Une mise en musique concrète de la proximité des équipes et des délégués, à travers une démarche simple mais très appréciée. Quelques-uns d’entre eux nous en témoignent.

Christelle Cassen, animatrice de l’échelon local dans les Landes

« Les assurés sont ravis de pouvoir discuter au téléphone, ils racontent comment ils occupent leurs journées. »

Un mailing a été adressé à l’ensemble des salariés de la MSA Sud Aquitaine pour proposer, sur la base du volontariat et sur notre temps personnel, de passer des appels à des personnes âgées de 75 à 85 ans, vivant dans des communes de moins de 1 000 habitants, sur une période d’une quinzaine de jours. Les délégués sont eux aussi associés à l’opération. Il s’agit de prendre des nouvelles, de s’assurer que les personnes ne sont pas isolées et éventuellement d’identifier des besoins, des difficultés – ce qui n’a pas été le cas pour les coups de fil que j’ai passés jusqu’à présent.

Les assurés sont ravis de pouvoir discuter au téléphone, ils racontent comment ils occupent leurs journées. Leurs inquiétudes sont liées à la maladie et au fait de ne pas pouvoir circuler comme d’habitude.

Au printemps, nous avions notamment pris contact pour inciter les personnes à se tourner vers les services en ligne afin de pouvoir effectuer leurs démarches et de garder le lien avec la MSA. Certains appels nous avaient également permis de déceler des situations d’adhérents fragilisés par la crise, avec une démarche proactive des différents services pour les accompagner et déclencher des aides si besoin. Après l’annonce du deuxième confinement, une baisse de moral a été ressentie, avec l’impression de faire machine arrière. Ce geste solidaire qui consiste à donner un peu de son temps personnel pour des appels téléphoniques est un moment convivial, générateur d’émotion. C’est gratifiant car on se sent utile. Les délégués volontaires se sont mobilisés pour passer ces coups de fil. En tant qu’animatrice de l’échelon local, je les ai accompagnés et suis entrée en lien avec les nouveaux élus que je ne connaissais pas. Mon métier fonctionne avec le contact. Aujourd’hui, on n’a qu’une hâte : c’est de pouvoir se rencontrer.

Coralie Seguin, salariée au service santé-sécurité au travail et élue MSA dans les Landes

« C’est notre rôle de délégué d’être présent sur ce type d’actions. Nous donnons du sens à l’engagement de la MSA, à ses valeurs mutualistes, à son côté humain. »

C’était pour moi une évidence de participer à une démarche solidaire et sociale, alors que le reconfinement était pour beaucoup dur à accepter. Les personnes âgées ont mal vécu l’annonce de celui-ci par crainte d’un nouvel isolement et d’absence de contacts. Il me tenait à cœur d’être présente pour elles, de leur apporter un peu de chaleur, même si elles voient plus de monde cette fois-ci et sont généralement entourées par les familles. Nous téléphonons pour prendre des nouvelles et les assurés racontent leur quotidien. Ce qu’ils expriment aussi, c’est la crainte du futur, des prochains mois.

Un appel m’a particulièrement touchée. J’avais laissé un message à une adhérente que je n’arrivais pas à joindre. C’est son fils qui m’a rappelée pour me raconter qu’à la fin du premier confinement, sa maman lui avait dit qu’elle ne voulait plus être confrontée à une situation de ce type. Elle l’avait très mal supportée. C’est pourquoi elle a souhaité entrer en maison de retraite, pour ne pas se sentir seule. Elle y est entourée par le personnel et les autres résidents et ne regrette pas son choix. Salariée au service santé et sécurité au travail et à la cellule pluridisciplinaire de maintien dans l’emploi, j’exerce par ailleurs mon premier mandat en tant qu’élue. À ce titre-là aussi, il était évident d’être volontaire ; c’est notre rôle de délégué d’être présent sur ce type d’actions. Nous donnons du sens à l’engagement de la MSA, à ses valeurs mutualistes, à son côté humain. Cela me permet aussi de me faire connaître sur mon territoire. Nous avons été accompagnés par les animatrices de l’échelon local dans notre prise de fonction. Lors du premier confinement, j’avais échangé avec Christelle Cassen pour savoir ce que je pouvais apporter au niveau de mon canton. Elle m’a conseillé de prendre contact avec les communes, ce que j’ai fait. L’initiative a été très bien reçue. Elles ont désormais mes coordonnées et peuvent me joindre si besoin.

Sandrine Fargues, salariée au centre de contact MSA de Saint-Pierre-du-Mont

« Je téléphone aux gens après mes journées de travail. Ces contacts et les retours positifs me reboostent et embellissent mes soirées. »

Cette opération me tient à cœur et je m’y suis tout de suite inscrite. Très émouvante, elle offre de la solidarité et de la convivialité, et cela me parle. C’est un plaisir de faire vivre les valeurs de la MSA en allant au contact de la population. Pour le moment, beaucoup des appels que j’ai passés ont été pris par les enfants lorsque les personnes âgées vivent sous le même toit que leur fils ou leur fille. Celles avec lesquelles j’ai eu un échange direct sont pratiquement toutes autonomes et bien entourées. Mais elles se sentent moralement affectées par la situation et, malgré la présence de leurs proches, peuvent s’ennuyer et ont besoin de parler. Elles n’ont plus les mêmes habitudes, se protègent en restant à domicile et ont donc très peu de contacts avec l’extérieur. Or, cette génération est constituée de gens actifs, pour lesquels le travail était primordial. À la retraite, ils sont encore très dynamiques, bougent, aident les voisins. La situation doit être compliquée pour eux car ils se sentent moins utiles et moins impliqués dans la vie.

