La Sécu, un « amortisseur social »
Prise en charge de frais médicaux en cas de maladie, prestations lorsque la composition ou la situation de la famille évolue, allocation pour aider au règlement du loyer, garantie d’un minimum de revenu pour les personnes sans ressources, indemnités journalières en cas de maladie ou d’accident du travail, pension de retraite lorsqu’on cesse son activité professionnelle, aide pour la complémentaire santé solidaire… la Sécurité sociale s’est progressivement construite pour couvrir chacun d’entre nous aux différentes étapes de notre existence, en prenant en compte les aléas de la vie.
Fondée, doit-on le rappeler, sur la solidarité, elle est souvent qualifiée d’« amortisseur social » et participe à la santé publique, à la politique familiale, à l’accompagnement du vieillissement, au mieux-être social… En temps de crise, elle permet d’activer des leviers pour soutenir les personnes confrontées à des situations délicates et les aider à traverser une passe difficile.
Ce modèle social français a ainsi été pleinement à l’œuvre pour faire face à la violence du choc lié à l’épidémie de covid-19 : santé des personnes touchées par le virus, économie à l’arrêt pendant le temps du confinement, interruption ou perte d’emploi… ont conduit à la mise en place de nombreuses mesures pour amoindrir les obstacles.
Des « rendez-vous prestations »
Pour autant, compte tenu de l’ampleur, du retentissement et de la durée de la crise, ceux-ci peuvent s’inscrire dans le long terme. Il est donc essentiel que la population, particulièrement la plus fragilisée, soit bien informée sur les prestations auxquelles elle peut prétendre.
La MSA a travaillé de longue date sur la question du non recours aux droits. Dès 2008, elle a instauré les « rendez-vous prestations ». Avec ce dispositif, elle s’engage à faire le point avec les assurés sur toutes les prestations de son ressort.
Comme elle est interlocuteur unique pour l’ensemble de la protection sociale, la MSA a une vue complète de la situation, quel que soit le domaine : santé, famille, retraite, action sociale et protection sociale complémentaire. Elle identifie et contacte des adhérents pour leur proposer, avec leur accord, un entretien personnalisé. Le conseiller explique à l’assuré les modalités d’ouverture de ses droits : aides au logement, prime d’activité, complémentaire santé solidaire, retraite… L’entretien permet de détecter les droits potentiels mais aussi de rappeler à l’assuré ses obligations en la matière, et de proposer les produits ou services répondant au mieux à ses attentes et besoins.
Le portail national des droits sociaux
Certains freins aux demandes de prestations sont bien identifiés : méconnaissance du dispositif, manque d’information, langage administratif et démarches complexes, règles peu lisibles… Pour les lever, la consultation du portail national des droits sociaux est aussi une solution. Point d’entrée centralisé aux plates-formes de service des organismes sociaux, il offre à tous les assurés sociaux la possibilité de consulter leurs droits aux prestations sociales, de recevoir des informations de la part des organismes qui les gèrent, voire de simuler les prestations auxquelles ils sont susceptibles d’avoir droit et d’engager des démarches auprès des organismes.
Un accès centralisé à l’information
Prestations familiales, logement, maladie, emploi, minima sociaux, retraite et santé, ce service accessible via Internet vise à faciliter l’accès aux droits sociaux en offrant un point d’entrée unique pour l’usager et à lutter ainsi contre les multiples situations de non-recours aux prestations sociales. C’est la MSA qui avait été désignée par l’État pour le réaliser et elle en assure l’exploitation. La première version a été ouverte en 2017. Depuis, le portail est régulièrement enrichi.
Il est accessible via le dispositif France Connect, la connexion sécurisée de l’administration française. Celle-ci permet de rejoindre le service avec les identifiants des impôts, de la MSA, d’Ameli, de La Poste…
Pour le consulter : www.mesdroitssociaux.gouv.fr
Des risques de fragilisation pluriels
Pour aller encore plus loin en ces temps tourmentés, la MSA va s’adresser spécifiquement, au cours du dernier trimestre, à des personnes particulièrement impactées : jeunes, demandeurs d’emploi et familles.
Pour de nombreux jeunes en effet, la période actuelle peut s’avérer dramatique : les uns n’ont pas pu achever leur formation, d’autres arrivent sur un marché du travail bouleversé par la crise économique et sociale, certains n’ont pas de ressources pour faire face au quotidien, honorer leur loyer, se soigner… L’effondrement des embauches conduit par ailleurs à une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi et le spectre d’un chômage durable peut faire naître des craintes sur l’avenir, la réduction voire la perte d’activité, l’interruption des indemnités… Les familles, quant à elles, sont susceptibles de devoir faire face à des dépenses supplémentaires tout en connaissant, pour certaines, une baisse de revenus.
Bref, des risques de fragilisation pluriels qui peuvent être accentués en cas de non recours aux prestations existantes. Des informations spécifiques sont prévues dès octobre pour ces différents publics afin de faire connaître les droits possibles en fonction de chaque situation. À suivre…
Le rendez-vous prestations en 2019
Moment privilégié pour un accompagnement individuel des assurés, il est en progression annuelle constante depuis sa création. Il s’agit d’un entretien proposé par les MSA par exemple au moment d’un changement de situation : naissance dans le foyer, entrée d’un jeune dans la vie active, installation en agriculture, séparation, chômage, décès…
23.538 rendez-vous ont été programmés en 2019. À l’issue des entretiens, 9 014 droits ont été ouverts : 3 890 concernent le domaine de la santé, 1 822 celui de la famille, 47 l’invalidité, 2 957 la retraite, 298 les prestations extralégales.
Lors des échanges, sont identifiées les principales raisons pour lesquelles l’assuré n’a pas jusque-là recouru aux prestations auxquelles il pouvait prétendre :
– santé : méconnaissance des droits (30 %), complexité du dispositif ou des démarches (20 %), doute sur l’éligibilité (17 %) ;
– famille : doute sur l’éligibilité (30 %), refus d’en bénéficier (20 %), complexité du dispositif ou des démarches (18 %) ;
– retraite : doute sur l’éligibilité (37 %), refus d’en bénéficier (35 %).