Le choix du lieu n’est pas anodin, puisque que la MSA Sud Champagne a lancé sur son territoire il y a maintenant plus de vingt ans son dispositif Réagir en Haute-Marne avec la chambre d’agriculture et les syndicats professionnels, accessible aujourd’hui sur les dix départements de la région.
« Il n’y a pas de profil type à la détresse psychologique »
Cette question, discutée vivement ces dernières années, a fait l’objet de propositions communes des représentants du CAF en juin dernier afin de renforcer et unifier les accompagnements en anticipation du plan interministériel, lancé le 23 novembre. Lors de l’atelier, les participants reviennent sur les réponses concrètes à renforcer ou mettre en œuvre pour bâtir les conditions du bien-être de nos agriculteurs. « Ça peut toucher tout le monde, il n’y a pas de profil type à la détresse psychologique, explique Sophie Cot-Rascol, consultante en santé psychologique et responsable de la plateforme Agri’Écoute [joignable au 09 69 39 29 19, prix d’un appel local]. En parler, avec des personnes en qui on a confiance, c’est très important, le début d’une autre solution. Ceux qui appellent Agri’Écoute évoquent leurs difficultés au sens large puisque leur vie professionnelle, c’est leur vie. Il n’y a pas cette segmentation qu’on peut faire plus aisément dans d’autres secteurs. »
« Dans la profession, le suicide était perçu comme un sujet difficile à aborder, souligne Christiane Lambert. Ce qu’il nous fallait pour parvenir à en parler, c’est d’arriver à objectiver : qui sont ces personnes, leur âge, leur métier, leurs contraintes… ? Ce que nous avons pu faire avec l’aide des études de la MSA. Ça oblige à tenter de percevoir quel est le déclic : qu’est-ce qui fait qu’une personne passe à l’acte. »
« Au-delà de parler des suicides, il faut avant tout essayer de comprendre et de prévenir toutes les phases en amont, acquiesce Isabelle Ouédraogo, coprésidente du comité d’action sanitaire et sociale de la CCMSA. La MSA, via son conseil scientifique, a retenu des projets de chercheurs qui vont nous permettre à l’avenir d’identifier plus finement les secteurs géographiques et professionnels des populations qui passent à l’acte. »
Les agriculteurs font leur travail sous le regard des autres, nos champs, nos vignes, nos vergers sont au vu et su de tout le monde, c’est un métier à ciel ouvert.
Christiane Lambert
Des causes multiples, des aides adaptées
« Le suicide en agriculture est multifactoriel, c’est un environnement complexe qu’on a encore du mal à appréhender, signale Jean-François Fruttero, président de la MSA Dordogne, Lot et Garonne et administrateur central. La MSA y travaille depuis son premier plan mal être en 2011. »
Agri’Écoute, qui dispose désormais d’un tchat en ligne avec les psychologues, sentinelles formées à la détection, accompagnement à la succession, remboursement de séances chez le psychologue, séjours de répit, cellules pluridisciplinaires de prévention, ateliers « Avenir en soi », « Et si on parlait du travail ? », aménagement entre vie professionnelle et personnelle, attractivité du métier… Au fil des discussions, les intervenants passent en revue les dispositifs existants et les points sensibles à travailler. La détection des situations est une préoccupation majeure. « Ça reste la vraie difficulté, martèle Pascal Cormery, président de la CCMSA. Parmi nos sentinelles, il ne faut pas oublier les vétérinaires, les banquiers, les centres de gestion, les médecins de famille… que la MSA peut former. »
« Tous les regards bienveillants doivent être mobilisés, conclut Christiane Lambert. Nous montrons notre alliance sur ce sujet qu’on prend à bras-le-corps, qui n’est plus un tabou. Il faut aussi parler de l’agriculture qui réussit, qui fonce, qui y croit, qui se redresse, qui attire les jeunes. Au moment où tout le monde dit chercher un métier de sens, d’initiative, il y a des possibilités qu’on sous-estime nous-mêmes, agriculteurs. »
Faites vos propositions
Chacun peut apporter sa contribution jusqu’au 30 novembre sur la plateforme en ligne concertation.agissonspourlaruralite.fr
Vous pouvez notamment répondre à l’enquête « Du mal-être au bien-être agricole, quel accompagnement ? » ici.