Profession : médecin de campagne d’avant les scanners et les imagerie par résonance magnétique (IRM). Brigitte Boivin-Dreyfus, 82 ans, exerce son métier à Lamotte-Beuvron, dans le Loir-et-Cher où elle s’installe en 1971, un an après l’obtention de son diplôme à Paris.

Petite dernière d’une famille de trois filles, elle fait partie des rares jeunes femmes qui se sont lancées dans cette voie. Les familles dans ces années-là rechignent à laisser leur fille prendre un travail. « À l’époque, il fallait se marier, avoir des enfants et travailler si besoin. »

Elle se marie, a des enfants et exerce le métier de ses rêves, à la campagne bien sûr, car la ville, trop bruyante, c’est très peu pour elle. En 1978, son mari trouve la mort dans un tragique accident de la route. Veuve à 36 ans, elle a le courage et la force d’élever seule ses trois fils âgés alors de 7, 8 et 12 ans.

La médecine de campagne qu’exerce Brigitte Boivin-Dreyfus, 82 ans, est celle qui ne connaissait pas encore l’époque du Samu, des diététiciennes, des sages-femmes ou encore des IRM et scanners.
La médecine de campagne qu’exerce Brigitte Boivin-Dreyfus, 82 ans, est celle qui ne connaissait pas encore l’époque du Samu, des diététiciennes, des sages-femmes ou encore des IRM et scanners.

« Ne partez pas »

Médecin généraliste à une époque où le service d’aide médicale urgente assurée par le Samu n’existe pas encore et où avaler des kilomètres pour se rendre au domicile des malades est courant, elle tisse des liens forts avec ses patients qu’elle connaît sur plusieurs générations.

« J’en ai vu certains naître, je leur ai administré leurs vaccins, je leur ai prescrit la pilule. J’ai accompagné beaucoup de femmes pendant toute la durée de leur grossesse. Maintenant, une sage-femme exerce à proximité et peut s’en occuper. En plus, les grossesses sont suivies à l’hôpital. Je n’ai plus que de très vieux patients. »

Dates clés

  • 1942 Naissance dans l’Oise
  • 1970 Obtention du diplôme de docteur en médecine à Paris
  • 1971 Installation à Lamotte-Beuvron
  • 2022 Remise de l’insigne de chevalier de l’ordre national du Mérite

Elle n’a plus que 200 patients. C’est pour eux qu’elle ne raccroche pas le stéthoscope. « Je ne veux pas les laisser tomber. D’ailleurs, ils me disent tous : surtout, ne partez pas. »

Elle ne prend plus de nouveaux patients sauf en cas d’urgence et n’ouvre son cabinet que 4 heures par jour. Son temps libre, elle le consacre entre autres au plaisir d’apprendre de nouvelles langues ou à des séances d’aquagym stimulantes et agréables à Orléans, à 37 kilomètres de route.

Maman au travail

Si longtemps elle a travaillé jusqu’à 23 heures, elle n’a jamais sacrifié son rôle de mère. Le cabinet médical est installé au cœur de sa maison, ce qui lui a permis de ne pas quitter des yeux ses garçons qu’elle a vu grandir jusqu’à leur autonomie.

« En mêlant ici ma vie et mon travail, je ne les perdais pas de vue. Je les retrouvais à midi. Je les entendais jouer. J’intervenais quand ça criait. » C’est tout le privilège de donner des consultations chez soi.

Anecdotes sur ordonnance

Brigitte a tout plein d’anecdotes dans sa trousse de médecin. Elle en
partage quelques-unes. « Je me souviens d’une jeune fille qui
venait pour la première fois pour se faire prescrire la pilule.
Je lui ai demandé de s’allonger en lui montrant la table
d’examen. Elle a choisi de se coucher par terre. J’ai trouvé
ça curieux. » L’autre souvenir est lié aux accouchements.
« J’en ai improvisé dix dans mon cabinet. Il a fallu agir vite. »