Avec seulement 73 médecins généralistes libéraux pour 100 000 habitants (chiffres 2022, Drees), la Normandie se classe parmi les régions les moins bien dotées en termes de densité médicale en France. La moyenne nationale est de 83 pour 100 000 habitants. Face à cette réalité préoccupante, la MSA Côtes Normandes organise son troisième Éduc’tour à la rentrée. Ce séminaire interprofessionnel vise à attirer les futurs professionnels de la santé et du social vers les zones rurales en leur faisant découvrir les opportunités et spécificités de la pratique coordonnée dans ces territoires.

Une immersion dans la ruralité

Basé sur le volontariat et pensé pour permettre aux étudiants de découvrir l’exercice en milieu rural, le programme se déroule en deux temps. La première étape consiste en un séminaire interprofessionnel de deux jours où les participants, issus de diverses filières (médecine, pharmacie, kinésithérapie, etc.), apprennent à se connaître et à travailler de manière coordonnée. Cette approche, centrée sur le patient, vise à renforcer la collaboration entre les futurs professionnels et à leur offrir une vision globale du soin en milieu rural.

La seconde étape est immersive. Les étudiants sont invités à passer une journée dans une structure de santé. En 2024, trois visites sont programmées dans les pôles de santé d’Alençon (26 000 habitants), Valognes (6 700 habitants) et Mézidon-Vallée d’Auge (9 900 habitants). Ces journées sont l’occasion pour eux d’échanger directement avec les professionnels en poste, d’explorer les infrastructures et de comprendre les dynamiques locales.

Les premiers retours sont prometteurs. En Normandie, après le séminaire de 2023, 93 % des participants estiment avoir une meilleure vision de l’exercice coordonné et 89 % envisagent de s’installer dans ce type de structure. De plus, 83 % des étudiants affirment mieux appréhender le travail en milieu rural et 76 % envisagent sérieusement de s’y installer.

Donner un accès à la santé

Éduc’tour repose sur une coopération étroite entre plusieurs acteurs, dont les filières de formation en santé et social, les municipalités, les pôles de santé et les agences d’attractivité. Ensemble, ils œuvrent pour redynamiser les territoires ruraux en offrant aux futurs professionnels une perspective enrichissante de la pratique coordonnée. En misant sur la collaboration interprofessionnelle et la découverte du milieu rural, le programme pourrait bien être une clé pour lutter contre la désertification médicale.

En renforçant les liens entre étudiants et professionnels déjà installés, il contribue à rendre ces territoires plus attractifs et à assurer un avenir meilleur pour l’accès aux soins. Onze caisses de MSA ont déjà réalisé au moins un séminaire sur leur territoire, 20 autres ont démarré la mise en œuvre du dispositif. Chaque caisse de MSA a pour objectif de réaliser un séminaire minimum sur son territoire d’ici 2025.

Ils ont suivi l’édition 2023

  • Étudiantes infirmières :

« Ce qui m’a le plus marquée, c’est l’interdisciplinarité. Rencontrer d’autres professionnels envers qui, il faut l’avouer, j’avais certaines représentations totalement fausses concernant leur métier, leur mission et le fait que nous ne communiquions pas toujours bien. Cela permet de mettre tout le monde sur un pied d’égalité et d’échanger ensemble. »

« Cela m’a confortée dans ma conviction qu’exercer seule, ce n’est tout simplement pas possible. »

  • Étudiant en médecine :

« Le moment le plus fort a été la rencontre avec les différents intervenants du pôle. Nous avons vraiment vu tout le monde, du kiné aux infirmières, ainsi que tout le maillage territorial qui existe, et qui fait qu’il y a une vraie une dynamique interprofessionnelle au sein du Pôle de santé libéral ambulatoire. »