Explications par le Dr Jean Houssinot, médecin-conseil chef de service à la MSA Île-de-France et membre de la cellule.
Quelle est la marque de fabrique de la cellule de coordination en Île-de-France ?
J’ai pris mes fonctions de médecin chef à la MSA Île-de-France en juillet 2014, après un passage par la CCMSA. Au sein de l’échelon national du contrôle médical, j’étais en charge de l’incapacité de travail, sujet prégnant pour moi. Parallèlement, le président du comité de protection sociale des salariés de la MSA Île-de-France, Pierre Maget, avait été saisi par les situations particulières de personnes vivant quasiment en rupture de ban. Il souhaitait fournir des réponses au problème de la désinsertion professionnelle. Nous avons donc créé une cellule de coordination pluridisciplinaire qui associe quatre services qui travaillaient déjà ensemble : santé-sécurité au travail, action sanitaire et sociale, prestations santé et contrôle médical. Elle est actuellement pilotée par le Dr Véronique Azemar, médecin chef du service de santé-sécurité au travail. Mais notre spécificité, c’est notre action expérimentale « retour à une vie active » débutée en décembre 2015.
Est-ce que cela signifie que l’objectif n’est plus seulement le retour à l’emploi ?
En effet, il existe des personnes qui ne retourneront jamais sur le marché de l’emploi soit parce que la conjoncture économique est défavorable, soit parce que leur état de santé est trop fortement dégradé. Pour une certaine tranche d’âge, nous estimons que notre objectif est de réussir à maintenir symboliquement « debout » tout homme et toute femme. Cela signifie que nous ne garantissons pas un retour à la vie professionnelle – à LA vie active – mais à UNE vie active. On peut tout à fait imaginer qu’une personne retrouve un sens à sa vie en s’investissant dans le monde associatif, par exemple. Quand je dis « nous », j’associe notre partenaire Agrica qui, par son expérience et son financement, aide la MSA Île-de-France à prendre en charge cet accompagnement renforcé et prolongé sur une durée de neuf mois à un an.
Qui peut prétendre bénéficier de ce dispositif expérimental ?
Tous nos assurés, qu’ils soient exploitants, salariés ou employeurs de main-d’œuvre, sachant que la population agricole d’Île-de-France est constituée à 90 % de salariés. Nous nous adressons aux ressortissants qui sont en arrêt de travail depuis au moins six mois et jusqu’à un an, car le taux de retour à l’emploi des personnes en arrêt de travail depuis plus de 18 mois est très faible. Nous leur proposons cet accompagnement par courrier ou directement par l’intermédiaire du médecin-conseil, du médecin du travail ou du travailleur social. Si les personnes sont intéressées, elles se manifestent en appelant notre plate-forme téléphonique. Un conseiller leur explique en détail le service dont ils peuvent bénéficier. Puis, la cellule de coordination, qui se réunit une fois par mois, se prononce sur l’éligibilité des dossiers constitués. Notre objectif est d’inclure une vingtaine de personnes dans ce dispositif expérimental. Nous devrions rapidement y parvenir. En février, 250 courriers ont été adressés et dans les jours qui ont suivi, la plate-forme a reçu une quinzaine d’appels, ce qui est important.
En quoi consiste l’accompagnement et qui s’en charge ?
Ce sont deux prestataires qui s’occupent d’accompagner individuellement les assurés. Le premier est une entreprise privée, Réhalto, société du groupe Scor, 5e réassureur mondial. Elle s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire, notamment composée de psychologues qui procèdent à une évaluation de la situation et mettent à disposition des professionnels de proximité : psychologues cliniciens, psychomotriciens, spécialistes de la réadaptation psychosociale et professionnelle, etc. La seconde est une association qui propose un accompagnement peut-être encore plus de proximité, Areram. Un référent se rend deux fois par mois chez la personne accompagnée. Il mène une activité réticulaire pour faire intervenir les services nécessaires – Pôle emploi, Agefiph, MDPH, service social… – ou entrer en contact avec l’employeur, le médecin-conseil ou le médecin du travail si besoin. Cela coïncide avec notre vision des choses : nous souhaitions qu’un seul professionnel puisse envisager les situations dans leur globalité. Je pense, qu’à terme, de nouveaux métiers de ce type pourraient bien émerger au sein de notre institution.