Une vie de liberté et qui fait sens. C’est la devise que s’est fixée Léa Cabal-Zinck, qui est passée de chercheuse en biologie à agricultrice il y a 10 ans. Pure citadine, elle a voulu « retrouver du concret ». C’est donc après avoir passé six ans au Portugal, qu’elle décide, avec son mari Ghislain, de se tourner vers l’agriculture. Ils veulent produire des aliments de qualité et participer à un changement de société auquel ils adhérent.
« J’ai choisi de rejoindre le monde paysan », explique la jeune femme de 43 ans, installée à Saint-Izaire avec son compagnon et leurs deux enfants. Pour elle, c’est même un acte politique. Elle embrasse ainsi un mode de vie qui lui convient mais veut aussi répondre aux problématiques actuelles, notamment climatiques et celles liées à la biodiversité.
Retour à la terre
Une reconversion radicale, mais pas si éloignée de son ancien métier en termes de compétences pour la jeune femme. Son mari est intéressé par l’élevage. Léa, de son côté, souhaite devenir paysanne-boulangère. Alors quand l’opportunité se présente de rejoindre la ferme collective Terre de liens de Salelles-Rieucros dont l’un des membres part à la retraite, tout prend sens.
« C’est un système qui correspond à nos valeurs. Passer par cette foncière permet d’installer des paysans et d’échapper à la spéculation et à la question de l’héritage. On a pu accéder au foncier grâce à l’aide de plein de gens. Cette vision des choses, ça me donne envie de me lever le matin ! » Deuxième avantage : travailler à plusieurs permettra au couple de se dégager du temps pour la vie de famille. Aujourd’hui parents de deux enfants, c’est un point sur lequel ils sont intransigeants. « On peut désormais se dégager quatre semaines de congés par an », se félicite Léa.
Un nouvel atelier
Ils s’associent à Nino, qui travaille déjà sur la ferme, et emploient Théo, salarié avec un contrat de 25 heures par semaine. L’atelier historique d’ovin lait en agriculture biologique permet de produire du lait de brebis destiné à la production de roquefort AOC. Quant à Léa, elle a son propre projet : celui de créer un atelier de meunerie-boulangerie.
Elle transforme le blé panifiable cultivé sur la ferme en farine, grâce à un moulin qu’elle a installé lors de la création de l’atelier, puis en pain au levain cuit qui est vendu en circuit court. « C’était une diversification logique. Nino et Ghislain produisent des céréales pour le troupeau de 300 brebis, on utilise le fumier pour faire pousser le blé tendre et le son du blé produit à la mouture est donné aux brebis. Ce sont des activités complémentaires », précise l’agricultrice. Elle fait partie du réseau paysan-boulanger.
Créer de la vie
Créer de la vie, autour de soi et dans son métier, est important pour Léa Cabal-Zinck. Ouverte aux autres, elle veut prendre les choses en main et les faire vivre. En arrivant à la ferme située non loin du plateau du Larzac, le couple reçoit un accueil chaleureux de la part des habitants. « La région est une terre d’accueil des gens de l’extérieur, note-t-elle. Il faut lutter contre l’individualisme et le repli sur soi grandissants dans notre société, partager des expériences, agir à son niveau et s’impliquer. C’est essentiel. » Sa ferme est donc devenue un lieu d’échanges. « Je craignais l’isolement social, l’atelier pain au fournil permet d’accueillir deux fois par semaine les gens à la ferme et de créer des liens sociaux. »
Il était donc naturel pour elle d’accepter un rôle d’élue à la MSA, pour le comité du Saint-Affricain. « Je fais ma part. Je ne vis pas seulement pour moi et ma famille. J’ai envie de partager avec les habitants du territoire et je suis là pour faire remonter les problèmes des agriculteurs. » Face à la diminution des services publics, il est essentiel de fonctionner en réseau. « J’aime beaucoup créer des ponts », explique-t-elle. Engagée également syndicalement, elle a la notion du mutualisme et du partage dans le sang. Son nouveau rôle de déléguée lui permet de croiser d’autres agriculteurs et d’organiser des événements.
Grâce à leur installation, une nouvelle forme de vie s’est créée dans le village, un local a été mis à disposition par la mairie. Les trois fermes de la commune déposent leurs produits pour de la vente directe. Du lien, comme elle le voulait.
On se dit presque tout…
Qu’est-ce qui vous fait vous lever le matin ?
Savoir s’il va y avoir une petite surprise de la vie qui va me faire sourire aujourd’hui.
Que sont devenus vos rêves d’enfants ?
Je les vis. Je ne voulais pas être agricultrice quand j’étais petite, mais j’ai l’impression d’une forme de continuité, de ne rien avoir renié. Tout est en cohérence. J’ai une liberté de choix, et de mener ma vie comme je l’entends.
Quels sont vos plaisirs favoris ?
Je joue du piano, j’adore Jean-Sébastien Bach. J’aime aussi passer du temps avec ma famille.