Si Provins est réputée pour ses Médiévales, la ville s’ouvre régulièrement à d’autres univers avec son forum annuel. Foin des cottes de maille, sa 16e édition, du 4 au 9 novembre, est consacrée au numérique. Pourtant, là aussi, il est important de bien s’armer tant il est facile de se retrouver diminué devant cette réalité… augmentée !  

L’éditorial du programme le confirme : « À l’heure où 76 % des Français se disent prêts (sur le principe) à adopter de nouvelles technologies, il n’en demeure pas moins que 13 millions sont en difficulté avec les services du numérique et 40 % inquiets à l’idée de réaliser leurs démarches en ligne… ». Une édition qui n’oublie pas non plus d’aborder le sujet dans ses dimensions tant sociales ou économiques qu’environnementales. Rappelons qu’une recherche Google émet 7g de CO2 ; un mail 10g, soit l’équivalent de l’émission d’une ampoule basse consommation pendant une heure (un mail avec une pièce jointe émet 19g) !(1)  

Accompagner nos adhérents sur le terrain

Entre les conférences, les expositions, les visites et les ateliers, la MSA Île-de-France est présente. Elle s’inscrit dans le parcours de deux heures réservé aux scolaires de Seine-et-Marne. Entre 15 et 20 classes par jour sont accueillies, en plus du grand public. Le stand de la MSA se situe dans la deuxième partie de l’exposition, « Les usages ».  

Vendredi 8 novembre en soirée, Laurent Pilette, directeur général de la MSA Île-de-France, harangue un parterre d’officiels. « Le numérique permet à nos compétences humaines de dégager du temps pour accompagner nos usagers sur le terrain, explique-t-il. Nous continuons à investir au plus près les territoires ruraux et agricoles. » Car derrière les chiffres sur la dématérialisation des démarches avancés pour l’Île-de-France en 2019 — 113 000 particuliers et 12 000 entreprises inscrits aux services en ligne (SEL), 250 000 pages vues sur le site internet — la MSA ne se déshumanise pas, fidèle à son ADN !  

Le décor est planté. Il ne reste plus qu’à l’animer. C’est une tâche confiée à des prestataires et aux agents de la caisse. Sur le stand, ils présentent la démarche de la MSA vers le numérique — chiffres clés à l’appui — et mettent en avant quelques SEL, via des vidéos et des kakémonos. Ils proposent un quiz qui va bien avec et remettent des goodies pour couronner l’affaire. 

Avant 1990, les adhérents envoyaient 100 % des demandes de remboursement en version papier. Puis la MSA développe la dématérialisation des courriers entrants (gestion électronique des documents) pour les intégrer dans les bases de travail (worflow). Elle conçoit des solutions numériques accessibles à tous : le portail internet et son espace privé, l’accès à un ensemble de SEL.  

Aujourd’hui, ces derniers continuent de s’adapter aux besoins des exploitants, des salariés et des employeurs de main d’œuvre, en concevant les améliorations avec l’utilisateur dans des focus groups. Une application mobile, ma MSA & moi, et une plateforme vidéo institutionnelle thématique, MSATV (msatv.msa.fr) complètent désormais le paysage digital. D’autres domaines sont investis : le vote électronique pour élire les délégués en janvier 2020 ; le recrutement pour les métiers MSA sur jerejoinslamsa.fr

Des accompagnements sont prévus dans les espaces libres-services, en agence. Le personnel de la MSA Île-de-France se tient à la disposition pour expliquer et guider les adhérents qui rencontrent des difficultés dans l’utilisation des outils numériques. Des formations « coup de pouce connexion » sont également proposées.  

Bienvenue dans la MSA augmentée ! 


(1) Sources : consoglobe.com et agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ademe.fr

Kikou les followers !

« La société numérique : des promesses aux défis » est le titre de la conférence donnée à deux reprises par Hélène Jeannin, sociologue à l’Orange Labs de Châtillon, le vendredi 8 novembre. Son propos : voir ce qu’est devenue aujourd’hui la vision enthousiaste et positive portée par les informaticiens, les ingénieurs, les hommes politiques et les médias du début de l’ère numérique. 


Les six principes éthiques de la culture hacker sont formalisés dans un livre de Steven Levy en 1984 : l’accès aux ordinateurs doit être illimité et universel ; toute l’information doit être gratuite ; il faut se méfier de l’autorité et encourager la décentralisation ; les hackers doivent être jugés selon leurs compétences ; l’art et la beauté font partie intégrante de l’ordinateur ; les ordinateurs peuvent améliorer notre vie. 

 
Une vision portée par les premiers artisans du numérique et entrepreneurs de cette nouvelle économie, à l’instar de Bill Gates, cofondateur de Microsoft, qui déclare dans son ouvrage La route du futur, en 1996 : « Un jour viendra, pas si lointain, où vous pourrez mener vos affaires, étudier, explorer le monde et ses cultures, vous brancher sur n’importe quel spectacle, lier de nouvelles connaissances, faire les courses dans votre quartier, montrer des photos à des parents de province… Sans quitter votre bureau ou votre fauteuil ». Visionnaire non ?  


Les défis d’aujourd’hui — bienfaits vs risques — concernent les sphères du travail, du domaine personnel, de la vie sociale, de l’environnement et de la démocratie (propagande politique, « illectronisme ») comme les identifie la sociologue. Avec le télétravail et la connexion permanente se posent des questions qui tournent autour de la porosité des frontières personnelles et professionnelles (risque de burnout). Avec le mythe du zéro papier naît la surcharge informationnelle ou infobésité. Le rapport au temps évolue : idée d’une pénurie de temps où tout doit aller plus vite, culte de la performance, etc. Les incidences sur le corps sont légion : sédentarité, surpoids, myopie, insomnie… Sur les comportements aussi : addiction, dépendance.

 
Dans la Silicon Valley, les « techies » (techniciens informatiques) produisent des outils addictifs à base de microstimulations répétées et frustrantes et d’incitations frénétiques. Certains regrettent leurs créations, comme Justin Rosenstein, l’inventeur en 2007 du bouton « Like » de Facebook (la « clochette de pseudo-plaisir ») ! Enfin, les réseaux sociaux engendrent tout un lot de dérives, cyberharcèlement en tête. Les incidences sur la santé mentale et psychique, études à l’appui, sont mentionnées : isolement et dépression (1)

 
La chercheuse conclut en relevant toute une série de contradictions, comme « rester connectés… mais protéger notre vie privée », qui reflètent l’étendue des enjeux sociétaux. 


(1) Jean M. Twenge, professeure en psychologie à l’université de San Diego (Californie), étudie les différences de santé mentale entre les générations depuis 25 ans et note une hausse du nombre de tentatives de suicide chez les adolescents américains.