Dans mon activité quotidienne, je reçois des appels difficiles, parfois virulents. Avec cette opération, on va vers l’assuré et c’est génial. Je téléphone aux gens après mes journées de travail. Ces contacts et les retours positifs me reboostent et embellissent mes soirées. Tous remercient la MSA et, derrière, on sent qu’ils aimeraient bien être rappelés. Je pense que l’action devrait être maintenue dans le temps. Même sans pandémie, il y a des besoins sur le territoire.

Nicole Paloque, retraitée du Crédit agricole, administratrice MSA dans les Pyrénées-Atlantiques

« Nous les écoutons et nous nous assurons aussi que tout est en ordre au niveau de leur dossier. »

Au printemps, la MSA nous avait demandé si nous étions volontaires pour passer des appels de convivialité. L’opération a été réactivée en décembre. Je prends des nouvelles pour savoir si la personne a un besoin particulier, pour voir comment elle vit le confinement. Nous sommes proches des gens et portons les valeurs de la MSA. Parfois, notre appel tombe à une période difficile de leur vie : deuil, problème de santé… et ils éprouvent le besoin d’en parler. Nous les écoutons et nous nous assurons aussi que tout est en ordre au niveau de leur dossier. Si ce n’est pas le cas ou s’ils ont une demande particulière, nous adressons un message à la MSA pour la prendre en charge.

Lors du premier confinement, j’ai appelé une cinquantaine d’adhérents. Ils racontent leurs histoires, leurs bobos, nous discutons jardinage, voisinage et entraide… En mai, on pensait en sortir mais toute l’année aura finalement été comme ça. Les gens en ont marre. Les échanges durent plus longtemps et sont importants pour leur remonter le moral. Le monde agricole, c’est mon monde. J’ai l’impression d’apporter de la chaleur aux gens, je sais les écouter et je le fais avec beaucoup de plaisir. J’appelle des personnes qui résident pour partie sur mon canton ; certaines découvrent que je suis administratrice. Je leur explique mon rôle d’élue, de relais. Quand elles me disent « merci, on ne se sent pas seul », on comprend que ces coups de fil sont en phase avec leurs besoins dans cette période si particulière.

Karine Matharan, coordonnatrice santé publique et offre de soins sur les territoires

« Nous y avons mis en place des actions pour les retraités et proposons notamment de faire les courses si besoin. »

Je me suis rendue disponible car les personnes âgées ont besoin de soutien. En tant qu’organisme social, la MSA se doit d’être proche de ses assurés. Sur un plan personnel, je suis investie sur ma commune de moins de 500 habitants en tant que conseillère municipale. Nous y avons mis en place des actions pour les retraités et proposons notamment de faire les courses si besoin. Mais nous sommes moins sollicités que lors du premier confinement.

Dans la continuité, je souhaitais participer à l’opération de la MSA pour maintenir le lien avec les personnes âgées et isolées. On prend le temps de discuter, de les écouter, de s’intéresser à leur quotidien. Elles se disent inquiètes et angoissées par le contexte sanitaire mais restent très vigilantes sur le respect des gestes barrières. Elles soulignent le manque de relations sociales, l’absence d’activité. Elles sont pour la plupart autonomes et nous disent que tout est mis en place (aide, téléassistance) si nécessaire pour bien vivre à domicile. Généralement, leur famille n’habite pas très loin. Chacun a sa vie professionnelle et ne peut pas toujours rendre visite facilement. Et les proches ont eux aussi le souci de préserver la personne et de réduire les contacts. Mais les gens que j’ai eus en ligne ne vont pas passer seuls les fêtes de fin d’année.

Corinne de Sales, animatrice de l’échelon local dans les Pyrénées-Atlantiques

« Ces échanges sont riches ; ils sont aussi l’occasion de faire remonter des situations, d’apporter des réponses, d’orienter. »

C’est la première fois que je ne peux pas exercer pleinement mes missions du fait de la situation sanitaire. Il est compliqué pour les nouveaux élus d’arriver sur un mandat dans ce contexte. Je les ai systématiquement appelés pour faire connaissance et parler de leur rôle essentiel de relais en cette situation de crise. Certains se sont spontanément inscrits pour passer des appels de convivialité et je les ai accompagnés ; pour les guider, faire le lien avec les services, les aider à évacuer si des situations difficiles étaient rencontrées.

La MSA est un organisme de service public composé de femmes et d’hommes qui privilégient le contact humain. Il est très positif qu’elle enclenche son réseau de solidarité, même si ces appels pouvaient au départ paraître anodins. Ils sont précieux. Les assurés apprécient qu’on prenne le temps de les joindre. Ils se sentent en confiance, s’autorisent à communiquer leur ressenti, expriment leurs craintes. Ces échanges sont riches ; ils sont aussi l’occasion de faire remonter des situations, d’apporter des réponses, d’orienter. Pour nous, c’est se sentir utile en tant que salarié MSA, donner de soi, être à l’écoute et faciliter le lien. Notre organisme est là en cas de problèmes sanitaires, économiques, psychologiques… Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons être au rendez-vous.

Photo d’ouverture : © Sylvain Cambon/CCMSA Image