En Franche-Comté, la probabilité de contracter l’échinococcose alvéolaire est plus importante que dans le reste de la France. Si 735 cas avaient été enregistrés dans le pays à la fin 2017 (la maladie reste donc rare), 60 % d’entre eux sont localisés en Haute-Saône, dans le Doubs, le Jura, les Vosges et la Haute-Savoie.

Du fait de sa position géographique au cœur de la zone endémique et d’un investissement de longue date des médecins et chercheurs dans la prise en charge de cette affection, le centre hospitalier universitaire (CHU) de Besançon détient une expertise et est, depuis 2012, le centre national de référence (CNR) des échinococcoses. Ses trois missions essentielles : la surveillance épidémiologique (gestion du registre national) ; l’expertise biologique ; l’information aux professionnels de santé et au grand public.

C’est donc cet établissement que Sévérine Raclot, animatrice à la MSA de Franche-Comté, a sollicité pour que des spécialistes interviennent lors de la conférence, ouverte à tous, organisée par les délégués de Rioz Montbozon (Haute-Saône). Le professeur Laurence Millon, directrice du CNR, et le docteur Carine Richou, du service d’hépatologie du CHU de Besançon, ont distillé informations et conseils à cette occasion.

Des traitements pour ralentir l’évolution

La maladie est provoquée chez l’homme par la larve d’un petit ténia du renard. Ce parasite a besoin, pour son cycle dans la nature, de deux types d’hôtes : les carnivores et les rongeurs. Les larves prolifèrent en envahissant les tissus (le foie, essentiellement). Le parasite s’accroche dans l’intestin du renard. Ces petits œufs se développent dans la nature par les matières fécales du renard. L’être humain peut se contaminer accidentellement soit en consommant des végétaux (sauvages ou cultivés) souillés par les œufs du parasite, soit en touchant un pelage d’animal contaminé.

Le nombre de cas augmente en raison d’une fréquence plus importante des contacts entre l’homme et renard : l’animal vient aujourd’hui à proximité des zones urbaines et les renards infestés sont de plus en plus nombreux.

Le temps d’incubation est long : plusieurs années peuvent s’écouler entre le moment où l’on ingère un œuf infesté et celui où l’on déclare la maladie. Quand le diagnostic est posé, l’affection est souvent déjà bien avancée. Près d’un tiers des patients sont détectés par hasard, lors d’un contrôle pour une autre maladie ou à l’occasion d’un bilan de santé.

La prévention est primordiale

Les traitements dont on dispose ne permettent pas de tuer le parasite mais seulement de ralentir sa progression. Lorsque la maladie est évoluée, elle entraîne généralement une jaunisse (ou ictère par obstruction des voies biliaires), de la fièvre, des douleurs abdominales associées à un gros foie. Les larves peuvent aussi atteindre d’autres organes tels que les poumons, les os et le cerveau. Le diagnostic repose souvent sur l’échographie abdominale.

Les spécialistes intervenant lors de la conférence recommandent une prise en charge multidisciplinaire par un centre régional ou national référent et un traitement médicamenteux antiparasitaire. Celui-ci est à prendre à vie chez les patients non opérables et deux ans après une chirurgie curative.

Compte tenu de la gravité de la maladie, la prévention est primordiale. Le professeur Laurence Millon préconise notamment de bien se laver les mains au savon quand on rentre du jardin ; cuire les aliments ramassés quelques minutes à 70 degrés (le parasite résiste à l’eau de javel et au vinaigre) ; clôturer son jardin pour que les renards ne puissent pas y entrer ; vermifuger les animaux domestiques et les chiens de chasse toutes les cinq semaines ; porter des gants pour le contact avec les carnivores sauvages.