Une histoire de vacances
Si avant 1936, les vacances sont considérées comme un luxe absolu réservé à une certaine élite, l’arrivée du Front populaire au pouvoir va considérablement changer la donne.
En instaurant des congés payés minimum obligatoires, fixés à 15 jours au départ, le Front Populaire affirme ainsi la nécessité d’un temps de repos pour chaque travailleur, dans lequel Léo Lagrange perçoit d’emblée « la condition de la dignité humaine ». Cette bataille gagnée, et quelques décennies passées, les vacances deviennent un véritable sujet de politique sociale.
Afin d’en faciliter l’accès, une ordonnance crée l’agence nationale pour les chèques-vacances (ANCV) en 1982, les salariés obtiennent une cinquième semaine de vacances la même année ; l’année suivante, les premiers clients arrivent. À partir de 1987, les premières bourses vacances sont versées, c’est alors le second pilier de la mission sociale de l’ANCV.
En 1994, les premières aides à la pierre pour des établissements du tourisme social sont versées. Tout ceci pour aboutir, le 29 juillet 1998, à la loi relative à la lutte contre les exclusions qui, dans son article 140, fait de « l’égal accès de tous (…) aux vacances (…) un objectif national, [permettant] de garantir l’exercice effectif de la citoyenneté ».
La politique vacances de la MSA
Réaffirmer et promouvoir le droit aux vacances pour tous, et notamment pour les publics les plus éloignés et les populations rurales, telle est la mission que s’est assignée la MSA depuis 1999. Pour cela, elle a établi plusieurs partenariats dont deux privilégiés : avec l’association de vacances de la Mutualité agricole (AVMA) et, depuis 2009, avec l’ANCV, à travers le dispositif « Aide aux projets vacances ».
La stratégie de la MSA s’articule ainsi selon deux approches :
– une politique non ciblée à destination de la famille et des enfants pour des prestations extra légales (temps libres loisirs et vacances) proposées par l’ensemble des caisses sous forme de bons vacances ou de chèques vacances sous conditions de ressources (quotient familial) et d’avoir des enfants à charge ;
– une politique ciblée proposée par les travailleurs sociaux en réponse à une problématique particulière repérée sur un territoire. Actuellement, les objectifs de cette politique sont la prévention de l’épuisement professionnel, le soutien à la parentalité et de favoriser les départs des primo-partants.
Des obstacles pas seulement financiers
Les actions d’aide et d’accompagnement au départ en vacances sont amarrées à la politique globale d’action de la MSA grâce au guichet unique qui permet une approche d’accompagnement global avec des travailleurs sociaux impliqués sur les territoires. Elles permettent notamment de soutenir les familles pour faire des vacances un véritable levier d’action sociale. Dans cette perspective de « réaffirmer et promouvoir le droit aux vacances pour tous, et notamment pour les publics éloignés et les populations rurales », la MSA cherche à s’adapter aux publics et aux problématiques qu’elle rencontre.
La politique vacances de la MSA s’adresse en effet à un large spectre qui s’étend des familles aux seniors en passant par des personnes en situation de fragilité. Pour chacune de ces catégories, les vacances sont de loin le premier poste de restrictions, notamment pour les ménages modestes qui, à 89 %, y renoncent. Et si les raisons financières sont le principal frein au départ en vacances (50 %), les raisons familiales ou personnelles (34 %), l’isolement social (24%), les raisons professionnelles (23 %) ou les problèmes d’organisation (15 %) constituent également des freins majeurs dont les enjeux sont la lutte contre l’exclusion, la continuité de l’accompagnement social ou d’ancrer des habitudes de départ.
Des programmes ciblés pour lever les freins au départ.
S’il n’y a plus à démontrer les vertus des vacances sur les plans social, culturel, santé ou psychique, il reste à multiplier les actions permettant aux non partants de pouvoir « souffler » grâce à un moment de détente, sortir de son contexte quotidien, rompre l’isolement en favorisant les liens sociaux et le partage d’expérience, prévenir le vieillissement ou prévenir l’épuisement d’un aidant. Pour cela, la MSA, en partenariat avec l’ANCV, a développé différents programmes ciblant chacun les différents publics.
• Seniors en vacances :
Programme qui vise à permettre le départ en vacances de personnes de plus de 60 ans afin de développer le départ en vacances, de prévenir la perte d’autonomie et de lutter contre l’isolement.
• Part’âge :
Dispositif permettant à des retraités vivant en résidence autonomie (Marpa) de partir dans un village AVMA accompagnés de jeunes en formation d’aide à la personne au sien des MFR (maison familiale rurale).
• Chèque vacances :
Une aide personnalisée et dédiée au départ en vacances.
• Bourse solidarité vacances :
Ce programme vise à soutenir le départ des personnes qui nécessitent un coup de pouce financier pour concrétiser leur projet.
• Aides aux projets vacances :
Ce programme est un appel à projets, publié chaque année, destiné à encourager l’inscription des vacances dans les projets d’associations ou d’organismes accompagnant des publics en situation de vulnérabilité selon cinq orientations prioritaires : l’inclusion des personnes handicapées, la prévention du mauvais vieillissement et de la dépendance des personnes âgées, l’insertion des publics fragiles issus des territoires en difficulté et l’insertion socioprofessionnelle des personnes en situation d’exclusion , autonomie des jeunes adultes.
• Partir pour rebondir :
Ce levier de répit permet de lutter contre l’épuisement professionnel ou l’accès au répit des salariés et exploitants agricoles, prévenir les maladies et les accidents au travers des services de la santé au travail et d’action sociale de la MSA, lutter contre l’isolement, notamment avec l’accès à des séjours collectifs, resserrer les liens familiaux.