Salades, céleris, choucroute, endives, courgettes, tomates, poivrons, aubergines et cornichons. Frais, en soupe ou en bocaux. À « La rosée du matin », ferme maraîchère installée à Saint-Laurent-d’Agny, petite commune du Rhône située à trente minutes de Lyon, Pierre Barnéoud et Cédric Marchand cultivent des légumes bio. Ces deux associés en Gaec et leurs cinq salariés cultivent également l’art de bien vivre au travail. Un état d’esprit conforté par l’intervention des équipes de prévention des risques professionnels de la MSA Ain-Rhône et d’un ergonome. Pourtant, au départ, cela n’allait pas de soi…

« Quand la MSA nous a proposé l’intervention d’un ergonome, on ne voulait pas en entendre parler »

« Quand le conseiller en prévention de la MSA nous a proposé l’intervention d’un ergonome, on ne voulait pas en entendre parler, se souvient Cédric Marchand. Nous n’étions pas très chauds. D’autant plus qu’avec un permis de construire déposé et un plan de financement bouclé, nous avions la conviction que notre projet était mûr. On pensait aussi que son intervention allait générer des coûts. Pourtant, aujourd’hui, avec le recul, on se rend bien compte que non seulement ce n’était pas le cas, mais en plus, à moyen ou long terme, sans même sans rendre compte, on allait droit dans le mur. »

« La rosée du matin », ferme maraîchère installée à Saint-Laurent- d’Agny, petite commune du Rhône située à trente minutes de Lyon, Pierre Barnéoud et Cédric Marchand cultivent des légumes bio. Economie. Solidarité. Les MSA Auvergne et Ain-Rhône accompagnent les agriculteurs, en intégrant les dimensions humaines et de santé et sécurité en amont de la conception des projets d’investissement agricole.
« La rosée du matin », ferme maraîchère installée à Saint-Laurent- d’Agny, petite commune du Rhône située à trente minutes de Lyon, Pierre Barnéoud et Cédric Marchand cultivent des légumes bio.

À l’époque, le départ à la retraite de l’un des associés fondateurs a pourtant rendu la construction d’un nouveau bâtiment indispensable car sa maison abritait alors la zone de lavage des légumes et la chambre froide du Gaec. « Nous avions besoin de stocker rapidement nos légumes. » Il fallait donc aller vite.

« On était sur le point de construire une nouvelle chambre froide et un nouveau laboratoire sans avoir réglé les problèmes de manutention qui nous pourrissaient la vie. Il a fallu tout remettre à plat : notre façon de travailler, de nous organiser, de nous déplacer, redéfinir l’ensemble de nos besoins. Un travail énorme. Par moments, on ne l’a pas très bien vécu et on a même pensé à mettre l’ergonome dehors, avoue Cédric Marchand dans un grand éclat de rire. Nous autres, paysans, préférons avoir les mains dans le cambouis ou plutôt dans la terre, que de travailler stylo à la main. Mais, petit à petit, ce travail nous a permis de comprendre quels étaient réellement nos besoins et de repenser totalement notre projet. Résultat : le plan de notre bâtiment, qui tenait jusqu’alors sur une seule feuille A4, nécessite désormais plusieurs feuilles A3 pour le contenir ! »


Ce travail nous a permis de comprendre quels étaient réellement nos besoins et de repenser totalement notre projet.

« Dans leurs précédentes installations, ils faisaient jusqu’à neuf allers-retours entre leurs différents postes de transformation, explique Joffrey Beaujouan, l’un des ergonomes qui est intervenu à « La Rosée du matin ». Des piétinements qui occasionnaient à chaque fois des manutentions, synonymes de fatigue et de perte de temps. En réfléchissant avec eux au travail réel, nous avons pu réduire ces manutentions successives à trois dans le nouveau bâtiment. » Un gain appréciable pour toute l’équipe.

