Les feux de la rampe, ils ne connaissent pas. Ce 21 octobre, vers 18 h, c’est la première pour tous. Les membres des trois Esat lauréats choisis pour leurs projets ont tous été sous les projecteurs dans la prestigieuse salle de conférence de l’hôtel de Sully, établissement public du ministère de la Culture, situé dans le Marais, à Paris. Le pas hésitant, l’allure humble presque gênés ou surpris d’être là, les gagnants ont avancé en chœur vers le devant de la scène, soudés jusque dans ce moment officiel de remise des trophées, mus par le puissant lien d’équipe, forgé au fil du temps, des tâches et de l’activité professionnelle.
Sous les applaudissements très appuyés des responsables de Solidel, de la MSA, du groupe Agrica et des représentants du Centre des monuments nationaux (CMN), ils ont reçu ensemble leur récompense des mains de Sophie Cluzel, la secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargée des personnes handicapées, qui parraine le concours, présenté au Salon de l’Agriculture, le 28 février dernier.
L’émotion est palpable chez les lauréats de cette première édition du concours J’aime ma terre, organisé par Solidel pour les Esat et EA agricoles, en partenariat avec la MSA, le groupe Agrica et le CMN. Les larges sourires qui étirent les lèvres en disent long sur la fierté que chacun semble éprouver devant la marque de reconnaissance exprimée par le trophée que le jury a attribué à chaque projet distingué. Travail, savoir-faire, solidarité, compétence et même talent sont à l’honneur. La lumière, ce soir-là, ne provient pas des lustres somptueux à souhait qui garnissent les plafonds de la pièce, mais des femmes et des hommes des Esat : leurs visages irradient tout au long de la cérémonie.
L’imagination au cœur des territoires
Le trophée Méthodes culturales vertueuses a salué le travail des maraîchers d’Espiute (Esat du Château d’Espiute, 64), avec Ghislaine Letessier, Jean-Pierre d’Aranjo, Dominique Bortoletto, Mathieu Dandrieu-Berjez et Mathieu Lapeyrade, pour le projet Conversion à l’agriculture biologique, centré sur les produits locaux et s’appuyant sur le savoir-faire des maraîchers, exercé dans le respect de l’environnement.
Celui d’Outils et technique au service de l’homme a été accordé pour le même motif à l’équipe Ecolo pour toujours (Esat de Loulay, 17), avec Adrien Pecorini, Florine Rivalland, Jean-Luc Brillouet, Jean-Christophe Noeth, Laura Gandais et Chantal Angevin, pour leur projet J’aime ma terre.
Le prix Coup de cœur du jury a distingué le projet Culture du monde, porté par l’atelier Horti (Esat du Planteau, 38), constitué notamment de Pierre-Alexandre, Thierry, Maxime, Pauline, Philippe et Alexandre. Son programme ? Faire de l’horticulture un outil relationnel avec les personnes en situation de handicap. En plus d’aiguiser les sens, le travail autour des plantes s’attache à stimuler la curiosité et l’appétit de connaissances et d’expérience. Les gagnants ont tous bénéficié d’une journée découverte d’un lieu prestigieux avec une matinée de visite et un après-midi d’atelier en compagnie du jardinier en chef du lieu. Le cadeau est offert par le CMN. Découvrez dans le détail le palmarès du concours sur le site Solidel.
Pari gagné qui a fait des personnes en situation de handicap les héros du jour tant pour leurs compétences dans les métiers de la terre que pour leur investissement en faveur des pratiques respectueuses de l’environnement.
Un succès à mettre à l’actif de l’association Solidel, qui a également réuni le 22 octobre à la caisse centrale de la MSA, à Bobigny, les neuf lauréats de son appel à projets Territoires en action, lancé en janvier 2019, afin de leur remettre leur prix en présence du jury, des membres de Solidel ainsi que des responsables de la CCMSA et du groupe Agrica, également partenaires. Doté de la somme de 230 000 euros, cet autre événement fort du réseau fait la part belle à l’ancrage et l’autonomie des personnes sur leur lieu de vie, en collaboration avec les acteurs locaux.
À voir le nombre et la teneur des 24 projets reçus et tous décortiqués pour faire émerger les 9 gagnants, pas de doute, l’imagination, la créativité et l’esprit d’initiative sont au rendez-vous (cf. encadré). Un résultat dont se félicite le président Éric Van Daele, admiratif. « L’imagination est là. Elle fait modèle. Vous n’avez pas vu les projets qui n’ont pas été primés », s’est-il exclamé devant le public, annonçant en guise d’épilogue au concours, deux jours de formations destinées à accompagner, entre autres, les recalés pour en faire les lauréats de 2020.
À ce compte, l’association Solidel est en passe de devenir un agitateur de projets sur les territoires.
Retour en images sur les deux concours ici, un minisite créé pour l’occasion.
Au plus près des gens
Emploi, vieillissement, habitat, santé… différents pans de la vie mais aussi temps de vie ont été valorisés par les neuf créations primées (liste des projets récompensés à découvrir sur le site de Solidel). Celles-ci vont du développement de prestation de services proposée aux exploitations agricoles, à la création d’une boutique de vente mobile en passant par la réalisation d’un studio d’essai à la vie autonome et de quatre studios de transition ou la transformation de l’offre d’hébergement en habitat inclusif. Autant de projets concrets qui ne se contentent pas de changer la vie quotidienne mais touchent aussi aux questions du bien-être des personnes comme l’illustre à la perfection le concept de la Tisane pour tous (en photo ci-dessus), une activité qui prend en compte le vieillissement des personnes, ce « temps où l’on ment beaucoup moins et n’obéit presque plus » (Jean de la Rinche), pour leur proposer des tâches adaptées. « Bravo à vous et continuez dans ces actions» , a tenu à saluer François-Emmanuel Blanc, directeur général de la CCMSA, après avoir loué le travail du président de Solidel, en fin de mandat. L’importance de ce type d’initiatives pour le groupe MSA a été rappelée : « C’est vraiment emblématique de ce qu’on appelle chez nous le guichet unique XXL, avec le maximum de services rendus en territoire, en proximité, au service de l’innovation, de l’accompagnement des personnes. Voilà la réalité de la MSA, du groupe MSA, porté par nos élus. »