Pourquoi avoir choisi le thème « Les services de remplacement, créateurs de valeurs » pour votre congrès national ?

Notre réseau est aussi diversifié que le sont nos territoires : entre un département à tendance céréalière et un autre fort en élevage, les raisonnements sont différents. La difficulté est donc de s’organiser pour que chacun puisse trouver sa place. Pour cela, depuis ma nomination, je me suis appuyé sur nos valeurs de base, ce qui fait notre mission.

Nous sommes une association à but non lucratif, on est là pour le bien-être des agriculteurs et de nos adhérents. Et c’est valable pour nos bénévoles, nos personnels administratifs et nos agents de remplacement. Les ateliers qui ont eu lieu lors du congrès, un moment clé d’échange avec le réseau, sont venus de cette idée. On essaie d’être toujours en mouvement, c’est important car nous sommes la seule fédération en France à agir sur le remplacement de chefs d’entreprise.

« Nous sommes la seule fédération en France à agir sur le remplacement de chefs d’entreprise »


Vous avez également lancé votre feuille de route nationale : sur quoi porte-t-elle ?

Elle est issue d’un travail amorcé il y a quatre ans, sur la prospective de notre structure. Nous avons étudié trois thématiques avec le réseau, trois points à améliorer : être mieux reconnus sur un plan politique, au niveau national et local ; développer le cadre régional, car le national est de plus en plus sollicité et malheureusement on ne peut pas croître comme on le voudrait ; et renforcer la qualité de service. Pour ce dernier point, l’idée est de récolter des données qualitatives pour les mettre en perspective ainsi que d’organiser et faire vivre une communauté des services de remplacement. Nous avons en effet de plus en plus de mal à recruter ; cela permettrait de garder le contact avec les anciens, d’être au courant de ce qu’il se passe, de garder un vivier d’agents, de bénévoles ou d’élus.

Lors du congrès, nous avons présenté une synthèse de toute cette réflexion et nous avons priorisé certains axes afin de faciliter la prise en main dans les départements. L’idée est que chacun pioche ce dont il a besoin et le mette en œuvre sur son territoire. Nous partagerons ensuite les résultats avec le plus grand nombre pour faciliter les évolutions. D’autres axes pourront se dégager au fil du temps. Il y a du travail, et le monde agricole change très vite. L’avenir est incertain. Il faut anticiper tous les scénarios pour assurer notre mission.

Concernant la valorisation, quelles actions sont menées ?

Nous sommes une association reconnue d’utilité sociale. Nous avons fait la demande pour être reconnus d’utilité publique. Cela nous permettrait de passer un échelon supplémentaire dans la reconnaissance par les pouvoirs publics, en faisant valoir le fait que nous permettons la continuité du travail dans les exploitations agricoles, ce qui assure ainsi la production alimentaire.

Par ailleurs, aujourd’hui, lorsque, par exemple, un agriculteur décède subitement et que personne n’est en capacité de prendre sa place, nous sommes contactés par le réseau agricole, voire par des responsables locaux comme les préfets, pour intervenir. Cependant rien ne nous garantit d’être payés à l’issue de cette mission, un problème de plus en plus fréquent. Nous réfléchissons avec la FNSEA, Groupama et la MSA à la mise en œuvre d’un protocole national pour faire face à ce genre de situation. Nous travaillons également sur une proposition de passerelle entre les groupements d’employeurs et les services de remplacement, aujourd’hui juridiquement impossible.

Lorsqu’on sait que d’ici dix ans la moitié des exploitants partira à la retraite et qu’il n’y a qu’un remplaçant pour quatre départs, l’enjeu est majeur. Mais pour cela, il faut que nous soyons écoutés et reconnus. Nous allons d’ailleurs organiser notre premier concours national des agents de remplacement à l’occasion de Terres de Jim, le 10 septembre prochain. Une belle opportunité de faire connaître le métier et pourquoi pas de susciter des vocations.

Photos : © Service de remplacement France, © Élena Blum/JA