Comment concilier son métier, sa vie personnelle et son engagement d’élu tout en continuant de se former ? Maillons essentiels sur les territoires, la MSA propose de nombreux outils pour accompagner les délégués MSA dans leur mission. La formation en fait partie. En ce début de mandat pas comme les autres, elle s’est adaptée et devient plus qualifiante. L’heure est à la démocratisation du e-learning.

Atteindre tous les délégués

« Les ateliers de l’élu », lancés en septembre dernier, sont une plateforme de contenus adaptés à leurs besoins, avec des quiz, vidéos et explications audio sur deux principaux axes : la protection sociale et le développement personnel. Une grande bibliothèque accessible à tout moment, qui permet de s’organiser librement. « C’est un projet sur lequel nous travaillons depuis plusieurs années, précise Françoise Lafage, responsable du département vie mutualiste à la CCMSA. Un travail mûri avec le réseau et des élus. Nous n’avions pas les moyens d’atteindre tous les délégués, c’est pour y remédier que nous avons développé cette offre. Et la crise nous a obligés à réorienter notre activité. Ça a été un coup dur pour la vie mutualiste qui n’a pas pu aller à la rencontre de tous ses élus. »

Les modules des parcours « Connaissance de la MSA » et « La protection sociale » sont réalisables entre cinq et dix minutes. « Le but est d’apprendre de manière agréable, on peut suivre sa progression, ouvrir les modules comme on le souhaite, explique Delphine Valette, ingénieure formation à la CCMSA. On a également fait en sorte que ce soit facilement accessible, y compris si on a une mauvaise connexion Internet. »
À la MSA Sud Champagne, près de 70 % des délégués s’y étaient connectés début avril. Un taux qui ne doit rien au hasard puisque l’équipe d’animation de la caisse a multiplié les appels et messages afin de les encourager et les aider lors de leur première connexion. Étienne Seclier, exploitant en Haute-Marne, fait partie de ceux qui se sont lancés : « J’ai fait le parcours en deux fois, le soir, un jour de pluie. C’est très bien fait, et ça aide à bien comprendre les fondements de la MSA et son utilité. Car on pense aux cotisations, mais il y a tout le reste. C’est quand même une chance de n’avoir qu’un seul organisme pour tout gérer. »

Des clés pour communiquer

La plateforme sera régulièrement enrichie. Dernières nouveautés : « Bien communiquer, c’est gagné ! », comprenant deux modules de développement personnel qui permettent de s’exercer à la prise de parole et à la communication interpersonnelle, et « À l’écoute de son territoire », un jeu d’immersion, ou serious game, qui plonge le participant dans trois scènes couramment rencontrées par un élu MSA. Deux parcours complémentaires.
Isabelle Cheynier, première vice-présidente de la MSA Midi-Pyrénées Nord, a participé à leur élaboration avec un groupe d’élus : « Le serious game est une façon ludique de mettre les élus en situation. L’équipe de la vie mutualiste de la CCMSA a travaillé les bases avec le prestataire, et nous devions évaluer si c’était réaliste, si on aurait répondu comme ça ou autrement… C’était intéressant car on a vraiment travaillé la rédaction du scénario, et on se rend compte que chaque mot a son importance. »

Un chef d’exploitation qui se plaint de ses cotisations lors d’une réunion publique locale, un autre en difficulté, comment réagir en tant qu’élu, trouver les mots ? « L’idée est de donner à réfléchir. Nous avons travaillé de la même manière sur le développement personnel : comment avoir une communication orale efficace, les éléments pour une prise de parole réussie. Ce sont des connaissances utilisables dans n’importe quelle situation, personnelle ou professionnelle. On y trouve de nombreuses astuces : comment je parle mais aussi comment je me positionne, comment je gère mes émotions, comment mes gestes confirment ou infirment mes paroles. » À chaque fin de partie, un test de connaissances et une mise en situation permet de gagner un micro d’or. « Ce n’est pas si facile ! Si j’avais été novice, je me serais sûrement trompée, concède l’administratrice. Même quand on a un peu d’expérience, c’est toujours plus ou moins compliqué de prendre la parole, d’attirer l’attention de son public. C’est le genre de piqûre de rappel qui ne fait pas de mal. » « Le but reste que les élus soient connus de l’extérieur, ajoute Françoise Lafage. La formation est là pour leur donner des clés pour aller au-devant des autres et se présenter. »

