Des coloriages accrochés aux murs. Des couleurs vives dans les couloirs, les noms des professeurs inscrits sur les portes. Le doux tintouin propre aux enfants qui quittent leur classe.
Pas de doute, nous voilà à l’école. Installée au sein même du centre de rééducation, elle est unique en son genre, faisant presque oublier les chambres et salles de soins situées aux étages du dessus. Bienvenue à l’école de l’Arche.
Allier soins et cours
Elle vient de faire sa 20e rentrée dans l’établissement. Isabelle Jeffroy, coordinatrice, veille au grain. Avec trois autres collègues, détachées par l’Éducation nationale pour enseigner à l’Arche, elle accueille une vingtaine d’élèves en ce mois d’octobre. « La plupart des enfants qui séjournent ici, en hôpital de jour ou pour une longue durée en hospitalisation complète, réclament de nous rejoindre à l’école, indique l’enseignante. Elle représente la normalité, une parenthèse, dans leurs parcours parfois compliqués… » Le corps professoral travaille en étroite collaboration avec le corps médical, via des réunions pluridisciplinaires, pour définir un planning de cours approprié aux exigences de soins.
Le centre de l’Arche prend en charge des enfants atteints de pathologies du système nerveux, de l’appareil locomoteur, des troubles endocriniens et métaboliques. « Nous nous accommodons aux besoins de chacun, comme à tous types de handicaps et de difficultés. Avec de la pédagogie et l’expérience, nous arrivons à avancer sur les programmes et à progresser, poursuit la responsable. Cela passe par des cours individuels et jusqu’à 4 ou 5 élèves par créneau en moyenne. C’est parfois un défi d’établir un emploi du temps hebdomadaire, mais nous y parvenons toujours ! »
Chaque classe est spécialement agencée et équipée de matériels adaptés. Psychologue, ergothérapeute ou orthophoniste entourent les équipes éducatives, les enfants et les parents.
Maintenir les liens
Les enseignants de l’Arche se fixent un objectif principal : assurer la continuité scolaire. De la maternelle au lycée, ils dispensent donc les fondamentaux que sont les mathématiques et le français. Des professeurs issus de collèges ou lycées des alentours, intervenant une fois par semaine au pôle régional du handicap assurent les cours de langues étrangères et d’histoire-géographie.
« Il est très important de veiller à maintenir le lien avec l’école d’origine de l’enfant hospitalisé, par souci de cohérence et surtout de cohésion, complète Valérie Simon, également enseignante. Nous sommes en contact régulier avec les professeurs pour assurer un suivi et fournir des bulletins détaillés. »
L’ouverture à l’extérieur est également entretenue grâce à plusieurs sorties organisées au fil de l’année. « Nous mettons en place des projets nature, à proximité du centre, artistiques, en partenariat avec les musées de Malicorne et de Tessé situés dans le secteur, et sportifs. On organise notamment le Grand prix fauteuil au printemps sur le circuit Alain Prost du Mans. Ces sorties éducatives et culturelles, encadrées par des éducateurs et les enseignants, contribuent au bien-être des enfants, explique Isabelle Jeffroy. Ça leur permet de s’échapper quelques instants de leur quotidien trop souvent lié à la médecine. »
Une école ordinaire dans un lieu hors du commun
Faire en sorte que les enfants se détachent de la douleur, des blouses blanches, de l’odeur des médicaments et produits désinfectants est un sacerdoce pour cette équipe enseignante. Et c’est un engagement qui se traduit par des réussites.
Plusieurs élèves ont brillé dans leurs études supérieures à la suite de leur passage à Saint-Saturnin. Une patiente a même récemment pu passer son baccalauréat depuis une classe de l’Arche, spécialement mise à disposition pour elle. Dans cette école « ordinaire », établie dans un lieu hors du commun, examens médicaux et examens scolaires font bon ménage.
À lire : redécouvrez notre reportage au sein du pôle régional du handicap.
Un nouveau pôle pédiatrique
Créé en 1973 sous l’égide de la MSA, le centre de l’Arche vient de fêter ses 50 ans. « Il a été construit sur le terrain d’une ancienne ferme et sous l’impulsion d’un agriculteur sarthois, rappelle Roselyne Besnard, qui a présidé le Pôle régional du handicap (PRH) de 2001 à 2015. Depuis, l’établissement n’a cessé de s’agrandir et des milliers de personnes ont franchi ses portes. »
« Cet anniversaire est un événement unique et s’inscrit dans la continuité. Il marque en effet le début de la construction du nouveau pôle pédiatrique », enchérit Annick Poulard, actuelle présidente du PRH et déléguée à la MSA Mayenne-Orne-Sarthe.
Le 23 septembre, élus locaux, équipes de direction et salariés se sont réunis pour la pose de la première pierre du futur bâtiment de l’Arche. Le nouvel espace de 5 000 m2 doit ainsi permettre de répondre plus largement aux demandes d’accueil d’enfants et d’adolescents.
L’école y sera désormais intégrée et comptera un jardin pédagogique. « C’est un moment symbolique très fort pour la MSA. Un projet novateur et porteur d’espoirs », insiste Anne Gautier, présidente de la MSA de Maine-et-Loire et vice-présidente de la CCMSA.
« L’Arche est aujourd’hui une référence nationale et son expertise est reconnue, conclut Audrey Guillas, directrice adjointe de l’Agence régionale de santé de la Sarthe. Cet investissement va permettre de créer 27 places supplémentaires en pédiatrie. » Le coût du projet est annoncé à 20 millions d’euros. Sa mise en service est prévue dès 2025.