Comment avez-vous croisé la route de la MSA ?
Après des études en sciences économiques à Toulouse, je suis finalement revenue sur l’exploitation de mes parents, que ma mère a géré seule après le décès de mon père dans un accident de tracteur quand j’avais 13 ans. Je me suis installée en tant qu’exploitante en 2003.
En 2005, on m’a sollicitée pour être déléguée MSA. J’ai fait un premier mandat sans trop de conviction, je pensais même arrêter en 2010. Finalement, je me suis représentée et suis entrée au conseil d’administration. Puis en 2015, j’ai été élue présidente déléguée pour l’Aveyron.
Quel est le rôle d’une présidente déléguée ?
Le territoire de la MSA Midi-Pyrénées Nord est vaste. Il compte quatre départements : l’Aveyron, le Tarn, le Tarn et Garonne et le Lot. Le président vivant dans le Tarn, il y a un président délégué dans chaque autre département.
Dans la plupart des MSA, les délégués sont organisés en comités départementaux. En 2015, nous avons imaginé une nouvelle répartition et créé des comités territoriaux basés sur les bassins de vie. On en compte 26, dont 10 en Aveyron, avec chacun un bureau composé d’un président, un vice-président et quatre autres membres, en lien avec un administrateur référent vivant sur le territoire. Enfin, tous les 26 présidents ou vice-présidents font partie de la commission de la vie mutualiste crée en début 2016, dont je suis la présidente. Le redécoupage des cantons nous pose problème car il ne correspond en rien à nos bassins de vie, peu peuplés. Un délégué pourrait être élu sur un nouveau canton alors que son bassin de vie se situe de l’autre côté de la vallée.
Mon rôle de présidente déléguée est de porter la politique du conseil auprès des adhérents et, comme tous les élus, le plus important, de faire remonter leurs besoins, d’être relais entre la population agricole et la MSA et de lancer des actions pour dynamiser les territoires.
Quel genre d’actions avez-vous mené ?
Une centaine d’actions ont été initiées par les élus sur tout le territoire MSA. Par exemple, des conférences sur la maladie de Lyme, le poumon fermier, être parents d’ados, comment se préparer au passage à la retraite, apprivoiser le vieillissement, de la formation au secourisme… Un gros travail sur les attaques du loup et leurs impacts psychologiques sur les éleveurs a également été mené dans le sud Aveyron. Des journées découverte à la ferme ont permis de sensibiliser le public, avec des exploitants victimes d’attaques.
Sur mon territoire, nous avons notamment organisé à Coubisou une soirée projection-débat autour du documentaire « Une jeunesse en Aveyron », réalisé par Philippe Meyer et Nelson Castro. Quatre jeunes qui ont fait le choix de s’installer professionnellement sur le nord Aveyron sont venus témoigner. L’objectif était d’apporter une vision positive de la vie en du milieu rural, où l’on se sent oubliés. Une centaine de personnes sont venues.
On peut dire que vous avez évolué en même temps que la MSA ?
C’est sûr. Aujourd’hui, j’ai cinq enfants, dont deux jumelles de 3 ans et demi, nous élevons 50 vaches de race limousine sur 70 ha en zone de montagne, 25 % de notre production est en vente directe et nous allons nous agrandir et passer en bio. Tout cela nécessite une bonne organisation entre la vie familiale, l’exploitation et la MSA. Je suis également investie dans ma municipalité. Heureusement, mon époux m’a rejoint sur l’exploitation en 2017. C’est important d’arriver à trouver un équilibre dans cet engagement, même si parfois c’est compliqué. Il faut être vigilant.
Quant à la MSA, nous devons encore travailler son image, la faire connaître, sans cesse. Certains agriculteurs ne savent même pas que nous avons un service d’action sociale. Le rôle du délégué est assez compliqué à cerner, et a besoin d’être accompagné, mais c’est aussi grâce à ses actions sur le terrain qu’on y arrivera, et qu’on préservera notre système.