« Nos adhérents sont essentiellement des TPE. Dans ce type d’entreprise agricole, le responsable d’exploitation a toutes les casquettes : gestionnaire, DRH, vendeur, opérateur…, explique Matthieu Danguin, responsable de la prévention des risques professionnels à la MSA Ain-Rhône. Lorsque, comme eux, on a le nez dans le guidon, on n’a pas forcément le temps de réfléchir aux multiples aspects d’un projet d’investissement. Les agriculteurs sont souvent bien accompagnés sur la partie architecturale et technique, mais n’ont pas les outils pour réfléchir au travail lui-même et à la façon de l’organiser, regrette-t-il.

« L’accompagnement proposé par la MSA fait intervenir un préventeur et un ergonome, qui vont décortiquer avec le chef d’entreprise toutes les phases du travail, identifier les points de vigilance en termes de risques et apporter des améliorations d’organisation pour le rendre plus fluide, mieux sécurisé et finalement plus efficace. Cette nouvelle approche intègre les impératifs du travail et les logiques de santé et sécurité en amont de la conception des projets. » Dans le cas du Gaec « La rosée du matin », six jours d’ergonome ont été financés par la MSA dans le cadre d’un contrat de prévention.

« Quand on arrive, explique Joffrey Beaujouan, le chef d’entreprise pense que son projet est ficelé alors que, le plus souvent, pas du tout. Les défauts d’un projet en termes d’ergonomie peuvent être comparés à des lézardes sur les murs d’une maison qui semblent anodines au début mais qui s‘élargissent au fil du temps pour finalement remettre en cause la solidité du bâtiment et la viabilité de la structure. »

« Aujourd’hui, ce bâtiment fonctionnel nous simplifie la vie »

Cédric Marchand confirme : « L’ergonome nous a permis de nous rendre compte qu’on avait également fait de mauvais choix pour l’avenir. L’emplacement sélectionné pour installer notre laboratoire empêchait toute possibilité d’extension des réserves sans avoir à reconstruire complètement l’ensemble. Aujourd’hui, ce bâtiment fonctionnel est un vrai bonheur qui nous simplifie la vie. On a beaucoup moins mal au dos et on travaille plus vite. J’avais fini par trouver normal de souffrir en exerçant ma profession. Il nous a aussi rappelé l’importance de nous économiser pour durer dans nos métiers physiques. »

Élevage bovin, scierie, coopérative laitière, Cuma, arboriculteurs, entreprise du paysage et même une entreprise du tertiaire agricole, employant de un à trente salariés, ont été accompagnés depuis que les équipes de la MSA Ain-Rhône se sont lancées dans la démarche en 2014. Soit 26 projets au total. « Cette offre d’accompagnement Réussir son projet d’investissement, portée par nos élus MSA Ain-Rhône, remporte beaucoup de succès auprès des agriculteurs qui l’ont expérimentée, constate avec satisfaction Matthieu Danguin. Le fait de se poser et de réfléchir à leur projet avec nos experts leur a permis d’identifier ce qui fonctionne et ce qui doit être amélioré, et de repenser l’organisation globale du travail. Ils peuvent ainsi se recentrer sur leur cœur de métier et gagner en sérénité. »

La MSA à Préventica Lyon

Du 29 au 31 mai, les équipes de la MSA étaient présentes à Préventica Lyon, le salon dédié à la santé-sécurité au travail. Au programme, trois conférences sur les thèmes de la performance des investissements, de l’hygiène au travail et des risques psychosociaux. Sur le stand, les experts des MSA Ain-Rhône, Alpes du Nord, Ardèche Drôme Loire et Auvergne ont exposé leurs derniers dispositifs de prévention développés pour le secteur agricole. Notamment, un nouvel outil interactif qui permet de faire vivre de façon immersive une situation dangereuse : la chute de hauteur. Une autre façon de montrer aux visiteurs comment la MSA sensibilise ses adhérents pour prévenir ce type de risque.