Agricultrice un jour, agricultrice toujours. La formule pourrait s’appliquer à l’histoire d’Astrid Chauvière-Abelard, fille d’éleveurs de vaches limousines installés depuis trois générations sur les terres de Jallais, une ancienne commune qui a fusionné avec d’autres pour former la nouvelle ville de Beaupréau-en-Mauges. Jeune, elle ne perçoit le milieu agricole que sous l’angle de la contrainte : ses parents travaillent sans relâche du matin au soir et tous les jours de la semaine. Les vacances sont un luxe qu’ils s’accordent peu. Le tableau de cette routine ne lui donne pas envie d’en faire son métier. Astrid tente l’aventure ailleurs.
Direction la montagne où elle s’essaye à d’autres professions, notamment l’hôtellerie et la restauration. Elle décroche des missions comme saisonnière dans les Alpes et monte en grade, occupant un poste à responsabilité. Elle officie un temps dans le village des Arcs. Cette amoureuse du grand air est séduite par la beauté des massifs. Un Éden sur terre. Mais le cœur bat fort, très fort pour son pays natal et ses inoubliables paysages bocagers, une spécificité du Maine. Allez savoir si ce n’est pas cet attachement qui est à l’origine de son retour au bercail.
Fière d’une action retentissante
« C’était à l’instigation de tout le comité dont je suis la présidente. Nous avons mis en place en mai 2022 une randonnée fermière sur notre territoire. Les agriculteurs accueillaient les promeneurs et expliquaient leur métier.
L’un par exemple a montré son élevage de moutons et décrit son activité.
Des primeurs ont présenté leurs légumes. Un pomiculteur a dévoilé la particularité de la culture des pommes. Nous avons eu beaucoup de monde : près de trois cents personnes. Les gens ont aimé la balade, la trouvant intéressante et riche. »
Dans les années 2000, elle quitte l’air vivifiant de l’altitude après un « ras-le-bol », mais pas seulement. Au même moment, son père prend sa retraite. Ses parents lui proposent de rejoindre le groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec) familial et de continuer l’activité en s’associant à son frère. Elle leur répond : « Pourquoi pas ! » Après une formation, elle le rejoint en 2003. « Je suis revenue à la source, confie-t-elle, laconique. C’est arrivé naturellement. » Aujourd’hui, l’exploitation est une affaire qui roule, proposant un élevage de vaches allaitantes (une soixantaine) et de canes pondeuses. « Ma vie est là », glisse-t-elle fermement, guère découragée par l’épidémie de grippe aviaire qui a décimé les volailles en 2022.
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Avec le recul, elle voit autrement l’investissement de ses parents dans la ferme. Elle était jeune alors. Et les anciens vivaient différemment le métier agricole. Sur ce point, elle n’a pas fait comme eux. Elle n’est pas du genre à se laisser cannibaliser par le travail et à rester enfermée dans le périmètre de l’exploitation. Avec la famille, elle s’accorde des vacances et des voyages. « Il faut plus de temps et d’organisation que lorsqu’on a le statut de salarié. Mais c’est possible. Il faut s’en donner les moyens. »
Passionnée par son territoire
Passionnée par son territoire, « riche en patrimoines à découvrir », elle préside une association dédiée à la tour médiévale de la Bouëre, vestige d’un château éponyme, qui raconte aux locaux l’histoire avec un grand H de Jallais et de ses environs. Dynamique, elle s’engage comme élue à la MSA de Maine-et-Loire dès 2010 et préside un comité local de bénévoles dont la vocation est de déployer des rencontres sur des sujets porteurs pour la communauté. Bientôt, un événement va sensibiliser le canton sur la santé et le numérique. « Les écrans ont des incidences sur la santé : addiction, baisse de la vue, renfermement. Mais ils n’ont pas que des méfaits. »
Astrid est une femme épanouie grâce à cet équilibre qu’elle maintient entre son métier et les engagements pris à l’extérieur de l’exploitation. « Je suis bien dans mes bottes, mais je sors de ma ferme quand même », lâche-t-elle comme si elle partageait la recette d’un art de vivre.
On se dit tout…
Vos chanteurs préférés ? J’adore le groupe de rock britannique, The Cure (Just Like Heaven) et côté français, je suis fan de Francis Cabrel. J’aime bien les chansons à texte. Ce sont deux univers complètement différents mais j’assume.
L’auteur dont vous dévorez les livres ? Virginie Grimaldi pour ses romans dont Le Premier jour du reste de ma vie. C’est l’un de ses premiers livres. Ses textes sont des histoires de vie.
Etes-vous gourmande ? Oui. J’aime manger et bien cuisiner. C’est agréable de préparer des plats maison pour les autres.
Avez-vous le souvenir d’une bêtise qui vous amuse encore ?
Mes parents m’autorisaient toujours à sortir le samedi. Mais un jour, j’ai fait le mur la nuit pour aller danser. Je ne leur avais pas demandé de permission parce que je trouvais ça plus marrant et excitant de m’en passer. Ils ne s’en sont pas rendu compte.
Vous étiez rebelle avec vos parents ? J’étais la petite dernière d’une famille de cinq enfants. Donc ils me laissaient tout faire.