Face aux problématiques rencontrées par certains territoires ruraux (éloignement des bassins d’emploi et des services, mobilité, sentiments d’abandon, fermeture des commerces), l’inclusion peut être difficile. Néanmoins des dynamiques rassemblant acteurs sociaux et économiques sur un même territoire peuvent apporter des réponses à cet enjeu et à celui de cohésion territoriale.
C’est le pari que font la MSA et le Conseil de l’inclusion dans l’emploi en lançant l’appel à projets « Inclusion & ruralité ». Cette initiative permettra de soutenir, avec le concours de l’État et la MSA, une quinzaine de projets de structures d’insertion par l’activité économique en milieu rural sur 3 ans. En plus d’apporter un soutien financier et technique aux lauréats, l’ambition est de rééquilibrer et renforcer l’offre d’insertion dans les territoires ruraux. Le Pacte d’ambition pour l’insertion par l’activité économique remis en septembre 2019 par Thibaut Guilluy à Muriel Pénicaud, en présence d’Emmanuel Macron, prévoit en effet de doubler le nombre de personnes accompagnées d’ici 2022.
« La MSA a investi le champ de l’inclusion en créant le réseau Laser Emploi, pour l’accès à l’emploi sur les territoires ruraux, qui fédère des structures d’insertion par l’activité économique, et le réseau Solidel pour les personnes en situation de handicap », a indiqué Pascal Cormery en ouverture de la manifestation sur le stand de la MSA. Manifestation émaillée de témoignages de personnes travaillant dans des structures soutenues ou créées par la MSA, à l’instar de celui de Nadège Le Guyader, responsable d’Aser 18, créée il y a 25 ans dans le Cher : « Une association intermédiaire pour 60 emplois équivalent temps plein par an, sur environ 100 communes rurales du département. Ce sont également trois ateliers chantiers d’insertion (entretien des espaces verts et naturels des campagnes) et, depuis peu, un nouvel atelier chantier d’insertion innovant pour répondre aux besoins de main-d’œuvre des viticulteurs de Sancerre et de Menetou-Salon ».
Oumar, resté un à deux ans sans travail, a pu, « grâce à Aser 18, renouer avec le milieu professionnel au sein d’une équipe. Une conseillère nous aide pour faire aboutir nos démarches, résoudre nos difficultés informatiques… La plupart des personnes ont des problèmes de déplacement en milieu rural et peuvent être soutenus pour passer le permis. Les missions que j’ai faites m’ont redonné confiance en moi. »
Autre illustration de l’effet de ces initiatives en milieu rural avec Sandrine Simonot, directrice du jardin de Cocagne Chlorophylle à Romilly-sur-Seine, dans l’Aube : « L’activité agricole est difficile mais pleine de sens, nourricière. Les Jardins de Cocagne ont un impact positif sur les territoires. Le centre des monuments nationaux est venu à notre rencontre pour réhabiliter le potager d’un château. Aujourd’hui, ce sont 10 emplois, un partenariat avec des restaurateurs locaux, une épicerie itinérante… »
Quelques exemples parmi d’autres qui utilisent l’activité agricole comme support pour apporter des réponses en termes d’inclusion, d’emploi, de vie des territoires ruraux.
« Vous proposez une solution dans le cadre de cet appel à projets : multiplier les initiatives et les faire changer d’échelle. Elles permettent à des personnes très éloignées de l’emploi d’y accéder grâce au tremplin que représentent une association intermédiaire, un chantier d’insertion, une entreprise d’insertion, une entreprise adaptée, un Esat », a déclaré Muriel Pénicaud.
De son côté, Sophie Cluzel, marraine du réseau Solidel, a souligné que « la MSA est un vrai vecteur d’intégration des personnes notamment celles en situation de handicap. Inclusion et ruralité, c’est exactement ce qu’on veut faire: travailler sur les territoires avec les personnes pour leur donner l’estime de soi et l’envie de rebondir ».
Rendez-vous en mai pour le lancement de l’appel à projets et toutes les modalités. Le jury de préselection se réunira en septembre pour un début d’accompagnement dès 2021.
Conjuguer le social, l’économique et les territoires
« Pourquoi sommes-nous là avec la MSA ? Pourquoi ce mariage entre le ministère du Travail, le secrétariat d’Etat aux personnes handicapées ? Nous nous sommes engagés avec Muriel Pénicaud sur un grand plan d’ambition pour l’inclusion dans l’emploi de toutes les personnes en situation vulnérable, explique Thibaut Guilluy, président du Conseil de l’inclusion dans l’emploi. Nous travaillons évidemment main dans la main avec Sophie Cluzel puisque les personnes en situation de handicap sont particulièrement touchées par ces vulnérabilités au regard de l’inclusion dans l’emploi.
« Notre objectif est que chacun puisse trouver sa place et participer à l’échange social et économique. On sait très bien que sur des territoires, les réalités sont différentes. On n’inclut pas de la même manière à Lille et Paris que dans d’autres territoires de France.
« Il nous a semblé important de nous associer avec la MSA qui irrigue de son action de solidarité l’ensemble des acteurs agissant dans la ruralité, dans le secteur agricole, s’appuyer sur sa connaissance du terrain, de l’inclusion pour mettre les moyens du gouvernement et ceux qu’elle peut mobiliser afin de coconstruire cet appel à projets. »