14 groupes primés
« Nous étions onze au début en Haute-Loire. Aujourd’hui nous sommes plus de 200 répartis sur toute la France. S’engager quand on est jeune, c’est déjà un pas, mais s’engager en ruralité c’est encore plus compliqué. Nous vous remercions de mettre à l’honneur des projets comme les nôtres. »
Aux côtés de Mélody, Carla et Sarah, Émilie reçoit pour l’association Correspondance solidaire, accompagnée par la MSA Auvergne, le 1er prix de la catégorie 18-22 ans (ex aequo avec Topic, soutenu par la MSA Provence Azur) de l’APJ, concours organisé depuis vingt-deux ans par la MSA. Ouverte par Isabelle Ouédraogo, présidente du comité d’action sanitaire et sociale de la CCMSA, la cérémonie rassemble des participants de nombreux coins de France.
« L’APJ a deux objectifs, souligne l’administratrice centrale : soutenir les jeunes, leur accès à l’autonomie avec l’engagement associatif, et renforcer leur place en milieu rural à travers ces initiatives de territoire. Pour l’édition 2021-2022, nous avons reçu 130 candidatures au niveau local. 71 dossiers ont été étudiés par le jury national et 14 groupes sont primés aujourd’hui. » Dont Correspondance solidaire (voir sa page Facebook).
« Notre association a été créée lors du deuxième confinement en novembre 2020, raconte Émilie, originaire de Haute-Loire. Partant du constat que les générations sont parfois opposées, caricaturées, nous avons voulu les rassembler. Tout cela dans le contexte de Covid, période où les étudiants ont été isolés chez leurs parents ou dans les villes étudiantes, et les personnes âgées sans lien social. Le seul moyen de communiquer avec elles, c’est par les lettres. Nous avons donc écrit à des seniors en établissement. De très belles relations sont nées. »
Des lettres, des cartes de vœux et un journal
Des extraits d’une correspondance reçue de Marcelline, résidente en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) dans l’Allier, avec laquelle Carla correspond depuis un an, attestent des bienfaits de l’échange « très spontané, qui donne et redonne le sourire aussi bien aux jeunes qu’aux aînés et qui contribue à rompre la solitude et l’éloignement ».
L’association se fait peu à peu connaître sur les réseaux sociaux (sur Instagram, Twitter) et c’est par ce biais que Mélody l’a rejointe. « J’ai travaillé trois étés en Ehpad. J’ai pu constater le dévouement et l’affection des soignants mais ce sont des professionnels ; les personnes âgées ne sont pas leur famille. Pourtant, celles-ci ont envie de rire, de faire rire, de nous connaître, et elles aiment aussi énormément les potins ! »
Les membres de l’association ont ensuite lancé une carte de vœux et un journal. « On adresse ce journal en format numérique aux établissements dans lesquels on envoie des lettres, poursuit Sarah. Les bénévoles partagent des voyages, des recettes, des poèmes… Mais nous voulons le diffuser en format papier, car c’est plus authentique et plus ludique. »
Une appli pour valoriser les initiatives des jeunes
L’association qui veut promouvoir les liens entre les générations partage la première marche du podium dans sa catégorie avec un groupe soutenu par la MSA Provence Azur, qui a conçu une application permettant aux jeunes porteurs de projets de mettre en avant leurs actions citoyennes.
« Nous faisions pratiquement tous partie du même lycée et de différents clubs – robotique, presse…, détaille l’un d’eux. Mais comment se faire connaître, gagner en visibilité, toucher des gens en dehors de notre établissement ? Nous avons eu l’idée de monter notre propre plateforme pour fédérer ce qui est en lien de près ou de loin avec l’actualité associative et citoyenne. De là est née l’application Topic, sur laquelle on travaille depuis deux ans et demi. Elle a été lancée il y a plusieurs mois. On y trouve beaucoup de contenus, des groupes très actifs, la possibilité de faire connaître des événements, de publier des articles pour mettre en avant les projets, de s’inspirer les uns les autres… »
Des collégiennes en guerre contre la précarité menstruelle
Dans la catégorie 13-17 ans, ce sont sept Iséroises qui ont raflé le premier prix (2 500 euros) pour leur initiative de lutte contre la précarité menstruelle, accompagnée par la MSA Alpes du Nord.
Du haut de leurs 13 ans, Stella, Ameline, Camille, Mina, Jade, Enora et Léa se sont attaquées à un sujet qui les préoccupait : accompagner les jeunes filles dans leurs premières règles.
« On a eu l’idée d’un distributeur de serviettes hygiéniques jetables dans les toilettes des filles. On en a parlé avec la principale et l’infirmière qui nous ont beaucoup aidées. Ensuite, on a pensé à acheter des kits de serviettes hygiéniques lavables – pour des considérations économiques et environnementales. Nous irons faire des interventions dans les classes de SVT [sciences de la vie et de la terre]. La prof va nous laisser une demi-heure. Nous parlerons du cycle menstruel et distribuerons les kits aux filles. On discutera aussi avec les garçons pour qu’ils sachent ce qu’on ressent. » Les jeunes filles envisagent aussi de présenter leur idée dans d’autres collèges. Pas du tout impressionnées sur l’estrade, elles expliquent : « Défendre notre projet nous a aidées à mieux nous exprimer en public. »
Valeurs partagées
Un esprit d’entreprise, une prise de parole que soutient la MSA à travers l’APJ.
« Les jeunes ont confronté leur idée au terrain et l’ont concrétisée. Le sens de la responsabilité est central pour la suite de leur parcours en tant que jeunes et citoyens, a conclu Thierry Manten, premier vice-président de la CCMSA. Leurs initiatives contribuent à créer du lien social, à aider les personnes les plus démunies. Les valeurs qui se retrouvent dans chacun de leurs projets sont celles qui animent le réseau de la MSA : responsabilité, solidarité, démocratie. Nous sommes fiers d’attribuer ces prix aux lauréats. »
Des récompenses remises par des administrateurs de la CCMSA et les représentants des partenaires de cette aventure : Familles rurales, le Réseau national des junior associations, le ministère de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports, la Fédération des centres sociaux et le Mouvement rural de jeunesse chrétienne.