Roi Morvan, petite communauté de communes, aux confins du Morbihan, se laisse inspirer par ce monarque, considéré comme le premier d’une Bretagne unifiée du IXe siècle. Ici, les organismes sociaux unissent leurs forces pour améliorer la vie sur ce territoire rural et agricole. La MSA, la CAF et Roi Morvan communauté (ou RMCom) ont en effet décidé de collaborer dans une démarche participative de développement en direction des familles.
Une approche appuyée par un contexte législatif qui renforce depuis 2015 les compétences des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) et, ainsi, amène à travailler différemment, dans une approche globale sur le territoire.
« Lors de différentes rencontres entre responsables de la CAF et de la MSA, nous avons chacun présenté nos projets, une convention territoriale globale (CTG) pour la CAF et la charte avec les familles de notre côté, explique Nadège Corso, chargée d’études action sanitaire et sociale, qui pilote ce projet à la MSA Portes de Bretagne. C’est là que nous nous sommes rendu compte qu’il y avait beaucoup de similitudes… Alors, plutôt que de travailler chacun de notre côté, nous nous sommes dit : expérimentons et mettons à disposition nos savoir-faire, notre ingénierie et nos outils au service d’un même territoire, d’une mission commune. Nous avons fusionné les deux documents pour n’en faire qu’un. »
C’est ainsi qu’est née une convention de partenariat unique dénommée « projet social de territoire » entre Roi Morvan communauté, la CAF du Morbihan et la MSA Portes de Bretagne. Signée le 19 avril 2018, pour quatre ans. Comme toute charte MSA, la première étape, qui bat son plein en 2018, consiste à établir un diagnostic territorial afin d’identifier les forces, les faiblesses et les besoins prioritaires, et définir des champs d’intervention à privilégier.
Attirer les jeunes ou les faire rester
Unifié depuis 1999, ce territoire compte 21 communes réparties sur trois cantons et 763 km2, pour 26 500 habitants. Les familles avec enfants y représentent près de 30 % des ménages. Comme pour beaucoup de pays ruraux, qui comptent plus de seniors que de jeunes, l’idée est donc de dynamiser pour attirer les jeunes ou les faire rester, en optimisant l’offre existante et/ou en développant une nouvelle. Un pré-diagnostic a été réalisé entre juillet et septembre 2017 auprès des acteurs locaux afin de réaliser un portrait social de territoire. Des cafés parents/ados ont également eu lieu en avril 2018 pour recueillir leurs besoins et leurs envies.
Huit thématiques sont ressorties de ce portrait : l’habitat, la mobilité, le travail en réseau, le vieillissement, la santé, l’enfance et la famille, l’emploi et l’insertion, le numérique. Ces trois derniers ont été retenus comme axes de travail pour 2018. Des ateliers ont alors été mis en place entre avril et juin avec les acteurs sociaux, les élus locaux, délégués MSA et habitants volontaires. Conseil départemental, régional, associations, travailleurs sociaux… Ils sont entre 30 et 40 personnes à y avoir participé.
Louis Kersulec, exploitant agricole retraité, président du comité local MSA de Gourin et délégué à RMCom, ainsi que trésorier de la mission locale du pays centre ouest Bretagne, a participé à l’atelier sur le numérique. « C’est une très bonne chose que tous ces organismes se mettent autour d’une table avec les élus pour montrer ce qu’ils font sur le territoire, et définir une stratégie commune. La plupart du temps, chacun travaille dans son coin et les habitants s’y perdent, ne comprennent pas qui fait quoi. Ça permet trouver une cohérence, une synergie, de détecter les manques et réfléchir aux solutions pour les compenser. Il y aura ainsi moins de doublons inutiles, qui sont une perte d’énergie et d’efficacité ! »
Favoriser les liens entre parents
Lors des ateliers, les échanges étaient riches et les idées ne manquaient pas. L’objectif : compléter des fiches en faisant un état des lieux, pointer les carences, les buts à atteindre et les pistes d’actions. Sur le thème de l’emploi et l’insertion, par exemple, l’objectif principal qui est ressorti des discussions est un accompagnement global pour lever les freins de l’accessibilité à l’emploi. « Il faut partir du point de vue des personnes, comprendre comment elles pensent, c’est important pour y parvenir », avise Antoine Le Gal, responsable territorial au conseil général du Morbihan, lors de la session du 22 mai au Faouët.
« Il convient de s’inspirer des actions d’autres territoires, ajoute un autre participant. Comme ces cafés-rencontres employeurs/candidats qui se font dans la région. » Faciliter la mise en relation entre offre et demande, un autre objectif ciblé. « La question de la mobilité est également très importante, note Louis Kersulec. Particulièrement pour l’insertion des jeunes qui veulent se rendre dans les missions locales pour des formations. Elles pourraient, pourquoi pas, se délocaliser selon les besoins, et aller vers eux plutôt que l’inverse. Il faut essayer de récupérer une partie de ces jeunes qui ont décroché des cursus scolaires, leur donner un minimum de formation. »
Côté enfance/jeunesse, les participants font état d’un besoin qui se ressent sur le terrain : favoriser les liens parents-enfants, mais aussi entre parents, pour ne pas qu’ils se sentent seuls face à leurs problèmes. Plusieurs idées sont ainsi déjà en réflexion à la suite des ateliers, comme la création d’un espace de vie sociale, une MSAP (1) itinérante, des lieux d’accueil enfants/parents, des cafés rencontre de parents, ou encore la création d’un foyer de jeunes travailleurs pour répondre à l’activité saisonnière des industries agroalimentaires, nombreuses sur le territoire.
Prochaine étape : la validation d’un plan d’actions le 2 octobre par le comité de pilotage, sur proposition des participants, avant une restitution de tout le travail engagé par le biais d’une pièce de théâtre le 30 novembre prochain. Le partage sous toutes ses formes !