y répondre, désamorcer tout cela par anticipation.

L’idée de créer une association d’agris twittos français avec la volonté d’expliquer l’agriculture telle qu’on la vit et de faire de la communication a alors germé. Nous voulions montrer en direct ce qu’il se passe dans les fermes sans rien cacher, de façon bienveillante, pédagogique et sympathique. Nous étions alors une petite cinquantaine.
Afin d’être plus structurés et d’avoir une existence juridique, nous avons posé les bases de l’association lors d’une réunion initiée par Cyrille Champenois, le premier président. Aujourd’hui, nous sommes plus de 500 !

Quel est le but de l’association et qu’en attendent les adhérents ?

Nous sommes apolitiques, asyndicaux, autofinancés, car l’idée est de demeurer indépendants. Nous veillons à rester le plus accueillants et généralistes possible : nous avons des céréaliers, des éleveurs, des viticulteurs, du bio, du conventionnel et même des personnes hors du monde agricole. Le but est de montrer ce qui va bien, d’être un peu optimiste, sans chercher à tout repeindre en vert ! Nous sommes davantage dans une relation authentique et sincère que positive. Les agriculteurs souhaitent expliquer leur métier, prendre en main la communication et ne pas être seuls.

Pour les aider, nous publions un guide de trente pages « Comment communiquer efficacement quand on est agriculteur… (et qu’on manque de temps !) ». Il rassemble quelques astuces utiles pour parvenir à lever les malentendus et les clichés dont souffre le milieu.

Nous organisons également des sessions de formations dans des groupements d’agriculteurs, des centres d’études techniques agricoles (Ceta), des coopératives et même des syndicats pour expliquer comment fonctionne Twitter, se créer un compte, échanger, réagir. Nous intervenons aussi dans l’enseignement agricole pour faire comprendre aux jeunes que si bien faire leur travail est essentiel, le dire et le montrer est aussi important. Les réseaux sociaux peuvent être bénéfiques s’ils sont bien utilisés. Et puis dès qu’on le peut, nous faisons une foire agricole, un salon, un apéro… Il y a un gros côté convivial.

Avez-vous constaté une évolution du traitement de l’agriculture sur les réseaux sociaux ?

Il y a six ou sept ans, quand une émission disait n’importe quoi sur l’agriculture, personne ne réagissait. Aujourd’hui, entre 50 et 100 personnes vont répondre avec des sources spécifiques, chiffrées. Les agriculteurs n’ont plus peur d’aller sur les réseaux sociaux, de s’exposer et de parler d’eux. C’est bien car le monde agricole est souvent un monde un peu caché, pudique, où l’on ne se plaint pas, on travaille et on ne dit rien.

Il y a aussi une évolution de la perception des agriculteurs chez les gens qui nous suivent. De nombreuses personnes nous disent : « J’ai changé d’avis sur tel sujet parce que je vous ai suivi et j’ai compris que c’était plus compliqué que ce que je pensais. » Des journalistes nous ont posé des questions sur le marché de l’huile de tournesol ou du blé en Ukraine afin de comprendre ce qu’il se passe. Nous sommes devenus des interlocuteurs pour ceux qui voudraient en savoir plus sur l’agriculture. Nous essayons de les aider au maximum. Nous avons d’ailleurs créé une banque d’images pour qu’ils puissent illustrer leurs articles. Ce n’est jamais gagné, c’est un travail de fourmi, mais il ressort du positif de ce que l’on fait.