« Il y a une quinzaine d’années, on m’a proposé de me présenter comme déléguée remplaçante sur une liste pour représenter les chefs d’exploitation employeurs de main d’œuvre. » Dans la commune où habite Françoise David-Testud, maraîchère à Saint-Astier en Dordogne, ils se font rares. Les ressortissants de la MSA en activité aussi. Le coin est plutôt isolé. C’est ce qui plaît tant à Françoise d’ailleurs. Non pas l’isolement en lui-même mais l’immersion en pleine nature.

« Mon grand-père et mon père étaient maraîchers à Périgueux. J’ai grandi dans un jardin qui n’était ni tout à fait en ville, ni tout à fait à la campagne. Deux fois par semaine, nous allions à la ville vendre nos légumes sur le marché. J’en ai de très bons souvenirs. Mais le terrain était petit, mon père s’est donc éloigné de la ville et a acheté à Saint-Astier. Pour moi, cela a été une redécouverte. La nature partout autour de nous, les vaches, la vie au grand air… »

Déléguée et maraîchère

Son brevet agricole en poche, Françoise cherche sa voie. Un temps aide familiale, elle sait qu’elle ne le sera pas toute sa vie. « Ce qui me fait vibrer, c’est la campagne, ses paysages. » Il y a du travail sur l’exploitation : « Je me suis installée avec mon père et nous avons continué à faire du maraîchage. » Elle a poursuivi jusqu’à la retraite, il y a tout juste un an. Entre les deux, elle a consacré la plus grande partie de son temps à son métier. « Ce n’est pas évident de se dégager du temps, concède-t-elle. Dans le maraîchage, pour gagner sa vie il faut travailler tous les jours, toute l’année. Heureusement, je n’étais que déléguée suppléante et la personne en poste était active car je n’ai pas pu m’investir dans les actions de la MSA autant que je l’aurais souhaité. »

Mais ça, c’était avant. Il y a un an, Stéphane Dumont, animateur de l’échelon local à la MSA Dordogne, Lot et Garonne, frappe à sa porte. « Il coordonne les actions dans le département, explique Françoise. Stéphane m’a demandé si j’avais des idées pour valoriser les actions de la MSA. Je venais juste de céder mon exploitation. J’avais enfin un peu de temps de libre. » La déléguée va alors organiser une rencontre autour de la citrouille, un légume ludique, avec des élèves de l’école primaire toute proche. Si le but de cette action est de faire découvrir le travail des agriculteurs du champ à l’assiette, elle permet également à Françoise d’accompagner et de faire connaître son jeune repreneur de 33 ans, Kevin Berthelot.

Passage de relais

En juin dernier, les élèves de CP ont semé les graines sur le terrain de l’exploitation et Kévin s’en est occupé durant l’été. Fin septembre, environ 150 citrouilles ont été récoltées pour ensuite concocter des ateliers cuisine, des dessins, un travail pédagogique et éditer un livret de recettes dont les bénéfices de la vente permettront de financer de futures sorties ou activités. « Après les vacances de La Toussaint, nous avons fini par une journée de restitution de l’ensemble de l’action avec les élèves, les instituteurs, les parents et tous les participants, relate Françoise. Pour l’occasion, les maîtresses avaient fait de la soupe à la citrouille. Il a fait très beau, c’était très convivial. Ça a permis à des gens qui n’en ont pas l’habitude de faire des rencontres, d’avoir des échanges. Cela crée une émulation. »

Grâce à la citrouille, une dynamique s’est créée. « Les instituteurs sont partants pour remettre ça avec un autre légume. Les gens ont apprécié cette initiative. Et si ça peut donner envie à d’autres personnes de s’engager, faire connaître la MSA et prouver que l’on est encore vivant même si nous sommes une espèce en voie de disparition, moi aussi, je suis partante », conclut la déléguée.

On se dit presque tout…

Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Ils se sont accomplis finalement. Quand j’étais gamine, j’étais sans arrêt dans le jardin de mon papa à jardiner, des cabanes, à utiliser ses outils. J’ai toujours rêvé de vivre dehors, de travailler la terre. Ça coulait de source. Je ne me voyais pas faire autre chose.

Vos passions, hobbies ?
Le jardinage est une passion… dévorante. Il n’y a plus trop de place pour le reste, mais j’aime bien cuisiner. J’aimerais faire des travaux manuels, de l’activité physique, m’intéresser aux plantes lors de promenades botaniques ou aux oiseaux mais je n’ai jamais eu le temps. Maintenant que je suis à la retraite, je découvre certaines choses.