De séminaire à webinaire

Les Ateliers de l’élu apportent une base de connaissances par ailleurs primordiale pour tout nouvel administrateur. À chaque début de mandat, un séminaire leur est dédié ; ils sont aujourd’hui 475 (sur 1 071). Très attendu depuis les élections, il a fallu là aussi l’adapter. Trois webinaires ont ainsi été organisés entre février et mars. Un choix payant puisque trois nouveaux administrateurs sur quatre ont suivi au moins un webinaire, et la moitié d’entre eux ont participé à l’intégralité. Trois thèmes étaient abordés : la protection sociale, la gouvernance mutualiste et les dossiers d’actualité, comme la convention d’objectifs et de gestion. L’ensemble des interventions et supports sont disponibles dans la rubrique « Actualités et enjeux du mandat », et sont accessibles à tous les délégués.

« Pour moi c’est un peu l’inconnu, je n’avais aucune connaissance de tout ce que fait la MSA !, avoue Véronique Bessonnat, retraitée et nouvelle administratrice de la MSA Ain-Rhône. Ça fait beaucoup d’informations, j’en remplis des cahiers entiers, c’est impressionnant ! Ça ne me décourage pas pour autant, je suis curieuse et très étonnée d’en apprendre autant. Aujourd’hui, je vois l’envers du décor et je prends conscience de l’importance de la MSA. Et même si pour le moment on a les ailes coupées, je suis épatée par ces élus et tout ce qu’ils mettent en place. » Cette ancienne assistante de direction attend impatiemment de passer à la pratique, comme tous ses collègues. Ces nouveaux ateliers et cette période contrainte auront eu l’avantage d’élargir les possibilités, d’agrémenter les réflexions et de montrer toute la capacité d’adaptation du réseau.

« Si on s’occupe bien de nos élus, ils s’impliquent. »

Philippe Moinard, président de la commission d’action mutualiste
© Franck Beloncle/CCMSA Images

Le e-learning permet de toucher beaucoup plus de monde, même si on n’imaginait pas que ça prendrait une telle ampleur. Avec 43 % de nouveaux délégués, le besoin de formation est là. Cette nouvelle forme d’animation permet d’être encore plus qualifiant, performant, et de se connecter à un créneau horaire de son choix, sans avoir à faire 6 heures de trajet. Il faudra bien sûr compléter avec du temps en présentiel, les relations humaines nous manquent pour continuer à échanger, préciser certains points, poser des questions… La visio a cet écueil de ne pas pouvoir porter une attention plus soutenue à ceux qui ont des besoins spécifiques et peuvent se sentir isolés. Mais la forte mobilisation aux webinaires montre que si on s’occupe bien de nos élus, ils s’impliquent.

Philippe Moinard, président de la commission d’action mutualiste de la CCMSA

Lever les freins face aux nouveaux outils

La MSA Côtes Normandes compte 356 délégués, dont 30 % de nouveaux. En cette période de diète d’actions collectives, l’équipe du département Action sociale et territoires a pu consacrer plus de temps à ses élus, notamment pour les former individuellement à Teams par téléphone. Résultat : une meilleure participation aux réunions d’échelons locaux en visio qu’en présentiel.

« Nous avons aussi offert des caméras à ceux qui en avaient besoin, explique Dominique Mahieu, la responsable. Nos animateurs ont entièrement revu leur façon de faire. Formats plus courts, gestion et animation des outils… Ce qui existe pour le présentiel ne peut pas se transposer comme ça. On a aussi investi les administrateurs pour être modérateurs des groupes, donner la parole, rebondir. » Objectif : ne pas décrocher derrière son écran. « Avec des travaux en sous-groupes de 5-6 personnes, tout le monde se voit, plus besoin de lever la main, de couper les micros, ajoute Nelly Daoudal, sous-directrice en charge de l’action sanitaire et sociale et des relations extérieures. Ça change les interactions. C’est un investissement mais quand on les accompagne, même ceux qui pouvaient sembler éloignés de tous ces outils s’y mettent. On a réussi à lever les freins sur les aspects négatifs qu’ils pouvaient y voir. »

Des pratiques qui font mouche et inspirent, comme ce temps d’échange sur une législation instauré une fois par mois à la MSA des Charentes, que l’équipe normande souhaite reprendre. Un groupe d’élus réfléchit par ailleurs à une action dématérialisée sur les effets positifs de la crise. S’informer, se former…. puis enfin se retrouver. Pour Nelly Daoudal, « c’est là que le présentiel retrouvera tout son sens : la discussion, les actions locales, la convivialité, l’essence même de l’échelon local. »

Illustrations : © My-Serious-Game